1 - la Croix dans la tradition des Hébreux
Le 14 septembre, la vénération de la Sainte Croix se rattache aux solennités de la dédicace de la Basilique de la Résurrection érigée en 335 sur le tombeau du Christ.
Mais ce rapport est pour un croyant greffé sur le récit biblique du dixième jour du septième mois du Grand Pardon I verset 23,27, à savoir le Yom Kippour. A partir du quinzième jour de ce septième mois, le premier du mois, ce sera pendant sept jours la fête des Tentes en l'honneur du Seigneur v 34. Salomon choisit cette date pour célébrer la dédicace du Temple 1, R 8,2.65. Nul doute que la référence du Livre des Hébreux interprète le sacrifice du Christ en ce jour des Expiations H 9, 6-12.
C'est au cours de la fête des Tentes que Jésus déclara "Si quelqu'un a soif qu'il vienne à moi" Jean 7,37
Le Christ sur la croix expie les péchés de la multitude, la croix est pour le peuple chrétien le signe de l'espérance du royaume que le peuple juif célébrait lors de la fête des Tentes
- Croix devenue seule fierté chrétienne, dans la filiation spirituelle juive qui la vénère et l'instruit.
- Croix plantée au paradis originel qui disparut avec la création pour Adam comme fruit de mort, l'arbre de la Croix porte pour nous un fruit de vie, en christ notre salut, notre propre vie et notre résurrection.
Comprenons la profondeur et la dimension christique de la croix pour l'Eglise universelle dans les tourments de la vie et de notre destinée !
2 - Croix enracinée dans l'histoire de la foi chrétienne
Si nous aimons porter "la croix en pendentif", nous mesurons dés lors la valeur spirituelle de ce talisman chrétien.
Mais historiquement, la croix ne s'introduit dans le paysage originel qu'au début du IIIème siècle par des signes gravés sur la pierre, ou comme une ancre ancienne avec une barre transversale.
La croix n'avait rien d'enviable dans la société romaine comme instrument du supplice réservé aux esclaves punis de leurs actes.
L'Epitre aux Galates répète : "Il est maudit celui qui est pendu au bois du supplice", 3,13 .
On présume de la conversion demandée aux nouveaux convertis de la foi chrétienne, face à ce modèle peu enviable et pour leur maître, et pour leur vie.
"Les grands prêtres et nos chefs l'ont livré, ils l'ont fait condamner à mort, et ils l'ont crucifié. Nous, nous espérions que c'était lui qui allait délivrer Israël" Luc 24 20-21.
Il faudra un sursaut à Pentecôte pour relever le défi de l'esprit : "Que toute la maison d'Israël le sache donc avec certitude, Dieu l'a fait seigneur, et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié" Ac 2, 36.
La croix glorieuse est bien greffée dans cette histoire douloureuse de notre Sauveur.
Il demeure que nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes, mais pour ceux que Dieu appelle qu'ils soient juifs ou grecs, "ce Messie, ce Christ est puissance de dieu et sagesse de Dieu" 1 Co 1, 23-24.
Le visage du crucifié a connu toutes les carricatures du passé, dont celle retrouvée sur le Palatin du "crucifié à tête d'âne" adoré par un témoin avec comme légende, "Alexamène adore son Dieu" !
Le IVème siècle changea le visage de cette histoire et le regard porté sur la croix elle même.
En 312, le songe de Constantin est incroyable. Monté sur le trône en 306, il se ligue avec Licinius pour le pouvoir contre Maxence. La victoire revient à Constantin au pont Milvius.
Avant ce combat rude, Constantin eut une vision racontée par Eusèbe de Césarée en 337. "Tandis que le soleil déclinait Constantin vit de ses yeux le signe de la croix éclatant de lumière au milieu du ciel avec ces mots PAR ELLE tu vaincras". Une autre apparition lui demanda "de faire des emblèmes militaires avec le signe de la croix pour en user au combat comme d'une arme de victoire" : sur les étendards, on trouva les traits en grec, KHI et RHO, initiales du Christ, pour ses soldats.
Autre événement historique, la dédicace de l'église du Saint Sépulcre à Jérusalem comme racontée par Egérie, la pèlerine célèbre, en 335.
On y apprend le rôle tenu par Hélène la mère de Constantin découvrant la vraie Croix quelques années avant 335.
Des reliques sont partagés en des églises antiques et premières. Saint Cyrille atteste, "Le saint bois de la croix rend témoignage, celui que l'on peut voir à ce jour parmi nous et qui en raison des prélèvements que la foi y a multipliés a rempli désormais presque toute la terre" selon les catéchèses baptismales de Cyrille X, 19 !
La Croix devint objet de chantage et trophée de guerre entre chrétiens et Perses dès 614. Les églises de Jérusalem sont ruinées, la population décimée, la vraie Croix emportée, et ne sera récupérée qu'en 630 pour être mise à l'abri à Constantinople chez les chrétiens orientaux.
L'une des plus anciennes représentations de la croix est à Rome disent les historiens de l'église ancienne, à l'église Sainte Prudentielle. Comme un bijou ayant appartenu à quelque dame de la haute société, serti d'or et de pierres reproduisant le modèle voulu par Constantin après sa vision à l'endroit où sa mère avait découvert la vraie croix.
Comprenons donc l'ancienneté du signe de la croix que nous avons adoptée depuis le VIIIème siècle.
Nul doute que la croix renvoie à la foi des anciens hébreux, "De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut il que le Fils de l'homme soit élevé, afin qu'en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle" Jean 3, 14-15.
En écho au Vendredi Saint tel que pratiqué par les chrétiens, l'Hymne Vexilla regis du VIème siècle rappelle : "Les étendards du Roi s'avancent, Mystère éclatant de la Croix, Arbre dont la beauté rayonne O CROIX Salut espoir unique". André de Crète au VIIème siècle confère l'authenticité et la mémoire antique de la foi chrétienne en disant dans une homélie "La Croix est à la fois la souffrance et le trophée de Dieu, Tu vois, la croix est la gloire et l'exaltation du Christ" !
NDLR : Par ailleurs, vous trouverez le texte de la vigile de l’Exaltation de la Sainte Croix (en version bilingue slavon-français) en cliquant sur :
https://orthodoxie.com/wp-content/uploads/2020/09/OFFICE-DE-LEXALTATION-DE-LA-CROIX-BILINGUE-SLAVON-FRANCAIS-ED.-2020.pdf