Dimanche 7 mars à 10h30, Monseigneur Celestino Migliore, le nouveau nonce apostolique à Paris (c’est-à-dire, l’ambassadeur du Vatican en France), présidera à la cathédrale la messe solennelle de la Saint-Léon concélébrée avec l’évêque de Bayonne, Mgr Aillet, et la participation du chœur de la Société Pottoroak.
Mgr Marc Aillet invite les Bayonnais et les fidèles du diocèse qui en ont la possibilité à participer à cette messe solennelle, qui sera retransmise en direct sur les ondes de Radio Lapurdi.
Rappelons que saint Léon (dont la fête est le 1er mars) fut le premier évêque de Bayonne et qu'il est le saint patron de la ville.
Né vers 850 dans la localité normande de Carentan, Léon fut d'abord archevêque de Rouen avant d'être envoyé avec ses deux frères Philippe et Gervais en mission d'évangélisation sur les rivages de la Vasconie, jusqu'en Navarre et en Biscaye. Les pirates normands qui sévissaient à Bayonne auraient été rendus furieux par les nombreuses conversions qu’il obtenait dans son nouveau diocèse.
Des tableaux représentent Saint Léon détruisant des idoles païennes. Il aurait même réduit en miettes une statue du dieu Mars par la seule force de son souffle. L'ayant surpris, les Normands tuèrent d’abord ses deux frères sous ses yeux. Et comme Léon continuait de prêcher l’Evangile, ils le décapitèrent ! Or, après sa décollation (peut-être le 1er mars 890), l'évêque bayonnais fit quelques pas en portant sa tête.
Une source jaillit au lieu où il s’effondra, dont l'eau miraculeuse soulageait les femmes en période d'accouchement et guérissait le mal des yeux. Bien que déplacée à cause de travaux il y a quelques années, la fontaine qui commémore l’événement est encore en place devant les murs de la ville. Ayant choisi Léon comme saint patron, le diocèse de Bayonne solennisa sa fête ainsi que celle de ses frères le premier dimanche de mars. C'est également le patrons des navigateurs en raison de ses voyages maritimes.
Au tréfonds de l’histoire bayonnaise
L’occasion pour nous de plonger dans les origines les plus anciennes de Bayonne… Origines encore bien obscures, - et jusqu’à son nom actuel, Bayonne - particulièrement pour la période s’étendant de la fin de l’Empire romain jusqu’à saint Léon qui aurait donc été son premier évêque.
D’après le chanoine Goïty, l'évangélisation atteignit notre région dès le Vème siècle. Propagée le long des voies romaines qui traversaient les « cités » au sens de pays : celles des Aquensium (Dax), des Benarnensium (Lescar) et des Iloronensium (Oloron). Le territoire de Lapurdum (Bayonne) dépendait alors de Dax.
Et c’est à cette époque qu’apparaît une organisation ecclésiale qui fait résider l’évêque dans le chef-lieu de la cité. L'histoire a retenu les noms de quelques-uns d’entre eux grâce à leur participation à des Conciles. A celui d'Agde en 506 prennent part Galactoire de Lescar, Gratien de Dax et Grat d'Oloron. Mais ce n’est que vers la fin du IXe siècle que l’on trouve mention du futur saint Léon qui aurait été le premier évêque de Bayonne !
Lapurdum ou Baïona ?
Or, Bayonne ayant été fondée bien avant le Moyen-âge, sous les Romains, et le diocèse ayant dû exister avant cet épisode de saint Léon et des Normands, la question se pose à propos de son nom : Lapurdum ou Baïona ?
En fait, beaucoup d’incertitudes subsistent à ce sujet. C'est seulement au cours du XIIème siècle que la cité aurait troqué son nom de Lapurdum contre celui de Baïona, à l'origine basque (très) incertaine : à « Ibaï Ona », la bonne rivière, ou « Ibaï gune », le lieu parcouru par la rivière, le savant linguiste qu'était le chanoine Lafitte préférait un rapprochement avec la Bayona de Galice (province de Pontevedra en Espagne) car il est possible que sur la petite motte émergeant des terres marécageuses se trouvait implanté d'abord un habitat celtique ; au IVème siècle, un document romain mentionne la résidence dans la cité de Lapurdum d'un tribun de cohorte (500 hommes environ). Il s'agissait d'un castrum ou camp militaire, entouré d'une palissade fortifiée dont les fondations sont toujours visibles autour de l'actuelle cathédrale. Cet ensemble était relié à un port fluvial, sans doute sur la Nive, dont le souvenir est attesté par le nom des rues Port de Castets et Port de Suzeye.
Puis la ville a dû s'étendre, gagnant de l'espace sur les marais avoisinants et les remparts ont été prolongés jusqu'aux berges.
Les raids des Vandales puis, au IXème siècle, les Normands qui décapitèrent saint Léon, portèrent un coup d'arrêt fatal à l’expansion de Bayonne. Mais dès avant l'an mille les rois de Navarre et leurs héritiers les vicomtes de Labourd, issus des rois de Pampelune, fixent à Bayonne leur capitale, qu’ils reconstruisent et font renaître à la vie sociale, commerciale et religieuse. La fière cité sera à la tête d'un évêché de Lapurdum qui, jusqu’au XVIe siècle, en plus du Labourd et de la Basse-Navarre, conservera la vallée de Baztan et, au-delà de la Bidassoa, la façade atlantique jusqu'à Saint-Sébastien et Hernani.
Cette unité politique et économique, la seule qu'ait jamais connue le Pays Basque sous le sceptre des rois de Navarre, ne dura guère. En effet, Après la prise de Bayonne par Richard Cœur de Lion, les Anglais, nouveaux maîtres des lieux, s'appuient sur les Gascons pour chasser de la ville les Basques et leurs vicomtes et prévenir tout soulèvement de leur part.
Mais ceci est une autre histoire…