1 – De lumière et de verre
Parler le langage de la lumière par le vitrail est une excellence française. Un art sacré né au Moyen Age qui continue aujourd’hui dans la création contemporaine.
De facture classique pour les uns, plus moderne pour d’autres, l’art du vitrail séduit le rapport visuel, affectif et spirituel contenu dans ses chefs-d'œuvre d’éternité, tel est le souhait des commanditaires de traverser le cours du temps et de rejoindre la postérité des amoureux du verre lumineux.
Plus de la moitié du patrimoine mondial se situerait dans l’hexagone dans les églises et les abbayes françaises, même si la création s’est affranchie du sacré pour rejoindre les domiciles de particuliers amoureux de la lumière, à partir du XIXème siècle.
Si Chartres est le socle inviolable du vitrail autour de sa cathédrale, de nombreux édifices publics ou privés en France disposent de ce patrimoine pour leurs admirateurs.
L’art du vitrail est né de son essence sacrée, d’une tradition chrétienne de la lumière, dont l’âge d’or serait au Moyen Age ; sa création ininterrompue au fil du temps lui donne la fraicheur de toutes les époques comme celle contemporaine réalisée par Pierre Soulages à l’abbaye de Conques, ou de Jean-François Ferraton à Sylvanès chez les dominicains.
Le métier réunit un travail collectif du fabricant du verre, de l’illustrateur qui dessine les motifs, le poseur et le commanditaire qui confirme et assoit toute création.
La France demeure le pays des formations à ce patrimoine d’excellence reconnu dont il peut être fier. Le verre est le matériau originel dont les variantes prennent des formes soufflées, bullées, striées, opalescentes.
Un art conjugué au travail artisanal dont le montage empirique ajoute les morceaux de verre numérotés dans les baguettes de plomb en forme de H, puis vient le temps de la soudure à l’étain, soulignent les auteurs.
A l’intérieur de chacune des structures en plomb, la pose d’un mastic complété de blanc de Meudon et d’huile de lin, permettent le maintien et l’étanchéité du vitrail. De l’art, de la perfection !
Saint-Just demeure pour les professionnels le lieu de la production de verre de 2 à 5 mm décliné en textures et en couleurs différentes pour toute création.
Car tout art du vitrail parle le langage de la lumière en associant les quatre éléments, l’eau, la terre, l’air et le feu qui se conjuguent et produisent de la transcendance, entre un bien matériel et immatériel du génie humain.
2 - Que ne dire de la citation du moine Saint Bernard : “que l’âme cherche la Lumière en suivant la lumière”.
Le vitrail signe la valeur d’un monument, il désigne son identité. Il se prénomme par son langage de la lumière qui lui donne un visage et une grâce singulière.
Cependant le privilège du vitrail ne demeure confiné aux espaces sacrés. Depuis le XIXème siècle, de nombreux particuliers s’approprient ce message en l’introduisant dans leurs demeures privées.
Si les plus anciens vitraux français remontent à l’époque carolingienne, l’âge d’ or du vitrail se situe entre le XII et le XIV ème siècle, représentant de véritables hagiographies du passé chrétien, des batailles et des guerres, des motifs géométriques et végétaux de symbolisme fort.
De l’église, à des monuments publics, des commerces à des espaces culturels, le vitrail règne en de nombreux lieux publics et privés, par delà les préventions que d’aucuns entretiennent sur son origine et sa destination.
L’un des plus anciens vitraux conservés se trouverait en Alsace – le Christ de Wissembourg du XIème siècle.
Le vitrail transcende les appartenances et les opinions diverses de ses admirateurs.
L’art du vitrail se renouvelle par les nouvelles techniques. Avec le thermoformage, on imprime dans le verre des lignes qui évoquent des vibrations sonores comme celles produites par pierre Soulages à l’abbaye de Conques.
La musique exécutée par des compositions singulières donnerait à percevoir à travers les vitraux des particularités insoupçonnables confiées à des artistes en communion sonore intime avec leurs créations...
Les professionnels du verre parlent encore d’innovation dans la fusion, de colorations, et l’on sait se passer désormais de plomb sur de larges surfaces .
Les orfèvres de la technologie prêtent leur concours à ces artisans - artistes, aux facultés créatives toujours possibles.
La lumière parle aux esprits par delà les sens, le toucher, l’odorat, le visuel, l’ouïe, elle est un fruit divin que l’on ne saurait sous estimer, pour enchanter la vie de ses richesses spirituelles innombrables !