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Tradition
Jérusalem : les églises demandent une zone chrétienne spéciale de patrimoine culturel
Jérusalem : les églises demandent une zone chrétienne spéciale de patrimoine culturel

| Mikel Erramouspe et ALC 1120 mots

Jérusalem : les églises demandent une zone chrétienne spéciale de patrimoine culturel

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Les Bénédictins de Belloc à Jérusalem ©
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En écho à l’article du Père Esponde « Chrétiens en Terre Sainte », il convient de signaler que lundi dernier 13 décembre, treize patriarches et chefs d’Églises chrétiennes de Jérusalem avaient publié une déclaration alertant les autorités et l’opinion publique de la menace que représente pour la présence chrétienne en Terre Sainte l’activité de groupes radicaux ; ils citent des faits de violences physiques et d’offenses contre des membres du clergé, des agressions contre les églises chrétiennes, des actes de vandalisme sur des sanctuaires, des attaques à l’intégrité et à l’identité culturelle du quartier chrétien de la vieille ville, leur but étant, au final, de chasser la communauté chrétienne de Jérusalem.
Le patriarche Théophile III de Jérusalem et de toute la Palestine, primat de l’Église orthodoxe de Jérusalem, le patriarche arménien de Jérusalem, Nourkhan Manoukian, et l’archevêque Pierbattista Pizzaballa, administrateur apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem, figurent parmi les signataires, avec d’autres leaders chrétiens de la région.
Dans leur déclaration, ils indiquent entre autre : « Partout en Terre Sainte, les chrétiens sont devenus la cible d’attaques fréquentes et soutenues de la part de groupes radicaux. Depuis 2012, des prêtres et d’autres représentants du clergé sont soumis à de multiples agressions physiques et verbales ; des églises chrétiennes sont attaquées, des actes de vandalisme et des profanations sont commis dans les lieux saints, les chrétiens locaux sont constamment victimes d’intimidations, alors qu’ils ne souhaitent que confesser librement leur foi et mener une vie ordinaire. En appliquant systématiquement cette tactique, les groupes radicaux cherchent à chasser la communauté chrétienne de Jérusalem et d’autres parties de la Terre Sainte ».
(…) Or, « le tourisme et les pèlerinages chrétiens, un droit que peut exercer tout chrétien dans le monde, rapporte à Jérusalem un profit énorme, contribuant au développement de son économie et de sa société. Suivant un rapport récent de l’université de Birmingham, les pèlerinages et le tourisme chrétiens rapportent trois milliards de dollars à l’économie israélienne. La communauté chrétienne locale, petite en nombre, et de moins en moins nombreuse, assure un ensemble de services disproportionnellement large dans différents domaines, notamment dans l’enseignement et la santé en Israël, en Palestine et en Jordanie.
Les autorités politiques locales d’Israël, de Palestine et de Jordanie ayant publiquement déclaré leur intention de défendre la liberté religieuse, nous les appelons à un dialogue urgent avec nous, leaders des Églises, dans les objectifs suivants :
1) Répondre aux défis lancés par les groupes radicaux de Jérusalem tant à la communauté chrétienne qu’à l’état de droit et au principe de primauté de la loi, afin de garantir qu’aucun citoyen, qu’aucune institution ne sera confronté à la menace de violences et d’actes d’intimidation ;
2) Entamer un dialogue en vue de la création d’une zone chrétienne spéciale de patrimoine culturel, afin d’assurer l’intégrité du quartier chrétien de la vieille ville de Jérusalem et de préserver son originalité et son patrimoine au nom du bien-être de la communauté locale, du pays et du monde.

