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Une tradition
La procession des chandelles du 2 février
La procession des chandelles du 2 février

| François-Xavier Esponde 993 mots

La procession des chandelles du 2 février

On ne se lasse jamais en février lors de la chandeleur de prévoir les chandelles de circonstance à l’église et dans les familles rurales du pays. Vieille coutume qui n’a pas encore disparue !
De forme torsadée, de cire et de miel le cierge utilisé ne laisse place à l’improvisation. Chaque symbole compte.
La senteur et la couleur de la flamme se commentent, c’est le temps du retour à la lumière au sortir de l’hiver.

 Les Romains, héritiers en cela d’autres cultures antérieures, célébraient leurs Lupercales ou le culte à Romulus et Rémus aux portes de la grotte romaine où se cultivait le culte aux fondateurs de la ville.
De la croyance direz-vous, de la superstition diront d’aucuns, de la symbolique penseront les fidèles de la mémoire d’un culte antique rendu au soleil par des adeptes porteurs de chandelles et de flammes en procession jusqu’aux églises, les plus grandes comme les plus petites.

Les orthodoxes considèrent la Présentation ou fête du 2 février comme l’un des douze fêtes liturgiques de la communauté quarante jours après la naissance de l’enfant dieu.

L’horizon des lupercales du 15 février arborait le culte porté au dieu protecteur des troupeaux et à la fécondité animale et humaine.
On célébrait encore à Rome les Feralia dans ce même temps et ce pour une destination proche.

La procession aux flambeaux ouvrait la voie de la purification au sortir de l’hiver, et si le culte était romain et latin bien avant de devenir latin et chrétien, le dialogue engagé par le pape Gélase Premier et le Sénateur Andromachus s’accordait pour en faire une fête commune de purification et pour l’aristocratie romaine et pour l’église gênée aux entournures par la concurrence de cette célébration “paienne” juxtaposée au 2 février à la fête de la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem, objet de vénération depuis le IV ème siècle dans la ville sainte des chrétiens.

Les homélies reconnues sur le thème prononcées à Jérusalem ce 2 février comptent dans l’histoire de l’Eglise naissante.

Méthode de Patare dès 312 ou le Pseudo Cyrille de Jérusalem, Grégoire de Nysse en 400 ou Saint jean Chrysostome en 407 prouvent la primauté du culte rendu à jésus sur celle rendue aux lupercales à Rome aux fondateurs légendaires de la ville, Romulus et Remus !

Le récit du pèlerinage d’Egerie de 381-384 donnera crédit au témoignage du pèlerin de la ville sainte qui rapporte le déroulé somptueux de ce culte rendu à l’Enfant Roi lors de sa présentation au temple de la ville.

40 jours après Noël des autres chrétiens, les Arméniens ont conservé leur nativité le 2 février, selon leur calendrier julien antérieur au grégorien et resté en l’état jusqu’aujourd’hui.
Un document d’époque antique en donne la trame : “le quarantième jour après l’épiphanie en vérité se célèbre ici en très grande pompe la réunion à l’Anastasis de cet événement.
Les prêtres invités à prêcher l’évêque proclame l’évangile selon lequel Joseph et Marie portent le seigneur au temple. Syméon et la prophétesse Anne  accueillent les parents conformément au récit raconté par l’évangile de Luc, dont on connait le propos rapporté par le vieux sage.”

 Le temps de Noël durant quarante jours avant et quarante après, on reconnait que ce délai est le temps voulu par l’Eternel pour concilier l’orient et l’occident dans cette manifestation de la foi autour de la naissance de l’enfant jésus.

Au regard de l’histoire il n’y a de confusion entre les lupercales romaines et la présentation de Jésus à Jérusalem.

On se souvient cependant de la peste de Justinien en 341 qui fit de nombreuses victimes à Rome et qui réveilla le culte de la lumière et des chandelles pour entraver la propagation virale dans la ville éternelle soumise à l’épidémie et à la mort.

Les celtes ont eux aussi conservé ce culte du début de l’année a la lumière organisant dans leurs terres agricoles alentour des processions nocturnes pour apaiser la colère des esprits malfaisants et les menaces sur leurs récoltes prochaines.

Le caractère universel et comparé de ces fêtes de chandelles de saison prouve leur rayonnement en diverses latitudes du monde de leur temps jusqu’aux rites des relevailles lors de toute maternité qui accompagnaient le retour à la vie d’une mère lors de son enfantement par cette fête de la Présentation.

Il n’est pas de tradition locale telle celle de Tenerife en Espagne où les populations célébraient la déesse de toute fécondité illustrée comme une vierge mère auréolée de chandelles, de lumières. Une preuve de plus de l’antériorité de certains cultes autochtones qui embrassèrent les rites chrétiens sans renoncer à leur origine mais voulant les adapter aux circonstances !

Il est enfin un culte peu déclaré à l’ours contemporain de cette époque. Le réveil de l’ours au terme d’une hivernation faisait l’objet d’une célébration festive, on racontait tout au long des XII au XVIIIème siècle que “la chandelours” entré dans le langage populaire attirait l’intérêt des populations promptes à ce réveil de l’animal enfoui dans sa grotte dont il fallait craindre la faim sur les troupeaux.

L’histoire ne dit mot pour nous où sommeille en attendant le charbonnier de carnaval qui arborera prochainement ses attributs spartiates pour ajouter à la gaieté de février la venue prochaine du printemps et de l’ours domestique ?

Toute fête religieuse et chrétienne de surcroit ayant eu des antécédents païens ou non chrétiens, il faut se souvenir qu’à Rome le dieu des enfers Pluton et sa mère Cérès avaient caché leur progéniture dans les antres de la terre, une menace pour la survie de l’espèce humaine.
On fit adresse à Jupiter pour que la fille revienne sur la terre six mois de l’année le temps des récoltes, le reste des six mois étant laissé à ses libéralités. Un rappel légendaire d’une mythologie romaine à profusion sur ces récits imaginaires où de toute évidence un rapport à la vie de chacun est enrichi de telles histoires particulièrement denses dans ces sociétés méditerranéennes ferventes de ces sources.

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