Cliquez en haut à droite de la première photo afin de visualiser les autres.
Après le décès du propriétaire, Michel Korber, en 2015, l'exceptionnelle collection bibelots et oeuvres d'art du XVIIIe siècle sera mise en vente ce samedi 26 novembre à Bordeaux.
"L’esprit du XVIIIème siècle
Au coeur de Bordeaux, le Petit Hôtel Labottière, intégralement classé Monument Historique, est un témoin précieux de l’art de vivre au XVIIIème siècle. Ce bijou d’architecture a été édifié par l’architecte François Lhote (Bordeaux 1743-Paris 1808) entre 1784 et 1786 pour Etienne Labottière (1739-1803), fils d’imprimeur et riche bourgeois célibataire bordelais. Architecte instruit et apprécié de la bourgeoisie bordelaise, François Lhote participa notamment au concours pour le Grand-Théâtre de la ville au cours duquel il fut en concurrence avec Victor Louis (1731-1800). C’est à la même époque qu’il dessina et édifia pour Etienne Labottière cet Hôtel Particulier, précisément dans le cadre de la promotion immobilière décidée par les Jurats de Bordeaux en 1783 du lotissement du Jardin des Plantes. C’est dans cet écrin, véritable manifeste de l’architecture néoclassique, qu’a été préservée et enrichie par Monsieur et Madame Michel Korber, et par leur fils Daniel, la présente collection de tableaux, mobilier et objets d’art du XVIIIème siècle. Le contenu de ce catalogue dévoile donc un style de vie, l’incarnation non ostentatoire du goût au XVIIIème siècle, grâce à la volonté et à la passion sans faille de cette famille bordelaise pour l’art français du Siècle des Lumières. La dispersion de cette collection du Petit Hôtel Labottière, certainement l’une des plus belles et intéressantes de Bordeaux, traduit la volonté de transmission à tous les amateurs et collectionneurs d’art, d’une famille qui a su protéger et mettre en valeur ce lieu unique. Cette vente aux enchères a un caractère exceptionnel et révèle l’harmonie de ce trésor caché du XVIIIème siècle, âge d’or de Bordeaux."
Antoine Briscadieu, commissaire priseur
La collection du Petit Hôtel Labottière. Parmi les très nombreux lots :
- Une toile de l’école allemande (1780), suiveur de Christian Berentz avec son cadre en bois doré XVIIIème. 6 000/8 000 €
- Une grande cage à oiseaux en bronze doré à l’imitation du bambou et verre gravé, sur une base en bois et panneau de laque fond rouge. (le piétement d’époque postérieure). Attribuée à la maison Alphonse Giroux. Haut.: 92 cm, Larg.: 96 cm, Prof.: 62 cm.
2 000/3 000 €
On connaît plusieurs objets réalisés par la maison Alphonse Giroux en bronze doré à l’imitation du bambou, citons à cet égard une table circulaire et une paire d’étagères d’encoignure vendues chez Piasa le 9 décembre 2015, une autre table de l’ancienne collection King (illustrée dans Le XIXème siècle français, Paris, 1957, p.51), une autre encore faisait partie de l'ancienne collection Bergé Saint Laurent.
- Groupe en Biscuit : La chasse au loup de Sèvres, XXème siècle, le socle daté 1926. 800/1 200 €
Le 3 novembre 1846, le secrétariat des commandes du duc d’Aumale faisait savoir au directeur de la manufacture de Sèvres que le prince avait l’intention de venir le lendemain à Sèvres “pour y choisir le dessin du service de dessert que le Roi a bien voulu accorder à Son Altesse Royale”. Une note du 4 novembre 1846 détaille les pièces du “surtout de table commandé par S.A.R. Mgr le duc d’Aumale”: à cette date il comprend un groupe de chasse au cerf, un de chasse au loup, un de chasse au sanglier, deux figures de Piqueur au cor, deux de Piqueur au fusil, et deux groupes de Valets de chiens n°1 et n°2. L’ensemble fut livré à Chantilly le 10 mai et est toujours actuellement conservé dans l’office au Château de Chantilly. Le surtout des chasses, dont la composition pouvait varier, a continué d’être produit à la manufacture de Sèvres.
