0
Histoire
Le train de La Rhune, dernier vestige des tramways du Pays Basque
Le train de La Rhune, dernier vestige des tramways du Pays Basque
© Lehen Eukal Herria

| Alexandre de La Cerda 684 mots

Le train de La Rhune, dernier vestige des tramways du Pays Basque

Par beau temps, une belle ballade sur les pentes de la Rhune s’impose, pourquoi pas en petit train, d’autant plus que celui-ci reprend du service ce dimanche 17 mars (voyez l’article de Manex Barace).

Mais on ignore souvent que ce petit train constitue le dernier vestige d’un réseau de tramways autrefois très développé…

L’histoire commence en 1873 : l’ancien gouverneur du domaine impérial de Biarritz, Etienne Ardoin - qui avait sauvé la Chapelle d’Eugénie lors de la chute du II Empire -, demanda une concession pour construire un chemin de fer Bayonne-Biarritz en site propre (suivant en grande partie la voie express actuelle du BAB) dont le décret d'utilité publique sera signé par le Maréchal de Mac-Mahon. Une grande fête animée par la musique du 49e marqua son inauguration en juin 1877, en présence d’innombrables curieux.
Deux ans plus tard, ce sera au tour du Baron Empain de déposer un projet de tramway Bayonne - Lycée - Biarritz (le BLB) le long de la Route Nationale 10. Une décennie de luttes juridiques permit finalement au nouveau BLB de rallier le Café des Colonnes à Biarritz en février 1885, signant l'arrêt de mort, à court terme, des omnibus hippomobiles. Les protestations ne manquèrent pas concernant une voie ferrée qui réduisait d'un tiers la largeur de la route, la longueur des trains - cinq voitures -, leur vitesse « excessive », le trajet s'effectuant en 35 minutes. Et, surtout le bruit des locomotives qui « gênait les équipages des étrangers qui font la fortune de notre cité ». Ce qui n’empêchera pas, pendant plus de trente ans, les rames du BAB et du BLB de cracher leurs escarbilles de charbon, parfois à la face des voyageurs, jusqu’au passage à la traction électrique, entre 1914 et 1922.

Une troisième ligne reliera en 1917 Bayonne à Biarritz par les Allées Marines, la Barre, Chiberta et le Phare. Exploitée par les Voies Ferrées Départementales du Midi (VFDM), son itinéraire suivait la côte jusqu'à Hendaye et la frontière via Saint-Jean-de-Luz, d’où un embranchement se détachera à partir de1923 vers Sare et le sommet de la Rhune avec crémaillère. De cette ligne subsiste encore aujourd'hui le célèbre « petit train de La Rhune ».

Depuis sa mise en service le 30 juin 1924, rien n'a changé dans son aspect comme dans son fonctionnement. La superstructure des voitures, refaite périodiquement dans les mêmes essences d'arbre qu'à l'origine : la toiture en sapin des Pyrénées, le plancher en pin des Landes, le lambris en chêne de l'Ariège et la plate-forme en iroco, bois exotique africain réputé imputrescible. Quant aux locomotives, ce sont toujours les « Brown Boveri » avec leurs deux moteurs asynchrones triphasés de 160 chevaux qui assurent la traction du train à 8 km/h, avec un système original de récupération d'énergie sur le réseau lors de la descente et un freinage de sécurité qui se déclenche au-delà de 10 km/h.

Les betizu « sacrifiés »

Les touristes qui essaient d'apercevoir du train les gentils pottoks qui peuplent les pentes de la Rhune ignorent généralement que la construction de la ligne a entraîné un véritable carnage parmi d'autres occupants « millénaires » de ces contrées, délibérément sacrifiés à une supposée tranquillité des excursionnistes : les « betizu » !

Sous de nombreux prétextes - la sécurité des ouvriers qui posaient les rails, la préservation de l'écorce des arbres dont ils auraient fait leurs délices, etc. - ces pauvres bovidés sauvages errant en liberté comme les pottoks ont été littéralement décimés ; il n'en reste que très peu du côté de Biriatou, d'Espelette et quelques centaines en Pays Basque Sud, principalement en Navarre, vers Aoiz, Goizueta et Etcharri-Aranaz...

Or ces supposés ancêtres de la fameuse « Blonde des Pyrénées » descendent eux-mêmes des fameux « taureaux rouges » que l'on chassait dans les Pyrénées au Moyen-âge. Encore de nos jours, leur état sauvage les rend rétifs à toute approche humaine. De robe rougeâtre, ils se nourrissent de touyas et de fougères. Contrairement aux autres vaches, le betizu marche sur la pointe des ongles, répand sur les chemins une odeur qui lui permet de s'orienter et possède au niveau du cou des glandes qui lui font reconnaître ses congénères.

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription