Les Romains se préparent à célébrer comme chaque année la naissance de la Ville, le 21 avril, à l’occasion du 2771ème Anniversaire de sa fondation par Romulus.
Une légende dorée, portée comme le mémorial inoubliable des sujets de l’Empire du temps passé dont les Italiens portent le souvenir ineffaçable de leurs origines.
21 avril 753 avant Jésus Christ : Romulus accomplit cette fondation en traçant le sillon conforté par les confirmations de Varrone et les calculs astrologiques de Lucio Taruzio.
Les célébrations festives de cet anniversaire habillent la ville dans ses atours de lumière, autour du « Circo massimo », le cœur de la fête.
Toutes les régions de l’Italie sont de la fête, Italiens de toutes les provinces et représentants d’autres pays européens et du nord de l’Afrique qui firent partie du prestigieux Empire du temps passé.
Bulgares, Roumains, Polonais, Anglais célèbrent la grandeur de l’Empire latin. Plus de cinquante associations proposent leurs idées communes autour de cette manifestation de prestige. Des milliers de gens costumés reproduisent les récits historiques du passé de la Rome impériale éternelle. Historiens, universitaires et chercheurs travaillent à vérifier que les reconstitutions historiques soient conformes aux archives et aux documents authentifiant leurs sources.
Le rite premier demeure l’allumage du feu qui amorce le cortège des suivants sillonnant la ville dans les artères historiques de la cité.
On n’est pas surpris de voir que les mêmes sites furent empruntés par les chrétiens qui perpétuèrent eux aussi ces origines mémorielles dans cette conjonction de deux histoires, celle de l’empire et celle des religieux qui conduisent à leur tour cette mémoire.
Les tableaux de reconstitution historique sont remarquables, et le 21 avril, jour anniversaire célébré par les romains de la Ville éternelle, donne lieu à une apothéose de lumières et d’exhibitions que l’on vient admirer du monde entier.
Dès le 19 avril, on célèbre - outre Romulus - les palilla - dieu Palès fondateur de Rome lui aussi et protecteur de la ville. Les bergers brûlent des fagots de bois et de paille et sautent sur ces bûchers en flamme par une pratique de purification que l’on retrouve en d’autres circonstances rappelant la mémoire de jean Baptiste ...
Ce même jour, encore, le premier vin est placé sous la protection de ces divinités de la terre et du ciel.
Le 25 avril, les Robigales invoquent les dieux contre la rouille qui met en danger la récolte des vignes dans la péninsule. Un chien roux est sacrifié au soleil pour lui demander de les protéger du virus menaçant la récolte.
Enfin, les fêtes de Flore, fin avril, où se mêlent alcool et sexe pour les libations traditionnelles de la nouvelle année - passablement arrosées - n’ont rien à envier à celles que nous connaissons dans nos régions à l’occasion des emphases de l’année.
La colline de l’Aventin, dit-on, se couvre le soir, au coucher du soleil, des lumières des bougies et des chandeliers, ou d’une lumière plus contemporaine. Les Romains perpétuent leur histoire dans une ferveur typiquement « à l’italienne ».
Fièrement dotés d’une civilisation antique sans laquelle nous ne serions pas nés nous-mêmes, dans un environnement tribal, guerrier et destructeur du passé… Les couches sociales d’antan, des marins, aux laboureurs, des commerçants, des esclaves aux manutentionnaires du port, des sénateurs aux juges et de toutes origines venues vivre à Rome avaient leurs propres usages lors de ces anniversaires et les honoraient en les habillant de couronnes de fleurs et d’offrandes sacrées. Les plus fortunés sacrifiaient le taureau blanc aux libations et aux consommations de table, les moins lotis disposaient du mouton et du veau de moindre dépense, et les militaires sacrifiaient à leur tour aux mets arrosés de vin d’Italie déjà servi ce 21 avril pour leurs libations.
Soldats et laboureurs fondaient le socle social d’une vie commune partagée dans une ville où ces deux corps de métier faisaient nombre et disposaient de leurs territoires protégés des dieux et des hommes.
En avril le calendrier des festivités dans la ville était faste.
La concordance des fêtes civiles et patriotiques du passé et de celles plus récentes des fêtes chrétienne ne doit sans doute rien au hasard. Ces derniers n’abandonnèrent jamais ces coutumes, mais leur donnèrent une expression autre et confirmée par le calendrier d’avril de chaque année.
Plus de deux mille sept cents ans d’histoire donnent aux habitants de la Ville Eternelle la fierté patriotique de figurer dans le cours de l’histoire de l’Europe au milieu des autres communautés humaines enracinées et porteuses d’espoir du temps qui vient !
François-Xavier Esponde
Légende photo : Le mythe de la fondation de Rome