Que Jésus n’ait pas existé se fonde sur l’argument que la littérature contemporaine et non chrétienne ne parle pas de lui, Les 4 évangiles et le récit discordant de leur contenu n’est pas une source historique fiable.
Depuis le XVIIIème au XIXème siècle, autour des exégètes protestants, la recherche se met en quête du Jésus historique.
Au XXème siècle, le philosophe Michel Onfray avec son livre « La théorie de Jésus » paru en novembre dernier, suite à son précédent Traité d’archéologie paru en 2005 et « Décadence » (2017) conforte l’idée d’un « mythe » de Jésus.
Deux écoles s’opposent aujourd’hui encore sur l’histoire de Jésus.
Daniel Marguerat, exégète et bibliste protestant suisse répond à Michel Onfray dans « Vie & destin de Jésus de Nazareth » (2019).
Neuf sources non chrétiennes mentionnent l’existence de Jésus :
- Flavius Josèphe, Tacite, Suétone, Pline le Jeune, Lucien de Sarosate, Galien, Mara Las Sérapion, Celse et le Talmud de Babylone.
Quant aux sources chrétiennes, elles sont au nombre de dix, en plus du Nouveau Testament.
« Jésus est le personnage de l’Antiquité sur lequel on est le plus documenté en quantité et en qualité », dit Daniel Marguerat.
L’apôtre Paul est le premier de ces auteurs, vingt ans après la mort de Jésus. Si Son existence ne fait pas de doute, l’interprétation de Son message de l’Homme crucifié demeure.
Tous les quatre Evangiles écrits entre 65 et 95 après J.C. sont déjà issus de la troisième génération chrétienne « comme un sous-genre » de la biographie gréco-romaine de Jésus.
Un récit de la Foi habité d’éléments historiques…
L’évangéliste Luc prend soin d’avoir recueilli avec précision « des informations sur ce qui s’est passé depuis le début » (Luc 1, 3).
L’évangéliste Jean veut en être le témoin.
Chaque évangéliste dispose d’une tradition orale et documentaire différente. Mais Luc est le seul à rapporter des paraboles non mentionnées par les trois autres évangélistes.
Chacun propose une interprétation de la vie théologique de Jésus qui lui soit propre.
Les communautés empruntent les éléments de cette vie qui leur semblent importants.
Vient alors la question sous-jacente, le Christ de la Foi recoupe-t-il le Jésus de l’Histoire ?
Au XIXème siècle, la méthode historico-critique utilisée pour étudier les textes bibliques a creusé le fossé entre la Foi et l’Histoire.
Jésus demeure cette figure admirable, privée d’attribut divin. Jésus-homme ou Prométhée ?
Pourtant, dit Renaud Silly, exégète dominicain : « tout ce que nous pouvons dire de Sa Divinité doit nécessairement passer par son Humanité, sur laquelle on peut enquêter ».
Le dogme du Concile du Chalcédoine en 451 rappelle « deux natures dans une même personne, sans confusion ni séparation ».
Le Jésus de l’Histoire a conscience d’être le Messie ou le Christ, qui concentre les trois types de messianisme présents dans les Ecritures juives du Roi, du Prêtre et du Prophète.
Jésus de l’Histoire et Jésus de la mythologie embrassent les deux lectures de Sa vie, de Sa mission, selon le degré de foi attaché à Son message.
Le degré d’adhésion est personnel, il ne fait l’objet d’aucun choix imposé à la raison des sens, ni à l’entendement des autres.
Le miracle de ce récit est contenu dans le récit lui-même.
Plus de 2.000 ans sont passés ; Jeshua, Dieu qui nous sauve, continue d’interroger les contemporains.
S’il a bien existé, il n’en demeure pas moins que la question reste posée à chacun : au croyant, au sceptique, à l’agnostique et à l’athée.
Somme toute, encore beaucoup de réponses à l’horizon d’une histoire inachevée.
