Cette année, la mascarade traditionnelle souletine est jouée par les jeunes du village d’Aussurucq. Après les avoir débutées dans leur village, les jeunes Altzürükütar animeront les autres villages de Soule : ce sera le tour de Trois-Villes ce dimanche à partir de 10 heures, la représentation étant donnée à 15 h 30. Le calendrier des représentations, de février à avril, s’établit comme suit : le 23 février à Espès-Undurein ; le 29 février, à Camou ; le 7 mars, à Idaux ; le 14 mars, à Mauléon ; le 21 mars, à Sainte-Engrâce ; le 28 mars, à Alos et Tardets ; le 5 avril, à Larrau ; le 12 avril, à Barcus ; le 19 avril, à Musculdy ; le 26 avril, à Garaibie. En guise d'accueil, une barricade symbolique sera dressée à chaque fois, dès 10h. La mascarade elle-même aura lieu aux alentours de 15h.
Survivance d’un vieux fonds européen, la Mascarade souletine constitue un véritable théâtre populaire. Les cortèges qui parcourent ainsi ces villages sont divisés en deux bandes :
- les « Gorriak » (Rouges) aux costumes à dominante rouge chargés de galons et décorations comprennent le « Txerrero ouvre la danse avec son balai de crin », suivi anciennement (d’après Chaho) du berger armé d’une grande hache et conduisant ses troupeaux, « derrière lesquels trottait l’ours »… Au défilé participe également le Zamalzain, homme-cheval issu peut-être d'anciennes légendes, la « Kantiniersa » à l'habit inspiré de l'époque napoléonienne, le « gatuzain » en costume d'arlequin bariolé, l'« Enseinan » (porte-drapeau d'apparition plus récente) et les « Kukulleruak » ; les « Manixalak » ou maréchaux-ferrants et les « Kestuak» ou hongreurs, qui essaient respectivement de ferrer et de châtrer le Zamalzaiñ. Et les fileurs de lin dont les indispensables draps servaient à ensevelir les morts. Fermant la marche, « Jauna » affublé d’une redingote noire galonnée d'or et d’un haut-de-forme, accompagné de sa femme Anderia, de blanc vêtue.
- Les « Beltzak » ou « Beltzeria », littéralement les « mal habillés de noir », véritable Cour des Miracles ambulante et gesticulante, comprenant les « Buhamiak » aux costumes « taillés dans de vieux rideaux de lit à pompons » et nantis de grands sabres de bois, les Kauterak ou Chaudronniers traînant des chaudrons bosselés et percés, ainsi que « Barbera », le médecin prêt à la saignée, et « Apotikaria », le pharmacien bonimenteur… mais parfois également, pêle-mêle, notaire, ramoneur, mendiants…
Le compositeur Maurice Ravel fut il sensible lors d’une excursion à Mauléon aux couleurs et aux rythmes de ce véritable « rituel » du pays de Soule, au point d’en intégrer quelque « réminiscence » dans l’une de ses œuvres majeures ? Remarquablement perceptible dans l’enregistrement historique de 1932 lorsqu’il dirigeait l’orchestre avec Marguerite Long au piano, n’est-ce pas le coup du balai de crin du « Txerrero » qui ouvre son « Concerto en sol » sur ce rythme aigu, vif et précis que le compositeur saisissait – et admirait – dans la danse basque ?
Une antique tradition européenne dont le héros est l’ours
Pour le grand spécialiste des carnavals qu’est Thierry Truffaut, les empreintes cultuelles, culturelles et festives de l’ours sont nombreuses dans nos contrées, de la préhistoire à nos jours. Car, même s’il en reste peu dans nos Pyrénées, l’ours reste cependant un thème très actuel : lorsque réapparaissait de son sommeil hivernal l'ours brun, ce roi du bestiaire et de la mythologie pyrénéenne, la nature semblait se réveiller et nos ancêtres voyaient en lui l'âme de la terre venant donner le signal du retour de la vie. Découvrant une petite tête d'ours sculptée au silex par un artiste préhistorique dans les grottes d'Isturitz, l’archéologue Passemard ne lui trouvait-il pas déjà « une expression presque humoristique » avec son « air à la fois bonasse et féroce d'un mangeur de miel qui ne devait pas dédaigner la viande fraîche » ? Et dans les Pyrénées, les montreurs d'ours étaient populaires, ainsi que les joyeux drilles qui excellaient à en revêtir la défroque aux réjouissances carnavalesques. Ils s’inscrivaient dans le fil d’une tradition progressivement estompée comme le remarquait déjà en 1897 Jean-Dominique-Julien Sallaberry à propos de la mascarade souletine : « après le Cherrero, on ne voit plus dans nos mascarades ours, agneau ni berger, mais bien une cantinière agile qui, tout en dansant, présente la provende au Zamalzaïn… » ? Or, seulement cinquante ans plus tôt, Augustin Chaho décrivait encore dans son « Voyage en Navarre », le Cherrero suivi du berger armé d’une grande hache et conduisant ses troupeaux, « derrière lesquels trottait l’ours »…
Cette tradition a été reprise par le festival « Hartzaro » organisé par l’association Herri Soinu qui programme mardi 25 février à Ustaritz le carnaval en rapport avec le réveil de l’ours (en basque, hartza).
En attendant, le concours de txilindron d’agneau se déroulera dimanche 23 février de 10h à 13h et sera suivi d’un repas (inscriptions des concurrents, limitées à 18 jusqu’à ce dimanche 16 février, aux tél. 06 98 62 99 76 et 06 30 53 97 87 ou par mail : latsa.uztaritze@orange.fr
Par ailleurs, parmi les nombreuses animations prévues du vendredi 14 au dimanche 16 février, figure la venue des kotilun gorriak, des kaskarots et des gaiteros avec les trikitilariak, ainsi que le week-end suivant.
A Saint-Jean-de-Luz également, la Journée de l’ours lancera le carnaval ce samedi, de 10h30 à 17 h, au marché et place Louis-XIV, avec le groupe Begiraleak. De 15h à 17h, fête des fous et carnaval des mots. Ateliers d’écriture autour des souvenirs et fêtes traditionnelles à la médiathèque (sur inscription).
Par ailleurs, Saint-Palais en Basse-Navarre retrouve ses traditionnels Libertimenduak qui démarreront ce dimanche 16 février à 9 h 30 au quartier Minjou, la représentation étant prévue sur la place du Foirail à 11h avec la présence des bertsularis Ramuntxo Christy et Elixabet Etxandi. Déjeuner sur inscription au tél. 06 81 51 96 83.
A Lahonce, samedi 15 février, le carnaval aura cette année un thème historique à partir de 16h, puis apéritif, animé par les chanteurs d’Hik Hasi et « Le Réveil Urtois » - repas en musique, préparé par les chasseurs – bal !
Enfin, parmi les fêtes carnavalesques traditionnelles (depuis plus de sept siècles!), signalons à Bazas le célèbre défilé des bœufs gras de race bazadaise, une vingtaine cette année, entourés d’échassiers gascons, le jeudi 20 février à partir de midi. Avec un menu spécial apprêté par cinq grands chefs de la région (dont un Donostiar) : menu complet avec fromage, dessert et café, 35 euros. Réservations au 06 80 01 36 91). Huîtres, cinq pintxos (un froid et quatre chauds) autour du bœuf gras dont le persillé et la saveur ont peu d’égal. Après la bénédiction des bœufs à 16h30 par le desservant de la cathédrale, remise des prix du concours et intronisations dans la Confrérie du Bœuf de Bazas. 20 heures, grand repas dansant dans la salle polyvalente.