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Nos disparus
In Memoriam : l’écrivain Hubert Monteilhet n’est plus
In Memoriam : l’écrivain Hubert Monteilhet n’est plus
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| Alexandre de La Cerda 761 mots

In Memoriam : l’écrivain Hubert Monteilhet n’est plus

Le décès - la semaine dernière - d'Hubert Monteilhet plongera dans la tristesse ses innombrables lecteurs dont je m'honore de compter parmi les plus assidus et les plus admiratifs. Mon amitié avec lui datait de 1984, lorsque la bibliothèque municipale de Bayonne m'avait demandé de présenter en public et en sa présence (sous forme d'interview) son nouveau roman « Néropolis ». Nos chemins s'étaient dès lors fréquemment croisés, depuis nos escapades dans les provinces basques du Sud où je l'avais initié à la gastronomie et au vignoble de la Rioja, jusqu'aux Prix des Trois Couronnes que je lui avais conféré il y a dix ans pour « Choc en retour » (catégorie Prix du roman policier), en passant par cette mémorable semaine de promotion de la littérature basque que j'avais organisée en février 1991 au Virgin Mégastore de Bordeaux avec le Dr Jean Tavernier, alors président du Conseil régional d'Aquitaine, le Pr Dimitri-Georges Lavroff, adjoint au maire de Bordeaux et président de l’Université de Bordeaux I, et le maire-adjoint de Saint-Sébastien, mon ami Gregorio Ordóñez... Il appréciait mon vin château Miller La Cerda et m'avait beaucoup encouragé à mes débuts de vigneron.
Un écrivain qualifié de « dilettante industrieux qui travaille comme il mange, avec une sensualité inouïe, une gourmandise qui s'applique à la fois aux grimoires de la bibliothèque nationale et au rognon de veau »... C'est  mon vieil ami Jean-François Bège, à l'époque éditorialiste du quotidien régional « Sud Ouest », qui appliqua cette heureuse formule à Hubert Monteilhet lors de la publication de son magistral roman historique « Néropolis », dont les nombreuses rééditions approchèrent le million d’exemplaires !
Pour ma part, je me rappellerai toujours certaine escapade à la nuit tombée aux palombières d'Etchalar où, en présence d'exquis pâtés, celui qui était à l'époque le chroniqueur gastronomique attitré de la presse régionale entreprit de m'expliquer le fonctionnement des trirèmes romaines et carthaginoises, tout comme il affectionnait les brillantes démonstrations, devant les plus grands chefs, de son incontestable talent culinaire en matière d'oeufs brouillés !
Car, en acharné de la véracité des faits et de l'exactitude du détail, l'ancien professeur d'histoire ne recula jamais devant les mois de recherches nécessaires à l'élaboration de ses romans et à la remarquable peinture de moeurs d'une société et d'une époque qu'il y enchâssait. D'ailleurs, au moment où il écrivait « Néropolis », Julliard, son éditeur, n'avait-il point consenti à lui allouer une rente pendant la durée de ses investigations ?
Crimes parfaits et meurtres à loisir
Mais c'est au genre policier qu'Hubert Monteilhet doit ses premiers succès et sa grande popularité, avec « Les mantes religieusesé, couronnées en 1960 par le grand prix de littérature policière. Depuis lors, plus d'une oeuvre fut portée sur grand ou petit écran et, encore jusqu’à ces dernières années, Monteilhet produisit « crimes parfaits » et « meurtres à loisir ». Après une « Part des Anges » évaporée des alambics du Cognaçais, son appétit criminel dévorant le lança dans les milieux du golf avec « Une affaire d'honneur » dénouée au large de Saint-Jean-de-Luz, non sans quelque détour chez son voisin et ami Guérard à Eugénie-Les-Bains, où il était question d'un grand chef qui savait lire un bilan ou étudier la prospective comme il jouait du violon ou savait cuire des ortolans ! L'on croisait également dans ses romans des femmes du monde cyniques, de ces « femelles qui dévorent leurs maris », comme l'écrivait Vialatte àˆ propos de portraits féminins dont Monteilhet s'était, à juste titre, constitué une renommée ; un « concubénit » d'évêques modernistes en mal de médiatisation - réminiscence, sans doute, de ses études chez les Jésuites - ainsi que « le prétoire, la meilleure école du mensonge et du sang-froid », « les démocrates menteurs en peau de lapin » et « la diplomatie, le plus flatteur refuge des fils de famille sans grande envergure, au sein d'Affaires Etrangères traditionnellement livrées à des politiciens suspects »...
Dans la plupart de ses écrits, sans fausse pudeur, Monteilhet n'avait crainte d'analyser et d'exprimer nos plus intimes et inavouées pulsions, dans un langage parfois vert, mais exempt de cette vulgarité inutile qui parsème tant d'oeuvres désirant se hisser au goût du jour, lequel est farci de modes « imbéciles et dangereuses exerçant leurs ravages sur des esprits insuffisamment formés ».
Sa production importante (plus d’une cinquantaine ouvrages en 60 ans) était diversifiée (écrits touchant à la religion, à la philosophie, et un roman-fiction, « Les queues de Kallinaos », qui lui avait valu le prix de la littérature fantastique d'Avoriaz). Il s’était établi depuis de nombreuses années dans une maison de sa belle-famille à Garlin, près de Pau. R.I.P.

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Monteilhet Florence | 27/06/2020 21:17

Chère madame, Je bois vos ligne avec délectation, tant vous avez su cerner la personnalité atypique de mon père. Je ne connaissais pas cet article et le découvre aujourd hui. J ai participé à plusieurs reprises à des soirées animées par m. De la Cerda au casino de biarritz en compagnie de mon pere Nous venions depuis garlin pour le plaisir d un débat. Je me souviens de sa femme, née Tolstoi je crois, donc ce n est pas vous. Ai je eu le privilège de vous croiser ? Bien cordialement Florence Monteilhet

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