Au sortir proche de l’hiver le carême vient avec les solstices de saison, et l’avènement de la lumière pour les quarante jours favorables qui suivent..
Jusqu’au I ème siècle les dates liturgiques initiales variaient selon les églises locales et les évêques qui administrent dans leur communauté ce temps de préparation de la résurrection promise du christ pour les croyants, selon leurs habitudes particulières.
Il faudra attendre le Concile de Nicée 325 du calendrier chrétien pour s’établir sur ce délai de forte symbolique de quarante jours sur lesquels s’inscrivent les pas du Christ puis les nôtres, pour poser le temps de la conversion personnelle dans l’épreuve et le combat spirituel de toute purification et renouvèlement. Chemin de l’exode, des quarante jours, le message de Moise et des lois de l’alliance, le triste destin du déluge...
Par trop souvent, le carême rappelle des contraintes personnelles ou morales de la vie, elle feint de rapporter le désir de toute liberté individuelle du croyant sur six-sept semaines préparatoires, de refaire surface dans nos existences et se relever d’un hiver spirituel de léthargie ou d’habitude.
Le carême de vertu ou d’obligation laisse place de plus en plus à des choix personnels, qui ouvrent des horizons de la vie méconnus ou par trop laissés en friche en chacun de nous, la paresse, le répétitif, les conventions ou les habitudes. Mais encore l’indifférence spirituelle et l’omission de contrainte personnelle qui guide notre vie !
Traditionnellement de conversion, de privation, de prière et de partage, chacun de ces points retrouve aujourd’hui un contenu inattendu, laissé à l’initiative du croyant et du marcheur de Dieu que nous sommes, celui d’une étoile qui n’a porté son fruit et se consumera au fil des sept semaines préparatoires de Pâques, au rythme individuel de chacun de nous puis dans nos œuvres chrétiennes de la foi commune des croyants !
La liberté de la foi prenant le pas sur les convenances ou les obligations individuelles, le carême contemporain ouvre en de nombreuses églises, mouvements de spiritualité place à des temps de retraites, d’échanges entre croyants, de réunions de groupes individualisés, ou d’intériorisation liturgique et spirituelle de grande importance ! En donnant le temps de la réflexion, de la méditation et des échanges nécessaires d’une vie de partage.
Dans un couvent pour les uns, la solitude et la nature, en parcourant des initiatives pastorales telles en notre diocèse voulue par l’évêque sur La foi et l’Appel à la vocation chrétienne, et par bien des moyens contemporains de vivre le carême comme un temps d’exception de la foi personnelle.
Le carême permet d’acquérir un temps d’indépendance religieuse, une sollicitude de la vie de l’église partagée avec les autres, et une discipline de vie concernant les habitus, comprenez les conventions alimentaires en outre et nos propres conduites morales et spirituelles.
Le bien et bon manger, sans excès, sans inutilité, sans gaspillage ni contrainte, apprenant à avoir la maitrise de la vie de ses passions ou de ses fragilités, étant soi même et non pas seulement un consommateur de la vie guidée par d’autres, selon des desseins différents de nos attentes !
Se savoir capable de se priver par sa volonté ou sa vertu personnelle de tant de choses inutiles ou passagères, renforce notre aptitude à vouloir être maitres de nos vies, le sachant, le voulant et le pouvant !
D’autres choisiront des voies plus exigeantes, les retraites conventuelles, l’étude de la bible, le partage de la parole de Dieu lue quotidiennement et priée, l’écoute et l’intériorisation de la voix liturgique de la foi de l’église exposée par les Pères de la tradition, ou de grands fondateurs de mouvements de spiritualité de l’église, Benoît, François, Dominique, Thérèse, et tant d’autres d’hier et d’aujourd’hui !
Ce besoin de se ressourcer fait l’objet nouveau d’une attente contemporaine, non par contrainte mais par conviction.
Le pouvoir mieux s’alimenter, se faire et fabriquer, se déplacer ou encore travailler, gérer une vie propre et responsable des autres posent à frais nouveaux des questions inattendues dans la vie sociale de tout croyant en attente de ses propres réponses.
Aujourd’hui le destin de la terre, de la planète et de l’humanité en difficulté, menacé parfois ou en risque de sa survie, interroge la pratique du carême comme un apprentissage revisité par la réalité du monde qui est nôtre.
La paix, le jeu technologique des menaces sur l’état du monde créent un espace incertain nouveau d’espoirs déçus ou inassouvis, placés sous le signe du respect de la Création, du Créateur et de chacune des créatures que nous sommes, solidaires malgré nous d’un même destin de vie et de survie !
La conscience désormais demeure en effet que notre vie est solidaire de celle des autres sous toutes les latitudes du monde.
Le pape François dans ses encycliques le rappelle sans cesse.
¨Pas de salut de l’homme sans le salut de la terre, pas de destin de la vie chrétienne individuelle sans partage avec celui des hommes, même parfois ceux qui ne partagent les mêmes attentes ou les mêmes espérances que nous !
Il faut encore ajouter parmi nombre d’autres espoirs en attente le temps favorable du pardon de Dieu de nos vies passées et présentes, comme temps d’éclosion d’une densité meilleure, pacifiée et rendue libre de chaque liberté.
Parmi les observances de carême il y a en effet ce besoin de retournement individuel par la confession et l’aveu de nos propres certitudes.
Trop d’entre nous faisons notre propre barème du péché, ou du salut !
Selon nos critères ou nos assurances garanties tarifées au bas mot à notre convenance !
Il est dans la tradition spirituelle un rappel du culte divin et sacré rendu à la terre, au ciel, à l’eau et au feu sacré de la vie qui en temps de carême renouvèlent sans cesse le paysage de nos relations partagée avec toute vie commune qui nous entoure !
Chemin d’origine, de sens et de destinée personnelle le temps du carême invite à cet exercice chaque année personnel !