A la chapelle Baglioni à l’église Santa Maria Maggiore, les esthètes de la Renaissance peuvent contempler ce chef d’œuvre de la peinture réalisé par Bernardino di Vetto non loin d’Assise, à Spello. Cette merveille illumine le décor de la chapelle Baglioni que Troilo Baglioni commanda au peintre en ce début du XVIème siècle avant de devenir évêque de Pérouse.
Le peintre est alors au sommet de son art et compose pour son église natale cette splendeur que l’on ne cesse de contempler des siècles après sa réalisation.
Les trois parois de la dite chapelle sont ornées de fresques. Une technique dont Bernardino avait déjà prouvé la maîtrise dans la chapelle Sixtine en 1481.
Consacrées à la vie de la Vierge et à l’enfance du Christ, l’Annonciation, l’Adoration des bergers et le Christ parmi les docteurs donnent dans l’élégance et le raffinement l’art de la renaissance où se mêlent en harmoniques l’architecture et la nature.
Le Christ est ici représenté non dans un temple mais sur le parvis d’un édifice qui s’élève dans un paysage.
Les connaisseurs de l’art de la peinture qualifient la composition de “maîtrise rigoureuse, de perspective et du goût du détail anecdotique.
La scène construite autour de la figure du Christ, un enfant juvénile de douze ans environ, ordonne la perspective.
Derrière, le décor évoque une construction qui témoigne de l’intérêt du peintre pour la Renaissance pour les architectures de plan centré, comme l’avait fait encore Pérugin, le maître du peintre dans la scène du Christ donnant les clés de Saint Pierre en la Sixtine.
Chaque élément du décor est divinement pensé et ordonné par un podium, des statues dans des niches latérales,encadrées et grotesques.
Le cadre obtenu donne de l’harmonie et du calme et une force particulière à l’ensemble.
Deux groupes se répartissent autour du Christ. A gauche des hommes élégants, tenant des livres ; ce sont des docteurs savants, et érudits et parmi eux Troilo Baglioni en noir à l’extrême gauche.
A droite ce sont des personnages, des femmes nombreuses et parmi elles Joseph et Marie qui viennent de retrouver l’enfant perdu depuis quelques jours dans les arcanes du temple..
Rigueur, composition subtile, science et maîtrise de la perspective, élégance et raffinement des figures dans l’architecture et le paysage, la délicatesse des accords chromatiques, et la renaissance sublime de ce que l’on reconnaît à cette époque de la peinture, témoignent de l’humanisme et de la beauté idéale parfaite évoquée par cette peinture.
Le Christ exerce une autorité de douceur reconnue manifeste.
A l’intérieur de l’espace et hors de l’enceinte par des paysages où domine l’humanisme harmonique d’une agora comme lieu d’un tel enseignement de la part du Christ. L’Enfant-Dieu domine et signe le message visuel des admirateurs.
Les livres sont déposés par terre, l’enfant fait preuve d’une puissance intérieure et les docteurs le reconnaissent comme leur maître.
Luc 2, 47 - Ceux qui l’entendaient,s’extasiaient de son intelligence et de ses réponses.
Jésus se révèle comme la sagesse, le maître qui assume son rôle et son action par sa vie publique.
Le choix de la scène dans un cycle consacré à la petite enfance n’est pas anodin dans cette unité spirituelle.
Le commanditaire de cette chapelle le dominicain Troilo Baglioni voulait de la sorte prouver aux fidèles “ combien l’église en lutte contre des hérésies internes du temps du pontificat d’Alexandre VI Borgia pourrait un jour convertir les intelligences troublées et soumises à des décadences pour la suite de l’institution.”
Une scène visible montre Marie retenant Joseph par la ceinture de la main droite, tandis que la main gauche est une invite à attendre, et se laisser surprendre. Le peintre exprime par ces mains disjointes le sens voulu de cette intention.
Marie semble par ce geste savoureux comprendre la suite du récit de la vie de “ leur enfant partagé entre les affaires de son père et celle de marie qui gardait dans son coeur le sens de tous ces événements.”
Le pape Jean-Paul II fit en son temps le commentaire de cette œuvre dans un prêche demeuré célèbre du OUI, fiat en latin, aux volontés divines bien voilées à la raison, mais porteuses de messages et de sens dans le silence de la contemplation et de l’acquiescement à ce que dieu attend de chacun dans le déroulé de son existence. Comme le montre le peintre par Joseph et Marie dans cette peinture du Christ au milieu des docteurs.