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Patrimoine
Le tour du monde de Manex en 30 jours (IV)
Le tour du monde de Manex en 30 jours (IV)
© Col. Manex Barace

| Manex Barace 1940 mots

Le tour du monde de Manex en 30 jours (IV)

Manex Barace poursuit son carnet d’un voyage autour du monde, du 25 mars au 23 avril 2018 : de Sydney à l’île de Pâques.

Mardi 10 avril 2018.
Lever matinal (toujours et encore, c’est reposant les vacances !) pour quitter le Pensione Hotel à 8 heures. A pieds, vers la station de Town Hall (parcours repérée la veille). Rapide et bien meilleur marché que le taxi, plus facile aussi, il faut descendre à la station International Airport. Terminal international, où chacun est « invité » à s’auto-enregistrer et déposer soi-même sa valise au bon comptoir ! Progrès ou régression ? 9 heures. C’est fait. Cela permet de tourner en rond en attendant l’heure de l’embarquement du vol Qantas 27 pour Santiago. Porte d’embarquement modifiée, annonce d’un retard au départ de + ou – 40 minutes. Le roulage du Boeing 747 débutera à 12h35 au lieu de 11h45. Le survol de l’océan Pacifique durera, annonce le commandant de bord, « environ 11 heures 40 minutes et 15 secondes » ! Rire général dans la cabine. Finalement 12 heures de vol, passées à visionner plusieurs épisodes des aventures de l’inspecteur Maigret (avec Rowan Atkinson ? alias Mister Bean dans le rôle principal) et à manger (et boire) et très peu dormir. Atterrissage à Santiago après 12 heures de vol. Pas besoin de modifier l’heure sur la montre, mais le jour, oui, car quelque part au-dessus du Pacifique, entre l’Australie et le Chili, a été franchie la ligne internationale.

Cela est écrit dans tous les guides de voyage et répété dans l’avion, les autorités chiliennes sont très strictes sur les normes sanitaires et phytosanitaires : pas d’importation de produits issus de l’agroalimentaire, plantes et fleurs comprises. Même le miel étranger est suspect ! Après récupération des bagages et durant l’attente pour le passage en douane, de nombreux chiens se promènent avec leurs maitres et s’attardent devant de nombreux voyageurs. Leurs bagages sont immédiatement entourés de ruban adhésif et seront sans aucun doute l’objet d’une fouille méticuleuse…

Comme suggéré par courriel pour rejoindre l’hôtel Fundador, achat d’un siège dans une navette qui dépose les voyageurs à leur point de destination. Plus ou moins regroupés par quartier car il me semble passer et repasser plusieurs fois dans certaines rues. Prix du voyage sans surprise car le billet est payé d’avance à l’aéroport (6900 Pesos Chiliens). Un peu long pour celui ou celle qui descend le dernier ou la dernière. Et devinez qui c’est ? Au Chili il faut commencer à s’habituer à une autre devise, ici avec beaucoup de 0 (comme autrefois, avec les Lires italiennes).

Un peu de repos à l’hôtel. 4 étoiles pour les parties communes, d’accord, mais pas forcément pour les chambres, du moins la mienne, pas très spacieuse et dont la décoration donne l’impression qu’elle est en cours de rénovation. Petite sortie en ville tout de même pour découvrir rapidement quelques lieux chargés d’histoire : palais de la Moneda, cathédrale sur la plaza de Armas et ses nombreux carabineros de Chile à pieds, à cheval, à moto, en voiture. Auxquels il convient d’ajouter la police et les agents de sécurité privée… Intéressante est la visite de la cathédrale, imposante mais sombre. Deux autres églises sur le chemin du retour à l’hôtel. Pas très emballé par l’ambiance ni trop envie de ressortir pour dîner en ville. Une bouteille de Chardonnay pétillant reçue « en plus » lors du dernier repas dans l’avion et quelques biscuits provenant des en-cas et autres collations constitueront un excellent somnifère naturel. Couché tôt (encore) car mon réveil est programmé à 2h45 du matin en prévision du prochain vol (matinal) pour l’île de Pâques. Le chauffeur d’hier passera à 4 heures pour me conduire à l’aéroport. Mais pas pour le même prix ! Cela sera 25.000 Pesos chiliens, car il s’agit d’un transport privé direct… Je n’ai guère le choix. Pourvu qu’il tienne parole et soit à l’heure…

Mercredi 11 avril 2018.

