Dans le calendrier romain ancien que nous citons, Jean Baptiste est un saint particulier dont on célèbre et la naissance le 24 juin et la mort survenue par son martyre le 29 août !
Cette mémoire fait entrer et le juif et le chrétien dans le mystère de ce témoignage à la vérité du Christ et au questionnement de tout sémite interrogeant la vie de Yeshua.
Dans le texte liturgique de ce jour anniversaire, inspiré du psaume 118, il est rappelé "Devant les rois j'ai parlé de tes exigences et je n'ai pas été humilié. Je trouve mon plaisir en tes volontés, oui, vraiment je les aime".
Il a donné sa vie pour la justice et la vérité, et dans la prière sur les offrandes il est dit, "Voix de celui qui crie dans le désert". Une voix rude des auteurs des apocalypses pour annoncer des immédiatetés redoutables, la cognée à la racine des arbres, la pelle à vanner pour trier le grain d'avec la paille Mt 3, 10-12.
Il tient ses propos "pour une engeance de vipères comprenez les fils du diable, v 7" Il annonce la colère prochaine qui appelle à une conversion identique , radicale et immédiate avant tout pour les fils d'Abraham ses compatriotes.
Et son Messie n'hésitera pas à consumer la paille par un feu qui interdit quelque peu une récolte indue du moissonneur dans son grenier. Des paroles dures pour ceux qui les entendent et en devinent les virtualités.
Le partage des uns et des autres sera sans pitié et qu'on agisse en conséquence !
Le propos est sans appel, radical, de ce fils d'Esséniens, peu disposé aux compromissions, ni aux engagements spontanés.
Pourtant Jean le Baptiste proposera "un baptême de conversion", assez éloigné de l'imagerie qui nous habite autour de ce sacrement.
Baptême de conversion que signifierait pour un fils de l'alliance ce changement d'interprétation de la promesse ?
Jean le Baptiste rendu au Jourdain y rencontre Jésus qui lui demande le sens de ce baptême de conversion ? Un changement total de perspective !
(notre photo de couverture : Baptême du Christ par Francisco de Goya, 1780)
Ce faisant, il veut fidèle à sa mission accomplir toute justice Mt 3,15. Jésus y cédera, mais que signifie désormais cette alliance de Jésus et de ces courants spirituels juifs de son temps, pharisien pour le plus, invités à échanger cette conversion en faveur d'un monde nouveau à recréer entre ces communautés distinctes.
Une lumière cède chez Jean Baptiste, Celui ci dit le Père, est mon Fils bien aimé v 17, un aveu de conversion qui n'allait pas de soi chez un juif de conviction
Alors le messager cède la place à Jésus sans cesser de voir en lui l'Agneau de Dieu, celui de l'Apocalypse du renouveau, un juste souffrant qui tiendra tête aux souverainetés et à tous ceux qui trônent dans les cieux !
C'est devant cet Agneau que Jean le Baptiste s'efface et demande à ses disciples de faire de même, tout en reconnaissant que le royaume des forts dominants auxquels les Esséniens - se désignant comme Fils de la Promesse - croyaient, sera compromis chez Yeshua, peu prompts à pratiquer les mêmes rapports de pouvoir et de gouvernance des croyants de l'Alliance !
Jean le Baptiste est emprisonné dans ce royaume des justes qu'il annonce à ses fidèles et de ce lieu, il envoie à l'orientale un messager rencontrer Jésus, et lui fait demander, "Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre" ? Mt 11,3
Le royaume des Esséniens et celui de Jésus ne portent ni sur le même contenu ni les mêmes méthodes pour y parvenir.
La Bonne Nouvelle contenue dans l'Evangile changera la donne.
"Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute", dira Jésus le Christ à l'adresse de Jean le Baptiste et ses fidèles.
Un questionnement nouveau sur les intentions de ce messager, ses doutes ou ses certitudes.
Un horizon d'interrogations qui laisse peu de place à l'indéfinition du rôle de Jésus dans la nouvelle communauté chrétienne.
La mort de Jean sera un mystère et qualifiée de sommet spirituel pour ses disciples et ceux de Jésus. Comprenez : pas les mêmes et pourtant si proches à la fois. Vouloir en faire un chrétien en puissance est un défaut d'appréciation de la dévotion chrétienne. Jean Baptiste fut juif dans ses convictions.
"Lui il faut qu'il grandisse, et moi, que je diminue" avait dit Jean Baptiste. Il n'aura pas vu jésus ressuscité dominant les nuées des royautés. Il n'aura pas été associé à son triomphe sur la mort éternelle. Il n'aura donc pas connu sa noce messianique, comme il le pensait dans la force et les armes de ses vertus
Mais tel est le destin incroyablement spirituel de Jean, il aura présagé et quelque peu préfiguré la mort de son seigneur, en l'anticipant dans sa propre chair.
Une mort où chaque être humain ne peut que s'abandonner à Dieu en lui demandant la puissance invisible de la parousie avec tous ceux qui, l'ayant demandé, y trouveront la paix et la justice définitive.
Matthieu dans son évangile dira "Parmi ceux qui sont nés de la femme, personne ne s'est levé de plus grand que Jean le Baptiste", Mt11, 11
Il ouvre l'horizon de la rencontre de la première alliance et celui emprunté par les évangiles, à la suite de la première et non en opposition à elle !
On le pressent aujourd'hui encore que le chemin balisé par Jean le Baptiste, emprunté par Jésus lui-même, n'est jamais acquis par les fils de la promesse, monothéistes issus de nos racines abrahamiques
Dans le profil habituel de nos rapports au demeurant religieux, il est souvent répété "que le plus grand des hommes est souvent dépassé par le plus petit dans le royaume ?"
Si ce chemin de vie est immensément grand, il invite à revoir nos critères d'avancement et de mérites dans la vie qui épousent rarement particulièrement aujourd'hui dans le monde, ces appels à la pondération, à la paix et à l'espérance d'un avenir plus convivial et plus humain !