135 000 personnes ont assisté à la messe du Pape François à Abou Dhabi : selon les estimations du Vatican, environ 1 million des 9 millions d'habitants des Émirats arabes unis sont catholiques, la plupart d'entre eux sont des étrangers (Abou Dhabi compte également près d'un millier de familles orthodoxes pour lesquelles une nouvelle église consacrée à Saint Elia et pouvant accueillir 1250 fidèles est actuellement en construction, l’ancienne église Saint-Nicolas construite en 1975 ne pouvant accueillir plus de 300 personnes). François-Xavier Esponde revient sur cet événement important :
La télévision a rendu visible la présence du Pape François à Abou Dhabi avec le grand iman du Caire, le Cheikh Al Tayeb, au cours de ces journées tenues dans la capitale des Emirats Arabes Unis.
Un événement inédit entre deux chefs religieux différents, venus du catholicisme et du monde musulman, dans une région en guerre, entourée de conflits permanents entre l’Iran, la Syrie, l’Irak, l’Arabie Saoudite, Israël...
Les Emirats Arabes unis où la main d’œuvre est étrangère, venue d’Asie, d’Afrique, d’Europe. On cite le chiffre de 200 nationalités, 900 000 personnes de confessions chrétiennes sans compter les autres religions, et les milliers de travailleurs temporaires, employés dans tous les secteurs de l’économie.
Le pape a tenu avec le Grand Iman Ahmed Al Tayeb du Caire une Conférence pour la paix à laquelle participaient de nombreux chrétiens d’Orient, des musulmans et des représentants d’autres confessions religieuses du monde entier.
Le Document signé par les deux hautes autorités présentes, le pape François et l’Iman Ahmed Al Tayeb est intitulé : « la Fraternité Humaine pour la Paix Mondiale et la Coexistence Commune ». Disponible sur le site www.paxchristi.cef.net, le document développe le bien fondé des religions pour servir la paix dans le monde d’aujourd’hui.
Dans le monde des chrétiens et celui des musulmans tout d’abord, où « les référence aux libertés individuelles, aux droits fondamentaux de la personne humaine, à la condition de la femme, et des enfants, aux conduites éducatives, portent déjà en germe le statut civique du croyant et du citoyen dans la vie sociale ».
La citoyenneté revisitée par la religion est un chapitre inédit, signé désormais et par le monde sunnite musulman et le monde catholique de la main du pape François.
La référence à la responsabilité des fils d’Abraham pour la survie de la planète et de l’environnement est encore un chapitre de référence initié déjà au Caire lors de la visite du pape François et repris à nouveau à Abou Dhabi.
Ces documents rappellent des dossiers précédents, sur les « Enjeux de la Paix et du Développement de l’Humanité, de la Gérance de la Création » qui avaient donné lieu à des contributions œcuméniques entre les chrétiens, de l’orthodoxie, du calvinisme et des églises luthériennes il y a quelques décennies.
Mais désormais, ces sources spirituelles ont franchi le seuil des autres confessions abrahamiques et font l’objet d’un consensus partagé entre les chrétiens et les musulmans.
On attendait sans doute le pape François en d’autres espaces plus conventionnels et habituels pour la chrétienté, mais une fois encore, il surprendra ses fidèles et au-delà, en se rendant pour la première fois – en ce qui concerne un pape - au cœur du monde musulman, si proche de La Mecque, avant de se rendre prochainement au Maroc où le Roi Mohammed VI, Commandeur des croyants (musulmans) attend sa visite imminente.
Les observateurs remarquent le sens de l’inspiration franciscaine qui a déterminé le patronage de saint François au profit du pape François qui a placé ce voyage inhabituel sur les pas du « poverello » d’Assise il y a 800 ans, lors de sa rencontre avec le sultan gouvernant la Terre Sainte au XIIIème siècle.
Un pèlerinage historique qui prend aujourd’hui du sens et de la dimension, et rappelle les propos du cardinal Tauran - décédé il y a peu - qui œuvra sa vie durant pour la rencontre des religions pour la Paix.
Dans ces terres de l’Orient chrétien et musulman, on reconnaît ainsi la filiation franciscaine des capucins présents depuis des siècles, et celle des sœurs franciscaines qui ont perpétué le choix évangélique de l’enracinement parmi les jésuites, les dominicains, les sœurs de Saint Vincent de Paul dont on trouve les implantations au Liban, en Jordanie, au Caire, en Irak, en Syrie, et dans tous ces pays de tradition religieuse millénaire.