En guise de petit déjeuner buffet, plusieurs tasses de Nescafé (publicité gratuite) et 8 croissants engloutis à 3h30 dans l’attente du taxi. Et s’il faisait faux bond ? Il arrive ponctuel. Trajet rapide en cette fin de nuit, à peine 25 minutes. J’aurais pu essayer de dormir une demi-heure de plus si j’avais su… Le temps de passer au bureau pour régler la course (les chauffeurs de cette compagnie ne manipulent pas d’argent), à 4h30 je peux commencer à faire la queue pour m’enregistrer sur le vol 843 de la compagnie LATAM (fusion des anciennes LAN Chile et TAM), Santiago de Chile – Isla de Pascua. Le décollage initialement prévu à 6h30 sera un peu retardé (ce ne sont pas quelques dizaines de minutes de retard en plus qui vont m’avancer !). Après 5h55 de vol, le Boeing 777 atterrit sur la piste de Rapa Nui à 9h55 (heure locale). Petite frayeur, ma valise apparaît la dernière (encore) sur le tapis. Question de gabarit ou de poids ? Tout va bien. Après récupération des bagages, les voyageurs non Chiliens sont invités à s’acquitter d’un droit de visite de 54.000 Pesos chiliens (un peu moins de 60 Dollars US), la plus grande partie de la petite superficie de l’île étant classée parc naturel. Ce dont je m’acquitte. Any, ma logeuse, attend à l’extérieur de l’aéroport en brandissant une feuille de papier au nom d’un certain Jean Barace et le traditionnel collier de fleurs…

Pas d’air conditionné dans ma (modeste) chambre. Dommage car il y fait encore plus chaud qu’à l’extérieur mais les mouches en moins. Je m’octroie deux heures de sieste pour récupérer un peu de la courte nuit sur le continent, avant une première visite au site d’Ana Kai Tangata (grotte malheureusement interdite d’accès suite à des éboulements) situé presque en face de ma maison (pour une semaine), officiellement dénommé Oreko Suites et Restaurant, laquelle est éloignée du village de Hanga Roa de 1,7 km selon Google. Un trajet que j’aurai l’occasion de connaître par cœur, dès cette après-midi, à la recherche de renseignements sur la meilleure façon de redécouvrir l’île en profondeur (j’y suis déjà venu en 1978). Bien entendu, l’office du tourisme officiel était déjà fermé… Retour à Mataveri (c’est le nom du quartier excentré) à l’heure du coucher du soleil, caché derrière une lourde barrière de nuages. Le petit déjeuner est compris dans le prix payé, mais pas les repas. Curieusement, l’addition sera à chaque fois très différente (quoique raisonnable en traduisant en euros pour ne pas être effrayé par les 0000). Une explication est dans la nature des éléments des plats : à part le poisson pêché sur place et le Coca Cola (il n’y a pas de cours d’eau ni de lacs sur l’île, mais il y a une usine de la marque!) et quelques fruits et légumes, tout vient du continent… Ainsi ce soir, barracuda à la plancha, papas fritas et salade, ainsi qu’un verre de vin blanc pour 15.500 Pesos Chiliens (environ 20 euros). 22 heures. J’espère que la musique (percussions) dans le voisinage ne durera pas jusqu’à l’aube…

Jeudi 12 avril 2018.

Les coqs du quartier sont matinaux : premiers cocoricos dès 3h30 ! Mais rendormi jusqu’à 9 heures. Vite, ne pas manquer le petit déjeuner (pour une fois qu’il est inclus). Leko, le chien de la maison et les coqs et poules sont ici chez eux, y compris à la cuisine. Bientôt 11 heures. En route par le sentier balisé qui démarre à proximité de la maison et grimpe, parfois de belle façon, jusqu’au cratère du volcan Rano Kau et à l’ancien village d’Orongo. Le Rano Kau est l’ultime réserve naturelle protégée de l’île. Extraordinaire vision de cette nature vierge et préservée dans le cratère du volcan adossé à l’océan. A quelques centaines de mètres sur la crête, face à trois minuscules îlots rocheux, le site d’Orongo où chaque année au mois de juillet se déroulait la cérémonie pour désigner le Tangata Manu, l’Homme Oiseau qui dirigerait la communauté jusqu’à l’année suivante.

