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Histoire
Le souvenir de Robert Iribarne, jeune sportif basque et valeureux aviateur à "Normandie-Niemen"
Le souvenir de Robert Iribarne, jeune sportif basque et valeureux aviateur à "Normandie-Niemen"

| Baskulture/Alexandre de La Cerda 1599 mots

Le souvenir de Robert Iribarne, jeune sportif basque et valeureux aviateur à "Normandie-Niemen"

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Robert Iribarne ©
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Il y a six ans, avait été commémoré le centenaire de la naissance à Bayonne de Robert Iribarne, un extraordinaire jeune sportif basque devenu valeureux aviateur, qui s’était illustré au sein du groupe de chasse « Normandie-Niémen » des Forces françaises libres.
Après le village d’Itxassou dont l’aérodrome porte le nom de Robert Iribarne avec une stèle en sa mémoire, c’est au Trinquet Moderne « Mailharro » de Bayonne où il était né il y a un siècle qu’avait effectivement eu lieu en septembre 2018 une émouvante cérémonie commémorant ce courageux aviateur basque disparu lors d'une opération de l’escadron « Normandie-Niémen », de surcroît valeureux champion de pelote – en basque, nous disons « pilotaria eta txapelduna », qualificatif auquel nous ajouterions celui de « plaza gizon », c’est-à-dire un gentilhomme. 

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Robert Iribarne en Russie ©
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Une plaque avait été dévoilée à l’entrée du Trinquet – cet espace couvert du jeu de pelote, héritier de nos antiques « jeux de paume » - en compagnie des deux nièces du sous-lieutenant Iribarne, du colonel de l'aviation russe Anatole Fétissov (président de la fraternité d'armes Normandie-Niemen), de nombreux militaires et élus de la région : le sénateur Max Brisson, les députés Florence Lasserre et Vincent Bru, le maire Jean-René Etchegaray, président de la Communauté d’Agglomération Pays Basque et son adjoint à la Culture Yves Ugalde. 

Actuellement, le régiment de chasse 2/30 « Normandie-Niémen », unité de combat de l’Armée de l'air française, est rattachée à la 30ème escadre de chasse de la Base Aérienne 118 de Mont-de-Marsan dans les Landes qui porte le nom d'un aviateur d'origine russe, le colonel et pilote de chasse Constantin (« Kostia ») Rozanoff, né en 1905 à Varsovie (à l’époque, au sein de l'Empire russe).

C’est avec beaucoup d’émotion qu’Anne-Marie Iribarne-Bailly, nièce de Robert Iribarne, avait d’abord remercié le maire de Bayonne ainsi que les autorités présentes pour la pose de cette plaque qui honorait son oncle sur ce trinquet où il était né le 27 septembre 1918. Et tout particulièrement Anatoly Fetissov ainsi que le commandant Dornier et les pilotes venus de la base de Mont-de-Marsan. 

Sportif accompli

Robert Iribarne a vécu à Bayonne une enfance et une adolescence très heureuses. Après des études à l’école du petit séminaire d’Ustaritz puis au collège Saint Bernard à Bayonne, c’est à Bordeaux qu’il les terminera avec le diplôme de l’école de commerce et d’industrie de cette ville.
Tout son temps libre était occupé par la pratique du tennis et de la pelote. Deux terrains de tennis homologués entouraient le Trinquet, les premiers construits à Bayonne par ses grands-parents, où le grand champion international de tennis Jean Borotra venait s’entraîner, l’un situé le long du trinquet sur le parking actuel, l’autre sur le côté de l’actuelle avenue Dubroc ! Enfin un fronton, situé à l’arrière du Trinquet (actuellement parking). Il ne pouvait, comme ses sœurs avant lui, que se passionner pour ces sports. Formé par son père, François Iribarne, très doué, il choisit la pelote et principalement, dès qu’il eut acquis les qualités physiques nécessaires, la spécialité de ce sport nommée « grosse pala » (sorte de raquette en bois de hêtre pesant 800gr) où il excella jusqu’à devenir champion de France, à Hasparren en 1938, avec son partenaires Palassy.

Mais une autre passion entra dans sa vie, l’aviation. Avec l’enthousiasme des néophytes, il jurait ses grands dieux que « hors des commandes d’un avion, la vie pour lui n’avait pas de sens » ! Il passa son brevet de pilote civil d’avion de tourisme à l’aéroport de Biarritz-Parme en juin 1938.

Libéré de ses études, il dut effectuer son service national et l’armée de l’air lui offrit les moyens d’assouvir sa passion. Admis à l’école de l’air de Nîmes en qualité d’élève pilote, il obtint ensuite son brevet de pilote militaire le 15 février 1939 à Istres.
Nommé caporal-chef, puis sergent, il sera affecté au bataillon de l’air d’Afrique du Nord en janvier 1940. Après l’armistice de 1940, il intègra le groupe de chasse 2/3 sur la base de Marignane, puis l’escadron d’entraînement de Francasaval. 
C’est à ce moment-là qu’à Toulouse, il remporta le championnat de France militaire de Tennis en 1941.

Placé en congé d’armistice en mars 1943, à la décision du général De Gaulle d’envoyer en Russie des pilotes pour renforcer le front de l’Est, il met tout en œuvre pour rejoindre les forces françaises libres en Afrique du Nord. Le dimanche 18 avril 1943, il part en vélo du Trinquet paternel, sans argent, sans bagages, pour s’évader vers l’Espagne. Dur périple par les montagnes au-delà d’Itxassou, se déplaçant la nuit pour éviter la guardia civil qui le fit cependant prisonnier. Interné à Pampelune, puis transféré au camp de Miranda, il s’en évada et réussit enfin à rejoindre l’Afrique du Nord à Meknès où il retrouva d’autres pilotes affectés au groupe de chasse Normandie-Niemen. De là, le groupe rejoignit Téhéran où il séjourna dans l’attente des visas pour Moscou.

