Il y a 150 ans, Jules Labat laissait sa charge de maire de Bayonne pour un siège de député auquel il sera réélu à plusieurs reprises en l’espace de dix-sept ans… Le centenaire de sa disparition (le 27 octobre 1914 à Biarritz où il possédait le château Grammont près de l’église Saint-Martin) avait été dignement commémoré par la municipalité bayonnaise et ses descendants réunis pour l’occasion (300 présents sur 480 recensés). Parmi eux, un comité composé de Christophe de Dreuille, président de l’association « Jules et Gabrielle », Florence de Marien, Hervé Duplantier, Hervé Roland-Gosselin, Ségolène Bélier, Isabelle Trotta, Arnaud Gosset-Grainville, Benoît Labat, Marie-Amélie Saint Georges Chaumet et Laurent de Coral avait régi les célébrations. Un colloque de haut niveau au Musée Bonnat, des expositions au Pôle d'Archives et à la médiathèque, une réception à la mairie et diverses réunions « familiales » avaient ponctué trois jours de festivités clôturés par un magnifique bal en costumes d'époque au château d'Urtubie auquel avaient pris part toutes les générations. Avec, comme clef de voûte, l'édition d'un ouvrage remarquablement documenté par Ségolène Bélier, Hervé Roland-Gosselin et Hervé Duplantier : « Jules et Gabrielle Labat, souvenir d'une famille en Pays Basque ». Car, Jules Labat et son épouse Gabrielle de Larralde-Diustéguy, héritière de la lignée et du château d'Urtubie à Urrugne, restent la pierre angulaire d'une famille nombreuse où leur souvenir, toujours vivant, unit plusieurs générations restées fidèles au Pays Basque.
Un visionnaire audacieux
Aujourd’hui encore, l’organisation urbaine et la physionomie de Bayonne dont Jules Labat fut maire de 1852 à 1869 constituent l’héritage direct de ce visionnaire audacieux (plusieurs fois député entre 1869 et 1893). Ses réalisations frappent par leur ampleur, leur diversité et leur modernité. Les grands axes de cette politique urbaine, totalement novatrice pour l’époque, résident dans l’équilibre du cadre de vie, la maîtrise foncière, l’amélioration des communications intra-urbaines et de l’hygiène dans la ville et la construction de nouveaux équipements : la gare d'un quartier Saint-Esprit « recréé » après son rattachement à Bayonne ; halles et abattoirs modernes ; salles d’asiles pour les jeunes enfants ; l'hôpital St-Léon ; église Saint-André ; démarrage du projet de lycée et d’alimentation hydraulique de la ville. L'aménagement de la route de la Barre jusqu’à l’embouchure permet la création d’une longue promenade de Bayonne à l’Océan ; la revalorisation des Allées Boufflers débouche sur la réalisation d’une prestigieuse façade sur l’Adour avec la construction de beaux immeubles. La construction en pierre des ponts sur la Nive et la percée de la rue Jacques Laffitte rénovent complétement le cœur de Bayonne, très dense, en améliorant la circulation. Les liens personnels de Jules Labat avec Napoléon III qu'il accueillit dans sa maison de Gramont à Biarritz – toujours propriété de ses descendants - furent déterminants pour la modernisation de Bayonne, comme le furent ceux de Jean-Henry Adema, maire de Biarritz à la même époque, et dont les descendants s'étaient également réunis il y a sept ans. Car, l’empereur, constamment absorbé par son désir de donner un nouvel essor à la prospérité de la région, la visitait quotidiennement, s’entretenait avec les municipalités ainsi qu’avec le corps des ingénieurs, des diverses améliorations à introduire et, dès qu’une difficulté survenait par suite de l’insuffisance des crédits, il la surmontait aussitôt par un don généreux prélevé sur ses fonds particuliers ou par une subvention qu’il obtenait de ses ministres.
A signaler encore: ces samedi 19 et dimanche 20 octobre, le Château d'Urtubie à Urrugne participera aux Journées nationales de l'architecture. Car si l'architecture du château a évolué au cours des siècles, sa particularité est que toutes les parties de toutes les époques ont été conservées. La visite guidée (à un tarif préférentiel) commencera par une présentation de l’évolution architecturale et insistera sur toutes les parties conservées époque par époque. Un point particulier sera fait sur l’escalier à vis suspendu construit entre 1505 et 1512. Dans le parc de 6 ha ouvert à la visite libre, on découvrira la chapelle du XVIIème siècle et son toit en forme de coque de bateau renversé. Le beau bâtiment de l’orangerie (XVIIIème siècle) accueille actuellement une exposition sur les plantes du Pays Basque (10h30 et 14h15 - entrée 6€, enfants entre 5 et 16 ans : 3,50€).