Bibliographie en réponse à Michel Onfray :
- « Non, le Christ n’est pas un mythe » de Matthieu Lavagna (éditeur Arpège)
- « Monsieur Onfray au pays des mythes » de Jean-Marie Salamito, de la Sorbonne (2017)
Le sujet de Jésus danS l’Histoire, mythe ou réalité, continue d’alimenter les recherches...
« Le dimanche de Pâques, nous chanterons : « La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux » (séquence pascale). Qui pourrait nier l’actualité de ces paroles en ces temps où la mort semble omniprésente jusqu’à l’obsession ? Pas un jour où l’on ne déplore des victimes de la guerre en Ukraine ou en Terre Sainte et où, au lieu d’exiger des négociations pour faire la paix et mettre fin aux massacres, comme le réclame constamment le pape François, on se dit prêt à alimenter la surenchère des armes. La transgression de l’interdit de tuer qui s’inscrit symboliquement dans la Constitution de notre pays, comme un droit fondamental : l’euphorie collective qui a accompagné le vote du Parlement masque si mal le drame vécu par tant de femmes, auxquelles les pressions sociales et les difficultés économiques n’ont fréquemment pas laissé le choix, et la mort imposée à l’enfant à naître, qui demeure le grand oublié des débats.
Et aujourd’hui le projet de loi sur la fin de vie présenté par le président de la République qui ose parler d’une « loi de fraternité », quand sont promus le suicide assisté et l’euthanasie : Mgr Eric de Moulins Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, a parlé de « tromperie » ; les soignants qui se dévouent pour accompagner la vie jusqu’au bout ont exprimé leur colère, regrettant de ne pas avoir été associés à ce projet de loi ; l’éditorialiste de l’hebdomadaire La Vie a taxé ce projet de loi de « folie » ; les évêques de France, dans leur déclaration du 19 mars, « Ne dévoyons pas la fraternité ! », affirment : « C’est un impératif d’humanité et de fraternité que de soulager la souffrance et d’offrir à chacun la fin de vie la mieux accompagnée plutôt que de l’interrompre par un geste létal. Notre idéal démocratique, si fragile et si nécessaire, repose sur l’interdit fondateur de donner la mort ».
Pourquoi les soins palliatifs sont-ils encore si méconnus ? Pourquoi leur accès est-il encore si limité dans nombre de départements ? Pourquoi nos hôpitaux souffrent-ils d’un manque cruel de moyens et de personnels pour soigner, soulager, accompagner ? Où trouvons-nous les milliards pour promouvoir la guerre, quand notre système de santé est si malade ?
Certes, à l’heure de l’obscurcissement des consciences, il ne s’agirait pas de se contenter de dénoncer ces avancées funestes de la « culture de mort » (Jean Paul II), encore moins de condamner quiconque. Mais il semble que le dialogue institutionnel soit devenu une voie sans issue. Pour autant, il ne serait pas raisonnable de se résigner, encore moins de se décourager. Nous chrétiens, en effet, nous croyons que si « Le Maître de la vie mourut : vivant, il règne » (séquence pascale). Oui : « Nous le savons, le Christ est vraiment ressuscité des morts » (Ibid.), lui qui est la Résurrection et la Vie. C’est notre espérance qui nous encourage à proclamer, célébrer et servir sans relâche l’Évangile de la Vie ! Il est urgent de parler à la conscience des gens, de proclamer la beauté de la vie et de Celui qui en est l’auteur ; il faut encore que notre charité se fasse toujours plus inventive pour accompagner la vie jusqu’au bout dans nos familles, dans les Ehpad, dans les hôpitaux…
Avec les évêques de France, j’exprime un vœu en cette fête de la résurrection : « Le message de Pâques, que chacun peut accueillir à sa manière, est le triomphe de l’amour et de la vie sur la souffrance et le sentiment d’abandon. Que l’espérance de cette lumière pascale éclaire et encourage tous nos concitoyens et tous leurs représentants au seuil d’un débat décisif pour le présent et pour l’avenir de notre commune humanité » (Déclaration du 19 mars) ».
Mgr Marc Aillet +