La disparition subite de François Amespil en quelques heures laisse ses proches et amis dans la peine.
Il avait des projets toute sa vie durant. A la veille de ses 80 ans, il manifestait l'intention de se rendre à Abengourou ville de côte d'Ivoire qu'il rencontra dans ses jeunes années.
Abengourou et Bayonne furent jumelés dans sa vie durant sans rupture.
Se souvenant de ses propres conversations, il avait voué une dévotion particulière à l'Eglise d'Afrique, et reçu dans sa jeunesse une formation à la missiologie à Louvain en Belgique au milieu de nombreux étudiants africains qui deviendront des évêques dans leurs églises locales.
Au sortir du Concile, la rencontre des églises et du Sud global, comme on aime à dire aujourd'hui, représentait un défi.
Fallait-il évangéliser les Africains chez eux de notre part, ou partager leur vie évangélique dans leurs communautés culturelles et religieuses, si différentes des nôtres ?
Le prêtre occidental venait-il avec ses talents pour ce faire ou pour apprendre des Africains leurs singularités et partager avec eux une vie chrétienne dans le temps et la durée ?
François, le Basque d'Hasparren, se fit Africain-ivoirien avec une prédisposition naturelle.
Il y forma en séminaire de jeunes prêtres dont plusieurs accéderont chez eux à des fonctions ecclésiales.
Il avait en lui une âme de patriarche à l'africaine, de sage prudent et observant, sans animosité ni contrainte morale, pour connaître la diversité originelle de ceux qu'il rencontra à Abengourou pendant de longues années.
De retour dans son diocèse (*), il poursuivit, à la demande des évêques successifs, Mgr Vincent, Mgr Molères et Mgr Aillet, d'honorer les lettres de mission que chaque évêque lui renouvelait avec confiance.
Issu d'une famille d'industriels de la chaussure à Hasparren, François avait aussi parmi ses aïeux des prêtres dont certains exercèrent avant lui leur ministère à Bayonne.
Il souffrit avec les siens de la fermeture d'usines de la chaussure à Hasparren, sous la pression de la concurrence étrangère : on était issu d'une origine manufacturière de plusieurs générations, et chez les Amespil, on ne lésinait avec le sens de l'honneur du travail partagé pendant des décennies dans la commune labourdine.
Il se dit que le programme d'un prochain voyage à Abengourou avec un jeune prêtre congolais pour l'accompagner était dans les cartons.
La providence pour lui en a décidé autrement !
Il est parti sans démonstration ni excès de ton. Discret et pudique comme toujours.
Agur zuri jaun apeza bihotz eta gogo haundiko gizona, ordukotzat eta oraikotzat argitua elizaren beharretan !
(*) L’abbé François Amespil : ancien vicaire épiscopal de la Côte basque en 2009 et membre du Conseil épiscopal, recteur de la cathédrale Sainte-Marie de Bayonne (2016-2019), curé de la paroisse Saint-Jean l’Evangéliste à Anglet, il fut également responsable de la maison diocésaine de Bayonne et économe du Grand-séminaire.
L'évêque de Bayonne, Mgr Aillet, présidera ses obsèques ce vendredi 1er mars à 15h à l’église Saint-Léon d’Anglet.