Sur le retour, je hèle un véhicule occupé par une seule personne. Bikain ! Il accepte de m’avancer un peu « afin d’économiser mes vieilles jambes ». Il est Italien, ingénieur dans une multinationale implantée au Chili et travaille en Amérique du Sud depuis plusieurs années. Dès qu’il a quelques jours de libres, il voyage pour découvrir le continent. Il est venu à l’île de Pâques juste pour le week-end ! D’Orongo il va traverser l’île pour aller à la plage d’Anakena. Il accepte de passer par le site de Vinapu, un ahu dont l’assemblage des pierres rappelle les constructions andines de Cuzco ou du Machu Pichu, qu’il connaît. Au retour il me dépose à l’entrée d’Hanga Roa, achète une bouteille d’eau et repart dans la direction opposée… Anakena est la seule plage de sable de l’île, lieu du débarquement officiel des premiers occupants venus de Polynésie et/ou des côtes sud-américaines selon la théorie de l’ethnologue Thor Heyerdahl (expédition Kon-Tiki).

Pour ma part, traversée du village sous un soleil plombé jusqu’à l’ahu Tahai et le musée historique, qui vient de fermer… Pour le retour, balade en suivant la côte, ce qui me permet de découvrir deux petites piscines naturelles dans des criques. A garder en mémoire ! Retour à pieds jusqu’à Mataveri (4 km ?) car deux prix pour une même course de taxi : 1000 Pesos Chiliens pour les isleños et 3000 pour les autres !

Dîner : « lomo a lo pobre ». Ici, le lomo c’est du steak et « a lo pobre » est le nom de la garniture, papas et œuf frit à cheval. Beaucoup plus cher (et moins savoureux) que le poisson de la veille, pourtant servi avec deux garnitures.

Vendredi 13 avril 2018.

Gros orage durant la nuit, vers 3 heures du matin et ce jusqu’à presque 9 heures… Passage à la banque pour changer quelques US Dollars contre des Pesos chiliens, profitant de l’utilitaire Toyota (bien sûr) d’Any qui se rendait en ville. Trajet en moins de 5 minutes contre 40 à pieds. Visite fort intéressante du musée de l’île. Outre moai et ustensiles, panneaux explicatifs fort bien présentés. Où figurent en bonnes places quelques reproductions de dessins réalisés par Pierre Loti (dont j’ai malheureusement perdu les photos, mais ceci est une autre histoire).

Que faire cette après-midi ? La couleur du ciel change souvent, alternant entre limpide ou couvert. Pour voir un maximum de sites dans de bonnes conditions, s’imposent des visites en groupe, via des agences locales, qui proposent à peu près les mêmes excursions. Va pour l’achat d’une « excursión full day » (en espagnol dans le texte, comme les commentaires des guides, 40.000 Pesos chiliens) pour dimanche, une journée qui ne devrait pas être trop maussade (l’automne austral est précoce cette année). De toute façon, pas trop le choix, chez un concurrent c’est « full » pour demain. La météo annonce des rafales de vent et de la pluie pour lundi… Pour cette après-midi, une excursion de demi-journée est faisable avec une autre agence (20.000 Pesos chiliens). Pour l’heure, le temps est chaud, voire suffocant.
Direction le volcan Puna Pau où les isleños sculptaient les pukao, couvre-chef de pierre rouge dont quelques moai sont pourvus ; l’ahu Akivi dont les Moai sont les seuls à sembler scruter l’horizon maritime, contrairement aux centaines d’autres qui sont tournés vers l’intérieur des terres ; Ana Te Peu et la double grotte de Te Pahu ayant servi de réservoir pour conserver l’eau de pluie. Retour tranquille vers l’hôtel, à pieds bien entendu, pour un casse-croûte dans ma chambre. Curieusement, cette nuit comme presque toutes les précédentes depuis le début du périple, au réveil, pas la sensation de repos, de récupération. Toujours des séquences de sommeil alternant avec de longues heures durant lesquelles mon cerveau cogite… Dans une chambre voisine, la construction est à ossature de bois et l’insonorisation laisse à désirer, un ronfleur dort, lui…

Manex Barace

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