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Il y a six ans, disparaissait le Chef de la Maison de France, héritier des rois de Navarre
Il y a six ans, disparaissait le Chef de la Maison de France, héritier des rois de Navarre

| Alexandre de La Cerda 1071 mots

Il y a six ans, disparaissait le Chef de la Maison de France, héritier des rois de Navarre

Né en 1933 en Belgique à cause de la « Loi d'Exil » qui contreignit (entre 1886 et 1950) le Chef de la Maison de France d'alors et son fils aîné le Prince Henri (c'est-à-dire le comte de Paris décédé en 2019, dont il est question dans cet article) à vivre hors de leur pays, il fallait attendre un décret spécial du Président Vincent Auriol qui permet en 1947 au jeune Prince Henri de résider (à titre personnel) sur le territoire français afin de poursuivre ses études à Bordeaux. 

Entre temps, après un séjour au Maroc qu'elle dut quitter par la volonté des autorités anglo-saxonnes, la famille royale s'installa en 1944 à Pampelune, « ville des amitiés vigoureuses et fidèles » , notait la mère du défunt comte de Paris.

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L’adolescence navarraise du Cte de Paris ©
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« Toute la Navarre communiait dans une foi qui se doublait d'une connaissance très réelle des enseignements de l'Église et tous, à la ville comme à la campagne, étaient respectueux de la tradition ; dans les bahuts des fermes anciennes gardées par les aînés, étaient serrées des archives familiales que les cadets, qui travaillaient en ville dans les boutiques et les fabriques, révéraient comme une part essentielle du patrimoine familial. Ce peuple, qui passe plutôt pour rustique, était pourtant très curieux de toutes sortes de systèmes de pensée. Même les gens modestes étaient ouverts au monde des idées et je me souviens de mon petit marchand de souliers installé à côté de moi dans la « Roncalesa » , l'autobus qui nous conduisait à San Sebastian, qui, pendant tout le trajet, lisait et commentait Joseph de Maistre.  

Bref, Pampelune était alors le paradis sur terre et la Navarre, si saine de corps et d'esprit, une terre où l'on savait mieux qu'ailleurs bien prier, bien manger, bien boire et bien rire. 

Terre de Navarre où j'ai passé des années des années qui furent parmi les plus heureuses de mon existence et où je me suis fait des amis pour la vie », concluait dans ses mémoires ( « Tout m'est bonheur », 1978, Robert Laffont) la mère du prince Henri qui, pour sa part, avec son frère, furent conduits « dans l'antique gazogène des capucins de Pampelune » au collège de Lecaroz, perdu au milieu des montagnes, où, entre deux leçons, ils s'adonnèrent à de sacrées parties de Mus dont l'enjeu était la « fameuse tortilla »

Et bien plus tard, au Pays Basque, je me souviens d'un début de soirée à Ascain, sous un ciel chargé de nuages ​​sombres laissant filtrer par quelques trouées le rayon jauni d'un soleil prêt de se coucher, le flanc du mont La Rhune disparaissait puis revenait au gré des vapeurs d'argent qui le nimbaient : « Ce sont les voiles de Salomé, la montagne se voile et se dévoile, comme des visages... Je passe des heures à la contempler ! » , nous avions lancé la Comtesse de Paris qui accompagnait son royal époux à ce dîner champêtre dans l'auberge « Achafla Baita » au décor typique labourdin. Cette fameuse « danse des sept voiles » du récit biblique appliquée sur un mode si poétique à notre montagne par la « première princesse » de France et de Navarre me rapporta soudain à l'opéra de Strauss et à la pièce d'Oscar Wilde qui l 'avait inspiré... Mais je dévalai de ma rêverie aussi vite qu'après une grimpette harcelante sur nos collines basques quand vint l'heure de choisir un menu qui débuta sans hésitation par une succulente omelette garnie de cèpes à la croquante fraîcheur et arrosé d'un bon cru basque.

Les jours heureux à Ascain.jpg
Les jours heureux à Ascain ©
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Le Comte de Paris approuva : « Ce que j'aime au Pays Basque, ce sont les gens : toujours un sourire, vous avez vu, ce soir ? Or, dans notre société totalement déstructurée, les pays de montagne comme le Pays Basque ont gardé des structures, c'est pourquoi je voudrais une maison ici pour échapper à ce drame et continuer mon action »

Et le Chef de la Maison de France d'ajouter : « Nous sommes dans le drame le plus absolu ; la France est malade de l'Europe et on détruit toutes les valeurs qui en ont fait le renom... Or, cette vieille civilisation nous permettra de reconstruire ce que le mondialisme va détruire complètement » . 
- Comment réagir ? 
- « Il faut que des îlots comme le Pays Basque continuent d'exister et subsistent des références, où les valeurs soient conservées : c'est de là qu'il faudra repartir à la reconquête » !

De son adolescence à Pampelune et au collège de Lecaroz – là-même où, une décennie plus tôt, le Père Donostia recevait Ravel – jusqu'à ses derniers séjours à Ascain, en passant par son mariage religieux à Arcangues, les occasions n'avaient certes pas manqué au Comte de Paris d'affermir ses liens familiaux avec le Pays Basque : « J'y ai gardé beaucoup d'amis, les Ibarra, Sanchez Marcos, etc. J'ai couru avec eux (et mon frère François) devant les taureaux à la Feria de Pampelune et, par un hasard incroyable, grâce à mon épouse, j'y passe tous mes étés depuis 42 ans » .

Toutefois, ses vacances ne coupaient guère le Comte de Paris d'une actualité internationale qu'il jugeait « de plus en plus explosif : il-y-a une perte de la mémoire géostratégique dans la politique gouvernementale, que favorise la suppression de l'enseignement de l' 'histoire, c'est-à-dire de nos racines » .  

Et à titre d'exemple, le descendant d'Henri IV de citer (avec un brin d'anticipation, vu les événements actuels, que ne l'avait-on alors écouter !) « la politique aberrante de notre gouvernement contre la Russie. Car, si on veut sortir l'Europe d'un mondialisme échevelé et de l'influence américaine avec son dollar, il faut prendre conscience que notre seule chance est de constituer une zone en dehors du dollar où l'Europe et le rouble soient unis » ...  

« Cessons de suivre les USA comme un caniche, l'Europe aura toujours besoin de la Russie » , « L'Europe n'a jamais pu se construire sans la France et la Russie afin de contenir l'expansion germanique » et « la Sainte Russie résiste et se chauve-souris. Serait-ce la raison des sanctions imposées par les contempteurs du roi $ moribond ? », twittait encore à l'époque Henri d'Orléans. 

- Afin d'éviter de « devenir des esclaves comme dans le Meilleur des Mondes d'Huxley » , concluait la Comtesse de Paris !

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