Chaque civilisation dispose de son Mont sacré, La montagne de Sion des uns, la montagne des grecs d’Athos des autres, où le mythe et la légende du monachisme grec s’épanouissent sur les hauteurs et les splendeurs d’une montagne sacrée.
On y pratique le don de soi à Dieu accessible aux hommes, interdite aujourd’hui encore aux femmes, “pour qu’aucun autre regard ne laisse désirer autre chose que la pureté céleste !”
Les grands mythes hellènes, le christianisme byzantin dit oriental et la prière se sont emparés de cette presqu’ile unique au monde où l’on n’accède que par l’esprit, la lecture des pères athonites et la beauté des oeuvres protégées par ceux qui les conservent à l’abri de nombreux regards.
Entre le ciel et la terre, Athos est un géant qui a défié les dieux du panthéon grec en lançant une pierre à Poséidon dans un combat mythique plus vrai que vérifié, mais si saisissant pour en percevoir le message.
Plus tard encore, cette terre de bergers, mentionnée par Homère et par Eschyle comme la résidence de Zeus - avouez du peu ! - est portée à la gloire des guerres médiques et peuplée dès avant le Xème siècle, habitée d’ermites installés en ce rocher dans la pure tradition des moines du désert.
Protégée des invasions, soumises à de multiples tentatives au cours du temps, c’est là que se constituèrent les premières communautés monastiques.
La légende pourvoyant à l’histoire raconte selon un auteur apocryphe que la Vierge Marie et l’évangéliste Jean en route pour visiter sur l’ile de Chypre Lazare, furent forcés lors d’une tempête de trouver refuge dans le port situé au pied du monastère d’Iveron.
Eblouie la vierge demanda à Dieu de lui donner la totalité de l’île, Dieu lui dit alors : “Que cet endroit soit ton jardin et ton paradis et une terre de salut pour tous ceux qui y viendront pour être sauvés”.
Ainsi Athos devint le mont de la vie pure à l’image de la Vierge Marie interdit bientôt à tout être femelle par la sainte règle “lieu pur” rédigée au XI ème siècle sur l’ordre de l’Empereur byzantin Constantin IX Monomaque .
Depuis la première fondation par Athanase l’Athonite, celle de la Grande Laure au pied du Mont Athos vingt monastères y ont vu le jour et abrité plus de 2 000 moines orthodoxes grecs, bulgares, roumains, russes et serbes adoptant la vie d’ascète, de reclus et de priant.
En ce lieu, le ciel se gravit étape par étape selon les charismes de chacun et que rapporte l’architecture multiple selon la règle établie par saint Athanase confirmée en 972 puis à nouveau en 1041, alors que le mont se referme définitivement à toute présence féminine.
Les vingt monastères sis en cet endroit ont chacun une administration propre et relèvent spirituellement du patriarche oecumenique de Constantinople mais la cité-monastère en son unité garde son indépendance.
L’on sait que le sujet demeure sensible en ses relations avec l’Etat grec, mais le statut particulier de l’Île résiste à toute incursion de quelque nature.
Relevant des monastères douze skytes abritent les moines ayant opté pour une vie érémitique à la différence de ceux ayant choisi une vie cénobitique, soumise au contrôle strict de la règle, le typikon.
En cette république élective particulière où autorité et pouvoir spirituel ne font qu’un, chacun assume son progrès spirituel vers Dieu par la sainteté du désert, comme définie par Isaac le Syrien, ”l’échelle de ce royaume est cachée au de-dans de toi,de ton âme” !
Si dans les monastères cénobitiques trois degrés de perfection existent, menant le moine en chemin vers son ascension, sous l’autorité de l’higoumène qui dirige le monastère, à devenir parfait “megaloschéma” et vouloir revêtir le grand habit, le moine solitaire dans son isolement et la prière continue à la fois séparé de tous et uni à tous se considère comme le rebut du monde, et comme l’écrit Evagre le Pontique par dessus tout, il est heureux, divinement heureux !
Les rares visiteurs, témoins ou retraitants autorisés à se rendre en ce lieu sont surpris par ces visages multiples centrés sur le Christ de gloire et la puissance victorieuse de la Croix qui habitent ces hommes, habités par le Ressuscité..
Le chant de la simandre ponctue leur vie spirituelle, instrument à percussions aux vertus purificatrices appelant à la liturgie et à la contemplation de l’invisible dans un décor exceptionnel de la créativité esthétique de l’homme qui n’a voulu rien soustraire à l’espace habitable d’icônes, de peintures murales pour son Dieu et sa présence sur l’île !
Ces hommes élus parmi les élus de Dieu, d’exception et exceptionnels demeurent comme des sentinelles de la perpétuation du lieu sacré de l’Athos orthodoxe depuis des siècles.
Une prouesse spirituelle et un enchantement pour les rares visiteurs qui trouvent l’accès de l’ïle au cours d’un séjour particulier parmi ces cénobites et ces ermites de tous âges et de toute nationalité !