Le chant byzantin a été classé au Patrimoine Immatériel de l’Unesco le 11 décembre.
La liste s’allonge sans cesse, comme ce fut le cas à Sanaa pour le Chant du Yémen en 2008, le Cantu in Paghjella en Corse en 2009 ou le Chant épique Gorogly du Turkmenistan en 2015. La liste n’étant pas close, on imaginerait volontiers la reconnaissance du chant, des voix et des bertsus basques rejoindre ce florilège de l’art vocal imagé de la tradition pyrénéenne, dont font également partie les Gascons, les Béarnais et les Bigourdans.
En voulant protéger la richesse patrimoniale et liturgique de l’Orthodoxie, la Grèce et Chypre ont demandé que le chant byzantin fût inscrit dans cette liste prestigieuse, protégée par le droit international.
Ce chant sur huit modes, différent de la musique occidentale qui n’en connaît que deux, le majeur et le mineur, prend racine dans des traditions antiques hellènes et fut produit dans l’Empire byzantin.Les premières traductions en grec seront ensuite déclinées en syrien, en arabe, en arménien et en géorgien, devenant le principal genre musical de l’Eglise orthodoxe grecque. Son répertoire est dense, inspiré des psaumes sous le titre de psaltique que l’on donne au chant byzantin.
Un art masculin à l’origine, qui sera repris par les femmes dans les couvents et les paroisses, selon le rapport rédigé à l’intention de l’Unesco. La musique est vocale exclusivement, et fondamentalement monophonique.
Ce chant est enseigné au Conservatoire d’Athènes, mais son usage dans les paroisses souffre de la diminution de la pratique liturgique byzantine.Et les jeunes générations perdent la faculté d’entendre les quarts de ton propres au chant byzantin en écoutant seulement de la musique tempérée et ses 12 demi-tons égaux.Vient donc le temps de vouloir protéger ce chant byzantin, et d’encourager sa transmission par le truchement du Patrimoine Immatériel de l’Humanité.
Richesse méditerranéenne, patrimoine européen, le profil de ce classement universel se voudrait un exercice de l’esprit humain qui ne veut perdre ses facultés orales et vocales autochtones, par trop sacrifiées aux propagations exclusives des répertoires musicaux contemporains.