En écho au récif nommé « la Roche ronde », le castelet dans l’avenue de l’Impératrice à Biarritz retrouve, après un sérieux lifting, son lustre d’antan rappelant l’histoire de ses anciens propriétaires.
Sur un terrain acquis par la banque parisienne en 1882, il fut édifié pour son propriétaire Paul Bernain, descendant d’une lignée de maîtres lithographes bayonnais, dont Eugène Bernain, devenu par la suite maire d'Anglet où un carrefour très passant porte son nom. Son fils Paul Bernain était parti à Paris où il fit fortune en fabriquant pour les fumeurs les premiers petits cahiers de papier à cigarette. Avec Paule Hélène Abadie épousée à Paris en 1874, il fit construire le castelet vendu cinq ans après le décès de leur fils.
En 1907, le Dr Eugène Willemin acquit la demeure, puis ce fut le tour de divers autres propriétaires dont la famille Elio, de noblesse espagnole, qui fit son acquisition et y donna de nombreuses réceptions pendant les années 1950. C’est cette famille qui fit construire la tourelle d'angle afin d'y loger un escalier de service. La reine Fabiola, future épouse du roi Baudoin de Belgique, viendra dans son enfance rendre visite à sa grand–mère qui y résidait.
L’architecture néogothique de la Roche ronde fut signée par l’architecte Alphonse Bertrand qui construisit en 1857 le Grand Hôtel à Biarritz. Malheureusement, ce bâtiment est aujourd'hui mutilé de son aile sud et s’est vu accoler, pendant les années soixante, une résidence moderne, véritable mur de l'Atlantique !
Puis, Alphonse Bertrand édifia l’établissement de bains de Biarritz dit « Bains-Napoléon », situé sur la Côte de l’Impératrice (actuelle Grande Plage), à l’extrémité orientale du domaine impérial, face à la Villa Eugénie qui surplombait la mer.
L’architecte construisit ensuite vers 1880 un autre bâtiment emblématique de Biarritz : perchée sur la roche du Halde, la villa Belza. C'était à l'origine un bâtiment rectangulaire auquel on ajouta quinze ans plus tard un donjon néo-moyenâgeux. Un autre rêve d’opérette !
A la même époque, l’architecte Bertrand avait renoué avec l’influence hispano-mauresque en construisant l’établissement de bains-casino de la nouvelle ville balnéaire d’Hendaye-Plage (1881-1885), d’une facture qu’il avait développée un quart de siècle plus tôt pour l’établissement de bains de Biarritz. « A partir des années 1830, le style à l’orientale est largement adopté pour les édifices publics de loisirs qui cherchent à provoquer l’étonnement par leur décor architectural. Mais il faut attendre le Second Empire, avec la mode de l’architecture remise au goût du jour par l’impératrice Eugénie pour que l’orientalisme se manifeste plus largement. Dans notre région, les stations balnéaires de Biarritz, Hendaye et Arcachon ont employé ce style mauresque pour des établissements publics, ainsi que les Thermes de Salies de Béarn ». Pierre Loti et ses récits avaient contribué à cet « engouement »…
Nommé inspecteur des édifices diocésains par l’architecte en chef responsable de la restauration de la Cathédrale à Bayonne Emile Boeswillwald en 1853, Alphonse Bertrand ne fut pas totalement rémunéré suite à ses mauvaises relations avec l’évêque. Il est révoqué en 1855.
Bibliographie :
« Biarritz promenade » Monique et Francis Rousseau Ed Atlantica
Emission Radio d’Alexandre de La Cerda