L'étape  iranienne auprès du Shah

Episode intéressant pendant leur séjour à Téhéran : le jeune Shah de Perse Reza Pahlavi qui régnera jusqu’en 1979 - il avait alors 24 ans et était très sportif -, apprenant qu’au sein du groupe il y avait un champion de tennis, demanda à jouer une partie avec Robert Iribarne qui s’inclina bien volontiers devant Sa Majesté et tout le groupe des aviateurs français fut donc invité au palais impérial.

A noter que le jeune Shah de Perse était le fils du fondateur de la dynastie des Pahlavi, lui-même officier de la fameuse garde cosaque que l'empereur Alexandre II de Russie avait formée en janvier 1879 sur demande de l'empereur persan Nasseredin Chah, impressionné par la manœuvre militaire organisée en son honneur lors de sa visite en Russie. Jusqu'à la révolution russe de 1917, cette brigade cosaque au service des empereurs perses fut commandée par des officiers russes. 

Petite anecdote familiale : lors de la visite en Russie du successeur de Nasseredin Chah, c’est mon arrière-grand-père maternel Georguy Pavlovitch Babitch, lui-même officier cosaque commandant la garde impériale russe, qui fut chargé de recevoir le souverain perse à la gare de Saint-Pétersbourg afin de lui rendre les honneurs militaires, alors que mon arrière-grand-mère lui apportait une brassée de fleurs au nom des souverains russes : l’après-midi même, mon aïeule reçut du shah une magnifique bague ornée d'une belle turquoise sertie de diamants, que je conserve encore ! 

En Russie

Pour revenir à l’épopée du lieutenant Iribarne, après ce séjour à la Cour du shah, enfin, les jeunes aviateurs français peuvent gagner Moscou en janvier 1944. 
De là, départ pour Toula afin de suivre la formation sur les avions russes, dont le fameux Yak 3. Robert donna à un de ses avions le nom d’Irrintzina, le cri festif des bergers basques imitant le hennissement du cheval qui ponctue souvent les danses basques et sert à se signaler en montagne.
Voici un passage du carnet de Guerre d'Iribarne :
« - lundi 10 avril 44 : Aujourd'hui j'ai touché mon taxi (*) n° 13. Voila un nouveau compagnon. J'espère que nous allons faire du bon boulot tous les deux.la journée se passe sans vol car nous manquons d'essence"
- lundi 17 avril : j'ai reçu un nouveau taxi le 13 que je suis en train de roder. Il a l'air de bien tourner. Je voudrais y dessiner un pilotari (joueur de pelote basque) mais malheureusement je n'ai pas suffisamment de talent. Je tacherai de soudoyer Dechanet pour qu'il m'en fasse un ».
(*) « taxi » = avion

L'aspirant Robert Iribarne servit sous les ordres du lieutenant Marcel Albert, commandant la 1ère escadrille. Lorsque à la fin du mois de juin 1944, "Normandie-Niémen" lance une offensive sur Vitebsk, Orcha et Minsk, il est prêt à recevoir le baptême du feu. Le 26 juin il abat un Fw 190 et renoue avec le succès les 23 et 26 octobre 1944 en détruisant un Fw 190 et un Me 109. Il termine brillamment l'année par une victoire le 30 décembre 1944 sur un Fw 190.

Après sa première victoire en mission d’escorte des bombardiers soviétiques, Iribarne avait reçu la décoration de l’étoile rouge qui lui sera remise lors de la visite du Général De Gaulle à Moscou. Il participera à 51 missions offensives, remportera 7 victoires au cours de bombardements en territoire adverse et effectuera 4 mitraillages au sol en totalisant 562 heures de vol.

Il livra ses derniers combats en janvier 1945 en détruisant les 17 et 19 janvier trois autres Fw 190.
Le 11 février 1945, le journal de bord de l’escadrille mentionne : « Le temps, bouché dans la matinée, se découvre vers 15 heures. La patrouille composée de l’aspirant Sauvage, Ougloff, le capitaine de La Salle, l’aspirant Iribarne, décolle en premier. Ils aperçoivent 3 Fw-190 à 5 kilomètres Est de Bladiau (actuellement Piatidorojnoïe dans l'oblast de Kaliningrad). Les FW partent en retournement et sont poursuivis par l’Aspirant Iribarne et le Capitaine de La Salle. Iribarne, pris entre le premier et les deux derniers, ne peut pas se dégager, et l’aspirant Sauvage le voit en piqué très accentué. Iribarne ne rentre pas de la mission ».

On ne retrouvera ni l’avion ni son corps. Son mécanicien, apprenant la nouvelle, s’est mis à sangloter comme un enfant. Les mécaniciens étaient très attachés à leur pilote.
Neuf jours après sa disparition, son camarade Pierre Bléton est descendu à son tour et fait prisonnier. Recueilli par les pilotes (allemands) de la JG 51 "Moelders" qui le soustraient à la Gestapo, on lui montre une enveloppe contenant divers objets, médailles et papiers appartenant à Robert Iribarne. Il n'y a plus d'espoir. Bléton s'évade et rejoint le Normandie-Niemen le 9 mai. Dans une poche, il ramène le macaron de pilote de Robert Iribarne provenant de l’officier de l'escadrille chargé de son interrogatoire.

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La cérémonie au Trinquet Moderne « Mailharro » à Bayonne pour le centenaire de Robert Iribarne ©
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