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La nature
Le miel des ouvrières
Le miel des ouvrières

| François-Xavier Esponde 710 mots

Le miel des ouvrières

Les apiculteurs pleurent le temps jadis du miel produit par des essaims de vie d'abeilles laborieuses.

Le changement climatique et la disparition d'essaims affectés par des produits toxiques sur l'environnement ont provoqué la mortalité de colonies. Il semble devenu plus rentable pour les apiculteurs de produire des essaims d'abeilles pour peupler de nouvelles ruches que de produire du miel. 

L'UNAF l'union nationale de l'apiculture française pour 2024 donne des avis peu favorables. Soit 12 000 tonnes de miel et au final une baisse de 40 % des recettes pour l'année. Il y a 30 ans, les chiffres atteignaient 30 000 tonnes et les pertes de colonies d'essaims avoisineraient les 30 % contre moins de 5 % au milieu des années 1990. La France comptant 1,8 millions de ruches le prix des essaims a augmenté et doublé au cours de la dernière décennie pour s'établir autour de 180 euros l'unité ! Un tarif élevé qui ne permet de compenser les pertes . En deux ans les ruches installées en France  a perdu 200 000 unités selon l'UNAF. Pour compense% en 2023 les ventes d'essaims ont augmenté de 20 % Les clients sont ici des particuliers et pour les professionnels il faut diversifier les ressources et le travail aux exigences actuelles.

Selon France Agri-Mer, 30 % des apiculteurs commercialisent des essaims. en raison de motifs imputables au changement climatique. qui désorganise depuis des années le travail des abeilles Avec des hivers doux les femelles pondent trop tôt les gelées précoces réduisent les miellées d'acacia ou une sécheresse longue en Provence qui réduit le travail des abeilles dans les champs de lavande, ou encore une moindre appétence pour le miel du colza ou du tournesol  modifient des habitudes dans le cheptel des abeilles.

Les pesticides agissant à leur tour, le recul des friches mellifères, les effets destructeurs  des frelons asiatiques et les ravages du varroa, comprenez un acarien parasite qui se nourrit de la lymphe des abeilles additionnent les amertumes possibles pour contrarier le travail des abeilles et celui des apiculteurs.

Le prix laissé au cours libre de la commercialisation entraîne son lot de désagréments financiers pour les producteurs car les grossistes imposent leurs conditions. Grossiste concerné au premier chef par cette question, installé à Gan en Béarn, Michaud apiculteurs avise que c'est l'apiculteur qui fixe le prix, un son de cloche différent ; et l'Hexagone est le pole de vente le plus élevé en Europe du miel concerné. Mais le commerce traverse les frontières, de Hongrie, de Grèce, d'Espagne, d'Argentine, ou d'Ukraine, le miel vient de l'étranger pour une part conséquente.

Venu de Belgique, de Pologne ou du Portugal, le miel connaît les agréments réglementaires de la communauté européenne et devrait selon les experts en 2026 connaître des dispositions de contrôle de sa composition 

"Pour les gelées royales, les importations chinoises ont largement étouffé la production nationale", dit un professionnel.

Distinguer le travail de la production de miel et celui de la production d'essaims a rendu le métier plus compliqué .par les investissements, du matériel et un niveau de technicité plus élevé.  

La culture apicole n'est plus un jeu de facilité pour les professionnels. L'irrégularité des saisons les oblige à nourrir les colonies avec des substituts de sucre, la menace du varroa est prégnante, et impose des traitements préventifs, et les attaques de frelons asiatiques imposent des pièges à l'entrée des ruches, pour  les éliminer encore.

En changeant les reines pour des raisons génétiques, on parvient à contenir les menaces, disent les professionnels, Dans les années 1970, on comptait 70 000 apiculteurs en France, mais la ferveur écologique précédente semble avoir décru à 60 000. Cette décrue prouve une relation affective différente aux abeilles désormais rustiques d'antan mais qui demandent des accompagnements plus rigoureux et des compétences réelles.

De nouvelles fonctions environnementales viennent encore s'ajouter à la production première de miel par le placement des ruches près de vergers, des champs de colza et de tournesol; de pommiers, d'abricotiers, de melons et d'oignon.

Des missions corrélées avec d'autres cultures agraires pour une abeille destinée à diffuser le pollen et le propolis.

Paradoxe du temps, moins nombreuses et menacées et soumises à de nouvelles contraintes écologiques, les abeilles gardent bien leur système protocolaire et leur réputation, besogneuses, sans jamais interrompre leur travail !

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