- Un cartel d’applique en marqueterie d’écaille brune et laiton grave le cadran à cartouches de chiffres romains émaillés bleu surmontant une figure de Danaé flanquée de bustes de femmes, la console à têtes de bélier ,l’amortissement orné d’une figure d’amour (avec un petit manque); le mouvement signé de Gouchon. Attribué à Charles Cressent. Epoque Louis XV. 8 000/10 000 €
Charles Cressent déclina probablement le modèle de cartel à Danaé avec ou sans console d’applique dès l’origine. On ne répertorie que deux autres exemplaires reposant sur une console à têtes de bélier, le premier est aujourd’hui conservé au musée des Arts décoratifs à Paris (inv. 3889), le second a été vendu à Londres chez Christie’s le 5 juillet 1979, lot 27.
- Ref. Bibliographique: Pradère, Charles Cressent, Dijon, 2003
- Calvaire en ivoire et bronze doré. La base figurant des rochers en bois teinté supportant la figure de Sainte Marie-Madeleine accompagnée d’un enfant, avec un dragon tenant une pomme, le christ en ivoire cloué sur une croix en palmier (refaite, ainsi que l’auréole, le titulus crucis et la tête de mort). Probablement Allemagne du sud XVIIIème siècle.
10 000/15 000 €
- Tableau d’Otto Van Veen dit Veanuis (1556-1629) Allégorie à la gloire d’Alexandre Farnèse. 30 000/40 000 €
Nous rapprochons cette importante toile des six allégories du Triomphe de l'Eglise d'Otto van Veen conservées à la Staatsgalerie de la Nouvelle Résidence de Bamberg. On y retrouve les mêmes paysages clairs largement ouverts, la même façon de feuiller les ramures des arbres, les mêmes types de personnages féminins, des angelots semblables, une gamme colorée identique. Nous proposons d'identifier le personnage au centre de la composition avec Alexandre Farnèse (1545 - 1592). Petit-fils de Charles-Quint, grand militaire, il est l'un des vainqueurs de la bataille de Lépante qui semble être évoquée au second plan. Il est ensuite envoyé à Bruxelles comme Gouverneur de Pays-Bas en 1578. La composition parait lui rendre un hommage posthume.
Au sol, l'inscription Inveni Portet Spes et Fortuna valette ... " est un épitaphe grec, puis romain, qui signifie : j’ai finalement trouvé mon port, espérance et fortune, adieu à jamais".
En haut, à droite, des angelots portent le sceptre, la couronne, la palme des héros, la cuirasse et un casque. En dessous, la Paix tend un rameau et, à ses côtés, la Prospérité tient la corne d'abondance remplie de fruits et de blés et le gouvernail du bon gouvernement; elle piétine les armes de la guerre. A gauche du tableau, nous sommes aux Champs-Elysées, le lieu mythologique où se repose les héros vertueux après leur mort (sur la pierre, il y a écrit "Quies", le repos). On découvre plusieurs figures antiques qui se sont illustrées comme stratèges militaires ou comme gouverneur, les deux caractéristiques de notre personnage : Dioclétien, Scipion l'Africain, Caton, Périclès, et Charles- Quint, en Empereur du saint-Empire, coiffé de la couronne de Charlemagne. Ils entourent l'allégorie de l'Equité, reconnaissable à son fil à plomb, et qui s'est endormie. Otto van Veen a été le peintre officiel d'Alexandre Farnèse à Bruxelles et ensuite, lorsqu'il s'installa à Anvers, il a reçu de nombreuses commandes du nouveau gouverneur des Pays-Bas, Ernest de Bavière. Ce tableau est probablement l'une d'elles.
samedi 26 novembre à 14h30
Hôtel des ventes Bordeaux Sainte - Croix
12-14, rue Peyronnet - 33800 Bordeaux
T : 33 (0)5 56 31 32 33