L’occasion de rappeler une intéressante étude de Mikel Erramouspe parue dans notre « Lettre du Pays Basque » du 26 avril 2018 concernant la présence de religieux basques en Terre Sainte au siècle dernier, alors que le diocèse de Bayonne accueille actuellement quelques familles de ces chrétiens d’Orient, premières victimes désignées de la fureur islamiste. ALC

Les Bénédictins de Belloc à Jérusalem

Nous sommes en 1899. Les Bénédictins cherchent à s’implanter à Jérusalem. On leur propose de s’installer à Abu-Gosh. L’église de cette localité est en fait une ruine mais il se trouve qu’elle est la propriété de la France et que celle-ci cherche, en y installant une communauté religieuse française, à asseoir sa présence dans cet Orient en pleine recomposition.

Ce projet s’inscrivait totalement dans les desseins du pape Léon XIII qui cherchait à renforcer les églises catholiques d’Orient. Il avait déjà confié au cardinal Lavigerie le séminaire Sainte-Anne à Jérusalem pour former le clergé melkite. Par le motu proprio du 14 novembre 1899, il confie donc la responsabilité du séminaire syriaque aux Bénédictins.

« Considérant les avantages considérables que les fils du patriarche saint Benoît peuvent procurer aux chrétiens d’Orient, soit par l’exercice des fonctions sacrées, soit par la création d’un centre d’études (…) autorisons les supérieurs de la congrégation bénédictine de la primitive observance à prendre possession du sanctuaire Abu-Gosh et à établir une communauté pour vaquer au culte divin et promouvoir les études et ainsi procurer les plus grands avantages aux chrétiens d’Orient ».

En 1901, le patriarche Ephrem II Rahmani demanda à Léon XIII l’ouverture d’un séminaire pour le rite syriaque. L’église syriaque est cette église née avant le VIIème siècle avec une liturgie propre : le rite syriaque. Au XVIIIème siècle à Alep, deux patriarches syriaques devinrent catholiques tandis que les autres patriarches de ce rite restèrent orthodoxes. C’est un bénédictin originaire de la maison Xiloinea des Aldudes qui est chargé de sa mise en œuvre. Il a pour mission de restaurer l’ancienne église d’Abu-Gosh et de construire un monastère-séminaire sur le Mont des Oliviers.

Au service du rite syriaque.

En 1904, le séminaire ouvre avec douze séminaristes. Et le travail commence : les pères Anselme Chivas-Lassale, originaire de Baigts de Béarn, et Julien Puyade se mirent à collecter puis à mettre par écrit les chants de la liturgie syriaque, jusque-là transmis par tradition orale. Des trésors musicaux liturgiques seraient désormais conservés.

Se joindront à eux notamment, le père Téophane Ardans, de la maison Menta aux Aldudes, et le père Gabriel Lertxundi de Ciboure. Ce dernier, à son retour de Jérusalem se consacrera au renouveau liturgique en langue basque.

L’œuvre se poursuivra jusqu’en 1952 et c’est dans un grand déchirement que le père Chivas-Lassale et ses confrères rentrent à Belloc.

Le bilan de ces 50 années de labeur est éloquent : 52 prêtres « doctes et pieux » ainsi que des patriarches comme Ignace Ier - créé cardinal en 2000 par Jean Paul II -, le patriarche de l’église syriaque Abd-el-Ahad, ainsi que 10 évêques.

Le drame des chrétiens d’Orient.

Nous voici en 2018. Le drame qui accable la Syrie et l’Irak et en particulier les chrétiens d’Orient font affluer vers l’Europe bon nombre de réfugiés.
Parmi eux, des familles ont été accueillies dans notre diocèse à Bayonne, Biarritz, Guétary… Cette année-là, Mgr Aillet avait tenu à les inviter à la journée diocésaine du 6 mai. C’est alors qu’était venue l’idée de les associer à prier avec nous, en syriaque et en araméen, lors des vêpres qui eurent lieu à la cathédrale de Bayonne, l’occasion de faire revivre ces liens si riches entre nos églises.

Un grand merci au frère Marc Doucet qui nous a aidé à reconstituer cette histoire et qui nous a ouvert les archives de l’abbaye (« Des hommes travaillés par Dieu » de Marc Doucet aux éditions du Cerf/histoire).

Mikel Erramouspe

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