C'est une simple mais émouvante cérémonie - animée par des chants religieux basques entonnés par le prêtre de la paroisse - qui réunit autour de son fils Philippe, lundi dernier, quelques-uns de ses amis au cimetière de Ranquine à Biarritz en mémoire d'Annita Pontenani, endormie pour l'Eternité au seuil de ses 102 ans.
Née baronesse Pontenani, portraitiste de talent, elle fut une animatrice dynamique de la vie sociale biarrote en me rappelant par bien des côtés le personnage de ma propre tante, également portraitiste, la comtesse Sophie de Roberty de La Cerda, dont je découvris d'ailleurs la signature - datant des années vingt - sur le livre d'or tenu dans sa belle demeure du quartier Saint-Charles par la mère d'Annita...
Je ne puis m'empêcher de reproduire l'article que j'avais rédigé à son propos dans l'hebdomadaire régional... il y a un peu plus d'un quart de siècle !
Dans sa belle villa de la rue Lavigerie, nous prenions un verre en attendant le modèle qui devait venir poser à 17 h. « C'est un peu tard pour la lumière, mais il faut que je termine le portrait en quatre séances ! »
Une jeune et jolie fille sonne à la porte... Elle est avec son fiancé !
- « Est-ce qu'il peut rester pendant que je pose ? Il ne vous empêchera pas de peindre, il me regardera, moi !
- Va pour le fiancé »...
Annita Pontenani peignait depuis l'âge de sept ou huit ans. Sa mère, anglaise, remariée avec un artiste italien, lui avait fait quitter sa Florence natale pour les embruns de la villa biarrote. Son père encouragera donc la jeune Annita qui aura ainsi de qui tenir. Elle ira à la Villa Borghèse, à Rome, suivre les cours d'un peintre autrichien qui arrondissait ses fins de mois en exécutant des annonces destinées aux projections cinématographiques.
Un très riche et dense apprentissage de la peinture conduira Annita Pontenani de Paris, où elle exposera dans de grandes galeries, à Barcelone - elle y résidera une vingtaine d'années, car mariée avec le Catalan Antonio Casassas - sans jamais oublier Biarritz, son port d'attache, où elle bénéficiera des conseils de Melle Marie Garay, ancienne élève de Léon Bonnat.
Une exacte ressemblance n'empêche aucunement la touche particulière de l'artiste: « J'aime le joli côté des choses », avouait Annita Pontenani, même si tel portrait d'une dame bien connue de Biarritz provoquait quelque jalousie accompagnée de remarques aigre-douces telle que : « Vous l'avez embellie, rajeunie... »
Un aviateur britannique, un jeune escrimeur angloye, un surfeur, une jolie anglaise composent la galerie des portraits, avec son mari Antonio Casassas, disparu (en 1995).
Ainsi que le joli portrait de l'épouse de l'ancien consul d'Espagne, M. Baselga, ou de celle de l'ambassadeur portugais, Noémie Pinto Machado, ou encore de M. de Guéret, lorsque, directeur du Palais, il lui offrait un studio pour "portraitiser" les clients du palace biarrot.
Au début des années 80, l'artiste avait également exposé à la mairie de Biarritz ; le vernissage fut marqué par l'explosion d'une bombe, destinée évidemment davantage aux services administratifs d'une république jugée abusive par les Basques... Qu'à ses peintures !
L'exposition au Colisée, en 1995, fut plus sereine. Et Annita Pontenani ne manquait pas de projets pour l'année suivante...