Ce samedi 29 avril, les commissaires-priseurs Martine Gestas, Nathalie et Patrice Carrère, dévoileront leurs précieux objets d’art à Pau. Parmi les plus anciennes céramiques, datée vers 1540-1550, une partie (68cmx68cm) du pavement de Masséot Abaquesne composé de plusieurs carreaux , représente les armoiries de Madeleine de Savoie et de son époux Anne de Montmorency (1493-1567). A la naissance du duc de Montmorency, la reine Anne de Bretagne avait donné son prénom épicène (une pratique totalement disparue aujourd’hui). Grand guerrier, Anne de Montmorency participa à la bataille de Marignan (1515) et fut nommé maréchal de France après la bataille de Mézières en 1521. En 1538, il devint connétable de France, comme le montrent ses armoiries figurant d'or une croix de gueule – à dextre, cantonnée d'alérions d'azur, et à senestre, d’argent (la croix blanche sur champ de gueules des Savoie, provenant de son épouse Madeleine de Savoie).
Conseiller de François Ierpuis de d'Henri II, Anne de Montmorency symbolisa la Renaissance française. Grand protecteur des Arts avec Madeleine de Savoie, le couple fit travailler de nombreux artistes, dont le sculpteur Jean Goujon et les architectes Philibert Delorme - qui dessina les châteaux de Saint-Maur, Aneth et Meudon…les Tuilleries - et Jean Bullant qui poursuivit ces derniers, concepteur du château d’Ecouen où le couple vécut principalement. Pour cette demeure, ils commandèrent un pavement surlequel figurait leurs armoiries au céramiste Masséot Abaquesne (1500- 1564). Ce fut l’ouvrage le plus connu de ce grand faïencier, maître de la manufacture de Rouen lui sccédra Bernard Palissy. Par le traitement des guirlandes colorées de bleu, jaune et orangé, son style de Masséot Abaquesne se rapproche des majoliques italiennes (éstimé 25 000 € à 30 000€).
L’épopée des Rouart, du pinceau à la plume
Le long des œuvres d’art, la promenade se poursuit dans « Une allée à la Queue-en-Brie » d’Henri Rouart (1883-1912), un paysage verdoyant du Val de Marne. La famille de l’artiste est issue du Béarn où elle possède encore une demeure, le nom Rouart, d'origine germanique, provenant de « Hrodhard » qui signifierait hrod : gloire et hard : dur.
Le patriarche de cette saga familliale, Henri Rouart, était né à Paris le 2 octobre 1833. Il entra ensuite à l'Ecole polytechnique tout en continuant le dessin. Ses amis artistes réalistes Corot et Millet, l’invitaient à peindre à Barbizon d’où l’Ecole de Barbizon. (Le paysage « Une allée à la Queue-en-Brie » est estimé 5000 € à 6000€).
Un peu plus tard, amie également des impressionnistes Edgar Degas et Edouard Manet, la famille Rouart recevait Julie Manet, la fille d’Eugène (frère d’Edouard) et de Berthe Morisot, que le petit fils d’Henri, Louis Rouart épousera tout en reprenant le flambeau artistique.
Aujourd’hui, du pinceau à la plume, la saga continue avec le fleuron de la famille, l’écrivain Jean- Marie Rouart (1943), arrière-petit-fils d'Henri Rouart et fils du peintre Augustin Rouart.
Invité à deux reprises par l’association des amis d’Arnaga pour signer ses livres « Ne part pas avant moi » puis, l’année suivante, « Ces amis qui enchantent la vie - Passions littéraires », l’académicien a publié dernièrement « Le psychodrame français » (éd. Robert Laffont). Un thème d’actualité où Jean-Marie Rouaart constate douloureusement : « Rarement la vie politique sous la Ve République a semblé à ce point sinistrée, ravagée par un mal secret ».
Hôtel des ventes Gestas & Carrère, 3, allées Catherine Bourbon à Pau.
Exposition : vendredi 28 avril de 15h à 19h et samedi 29 avril de 10h à 11h30
Enchères : samedi 29 avril à 14h30
Anne de Miller La Cerda
