Le Professeur Malvy est à la fois médecin infectiologue et prêtre orthodoxe à Bordeaux.
Il reconnaît que dans la lutte contre l’actuelle pandémie, rude, longue et continue, sa mission s’est convertie en celle de la compassion auprès des patients accueillis au CHU de Bordeaux.
Spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, Membre du Conseil scientifique réuni par le Ministre de la Santé Olivier Véran, l’homme fait entendre sa voix.
Rattaché à la communauté monastique de Cantauque dans l’Aude près de Carcassonne, il choisit la médecine et la théologie pendant le temps conjugué de ses études.
Deux chemins distincts mais non séparés dit-il. Le métier de médecin et la mission de celui qui est appelé à être serviteur de l’autel procèdent du ministère de la compassion.
Ses débuts le conduiront en Roumanie où il prononcera ses premiers engagements religieux.
Son enfance se déroula en Dordogne, au village de Belvès où Jean-Marie Denis Malvy grandit dans cette cité médiévale.
Sa mère assistante sociale et son père boulanger, le fils médecin dit son admiration pour le travail de son père.
Et rapportant ce passage de Saint Exupéry dans son roman « Pilote de guerre », le professeur souligne : “aux heures de misère la saveur du pain partagé n’a point d’égale.. C’est une invitation à la fraternité dans les temps de malheur comme ceux que nous traversons”.
La fraternité et le respect de la dignité humaine ont toujours guidé son action dans la lutte contre les épidémies en Afrique et aux quatre coins du monde.
En Afrique de l’Ouest au milieu de l’épidémie « Ebola », il est présent, actif et imagine des unités de soins en forme de cubes transparents permettant aux familles de voir leurs proches en toute sécurité. Le professeur garde indélébile ces souvenirs de missions humanitaires dans le monde.
Homme lettré et amoureux des arts, le médecin ajoute : « les arts disent la beauté et les larmes du monde. Ils permettent de conserver la mémoire à travers des générations tout comme les sentences transmises de manière orale sont “un héritage sans lequel on ne peut pas vivre ».
Le médecin prend le temps d’écrire.
Membre de l’Institut covid 19 Ad Memoriam créé sous l’égide de l’Institut de recherche pour le développement IRD, il appartient à ce collectif éclectique qui documente les bouleversements sociétaux que nous vivons : « Je fais partie d’un groupe qui analyse le regard des religions sur cette période. L’enjeu de ce travail de mémoire c’est de faire en sorte que nos sociétés ne versent pas comme à la fin de chaque crise, dans l’amnésie et l’insouciance », souligne –t-il.
Un jour les historiens de ce temps sanitaire unique et exceptionnel dans sa gravité, conviendront de son intérêt.
Interrogé sur son travail de prêtre-médecin, sur sa foi personnelle, le praticien assure être croyant sans exclure les moments de doute et de deuil : « Je travaille avec des personnes merveilleuses, agnostiques ou athées, qui sont des modèles d’humanité. Mais nous sommes tous ensemble. On ne se sauve pas seul » !
Beau témoignage d’humanité et d’humilité chez ce médecin aux avant postes d’un virus qui ne laisse de répit à ces sanitaires peu livrés aujourd’hui à l’indifférence.