L’observation mérite d’être notée : le culte des anges avec ses dévotions a quitté les sanctuaires, excepté le jour des Saints Archanges le 29 septembre et des Anges Gardiens le 2 octobre, sur semaine et pour un public assez confidentiel.
Mais la pratique d’ouvrages et de brochures éditées par des auteurs en « angéologie » va croissant si l’on en juge par le nombre des rayonnages dans les maisons d’éditions voués au New Age, en forte demande aujourd’hui.
A chacun le soin d’embrasser le nom de son ange gardien en sus de celui du baptême, en quête d’une part de mystère cosmique ajouté à la biographie souvent austère d’un saint protecteur, oublié ou méconnu.
Les ouvrages illustrés de ces anges protecteurs grouillent désormais en dvd, en multimédia, en bandes dessinées et les descriptifs des rituels pour rejoindre les archanges, adopter leurs messages et suivre leurs conseils, pratiquer les prières, sont devenus la monnaie courante d’une spiritualité singulière auxquelles les références astrales ajoutent encore du crédit .
Nous ne sommes donc plus dans le langage habitué judéo-chrétien des « purs esprits » qui se joignent à l’Eternel sans le défigurer, le confondre ni lui refuser sa primauté.
La pratique contemporaine des anges gardiens jouitd’un fonds de magie ésotérique et se plaît à en pouvoir disposer jusqu’à parler avec les âmes des disparus par l’intermédiaire de l’ange gardien.
Les uns désignent de tels cultes comme des rites occultes d’initiation. Mais paradoxalement, ils existent bien dans nos sociétés dites évoluées qui se prétendent pourtant « libres de toute entrave superstitieuse » et bien souvent allergiques aux rituels conventionnels de nos espaces cultuels classiques. De telles pratiques individuelles sont actuelles, avec leurs manuels, leur discipline physique faite de yoga et de méditation transcendantale, de voeux livrés aux anges protecteurs dans le secret d’une conscience orale et parfois écrite. Et les adeptes de ces rites adoptent les exercices répétitifs de leur croyance. Des incantations pour appeler les manifestations de ces esprits invisibles, des pratiques d’encens parfumé, de référence au biblique Sceau de Salomon, et des appels aux miracles pour leur confort spirituel personnel.
Il est demandé aux adeptes de ces usages, des incantations aux quatre points cardinaux d’un édifice religieux, une cathédrale, une église et un fort penchant vers la magie qui nourrit la confiance des croyants.
Le monde astral est omniprésent à cette adhésion personnelle et la référence à une langue initiatique, « le thébain », dans sa forme simple apparenté à un hébreu convenu, procure à chacun la foi en trois anges gardiens pour sa vie physique, sa vie émotionnelle et spirituelle et son capital mental.
L’usage de telles pratiques s’enracine dans les rituels d’une kabbale teintée d’hermétisme et d’ésotérisme. La lecture de cartes illustrées d’anges qui semblent comparables au tarot guide l’inspiration sacrée de ces dialogues mystérieux avec les esprits.
L’Eglise des chrétiens a connu depuis ses origines ces pratiques de l’antiquité. Elle privilégie pour sa part les trois archanges bibliques cités dans le Livre, Gabriel, Michel et Raphaël, et réserve le chiffre des anges innombrables mais sans compter leur nombre, à la différence des adeptes du New age qui les évaluent à 72, comme « tous ceux qui servent la face du Père qui est aux cieux » dans l’évangile de Mathieu au chapitre 18,20.
Dans l’univers qui est le nôtre, le profil de ces croyances n’ayant pas disparu - loin s’en faut -, de telles pratiques existent discrètes, et séduisent de multiples sujets en recherche de sens dans leur vie.
Le culte des anges demeure aujourd’hui cet univers complexe, ancien à ses origines, contemporain en ses nouvelles manifestations, « ancré par moi, venu de mon moi profond et pour mon moi premier », au coeur de toute autre fonction spirituelle de ma propre vie...