Dimanche prochain 12 juin, nous célébrerons la fête de la Sainte Trinité : après Pâques, l’Ascension et Pentecôte ? Pourquoi et pour qui ?
Cinquante jours avant Pâques, nous étions en route vers ce rendez vous annuel du printemps. Fondée sur la pessah, la pâque juive dont nous avons conservé des traditions, particulièrement en Pays Basque : l’agneau pascal, les prières de bénédiction, le partage et la communion fraternelle, les pèlerinages aux sanctuaires locaux, où comme lundi à Ainhoa où nous appellions de nos voeux la protection des croyants, des biens et des récoltes.
Puis selon le calendrier de l’Église, nous continuons encore à entrer dans le mystère spirituel de la Résurrection, vers l’Ascension et Pentecôte. Chacune de ces manifestations divines ont du sens.
Ascension et Pentecôte parlent du Ressuscité monté vers l’horizon de l’Eternel, Pâques et Ascension sont la manifestation partagée de l’incarnation et de la montée en grâce vers le monde de l’éternité divine, Pâques et Pentecôte délivrent le sens de chaque vie incarnée, comme celle de Jésus qui ne s’accomplit qu’au terme d’une destinée spirituelle.
Or, les premiers chrétiens étaient de leur temps comme nous essayons d’être. Proches d’une religion de la terre, agricole chez les juifs et les romains. Les fêtes religieuses consistaient en la célébration des semailles, des récoltes et de la part réservée à l’Eternel - béni soit Son Nom, rien ne pouvait se révéler de Dieu sans observer le ciel, les lunaisons, et les phénomènes naturels que l’on discutait pour anticiper les volontés divines, au gré de ces variations.
Tempêtes, sécheresse, les aléas de la météorologie n’étaient pas seulement des phénomènes naturels, mais des manifestations divines dans le quotidien attaché à la Foi des chrétiens.
Les mêmes croyants adresseront alors à Dieu leur reconnaissance absolue en adoptant la Bible et les Evangiles comme le bien le plus précieux à transmettre aux générations suivantes, comme le langage de l’alliance ininterrompue de l’histoire de l’humanité avec le Créateur du monde.
L’histoire de l’Eglise au fil des siècles embrassera d’autres univers que celui des terriens de Palestine, et de l’empire romain.
La Grèce est là, entre Athènes et Alexandrie en Egypte. Ces deux cités chrétiennes à l’origine de l’église vont permettre la rencontre de la foi juive de jésus et l’échange de la philosophie hellène des habitants de ces cités de la méditerranée.
On y parle de langue, de pensée, de raison et d’entendement du verbe, ce langage commun que nous adoptons pour nous faire entendre, comprendre et échanger entre nous.
Les anciens convenaient que toute langue était empruntée à Dieu Lui-même, et gardait sa nature sacrée et immortelle. D’où venait cette faculté des hommes à se faire connaître, parler la même langue, ou le même dialecte, exprimer des idées, et pour les Grecs, des sagesses premières de leur culture méditerranéenne ?
Les Basques pour leur compte diffusent les bertsus, poésies improvisées de la tradition orale. Les Grecs lisaient, dans leurs réunions quotidiennes de prières, des poèmes empruntés à leur culture ancienne, aux psaumes et aux évangiles.
La transmission de la Foi en Jésus venue du Judaïsme où le rapport entre Dieu et la Foi est dans une relation directe -sans autre médiation que la transcendance- la Trinité d’un Dieu Père, du Fils du Père et de l’Esprit qui les unit, fut et demeure le langage inédit emprunté à la philosophie grecque pour exposer à ces penseurs d’un autre monde, le mystère chrétien des évangiles.
Le Concile de Nicée en 325 et le Concile de Chalcédoine en 451 en témoignent. Cet échange produira des fruits merveilleux. Les pères de l’Eglise grecque, avant même ceux de la tradition latine, la nôtre, vont dialoguer avec Dieu autour du verbe, du langage, de la pensée humaine, capables de transmettre avec de tels outils le contenu du message chrétien depuis les origines.
Athènes, Alexandrie, Rome seront les points de rencontre de ces grands esprits du passé et la réflexion trinitaire, le cœur des échanges, des disputes et des objets de discussions de synodes et de conciles locaux dès les premiers siècles de l’église.
Tout cela n’est pas réservé aux savants, mais pour nous tous ?
Ne pensons pas que le Dieu Père, Fils et Esprit soit une option facultative de notre Foi.
Jainkoa lehen, gogoetak baster tuz ?
Non point !
Si nous croyons pour nous mêmes comme saint Augustin d’Hippone, le converti berbère à Rome que le baptême nous fait entrer dans cette vie surnaturelle par la réception d’une grâce spéciale, alors notre vie prend sens et notre esprit se forge une compréhension de la foi personnelle, qui dépasse notre langue, nos parlers, nos traditions culturelles particulières. Mais sans ces outils, nous ne pourrions la penser et l’exprimer.
Nous entrons dans ce mystère partagé de notre vie entre Dieu le Père, son Fils que nous sommes et l’Esprit souverain et unique qui nous réunit ensemble.
Notre aptitude a emprunter au Verbe divin ce pouvoir de parler le langage de la Foi, par la parole, le phrasé et la poésie de toute vie, nous aident à partager le langage de la Foi chrétienne.
Roger Etchegaray – témoin reconnu de Verbum Dei au Concile Vatican II, en donna un exemple vivant en ce lieu où repose le corps du vénérable cardinal.
La Parole de Dieu aujourd’hui qui continue à nous parler de multiples façons, le texte, l’image, le son, la voix humaine et la vie intérieure de l’esprit.
Les moyens ont pu changer, l’intention de leurs auteurs s’est enrichie, le message demeure, celui de la foi qui n’hésite à emprunter les codes de l’expression illimitée de la connaissance pour rejoindre Dieu dans sa Parole.
Chez nous par la langue, l’expression orale, l’improvisation du verbe, le témoignage de la foi personnelle, et l’engagement humain à la faveur des causes les plus proches de la vocation chrétienne. Le partage, le sens de la paix et celui de la communion avec les hommes de toutes langues, peuples et nations.
La Trinité nous fait vivre et si nous vivons par elle. La Foi en ces trois personnes nous conforte dans ce partage des rôles et des actions qui qualifient la Foi chrétienne pour aujourd’hui !