Née en 1903 à Kiev et décédée du typhus le 17 août 1942 à Auschwitz où elle avait été déportée depuis Pithiviers en juillet 1942, Irène Némirovsky avait reçu à titre posthume en 2004 le prix Renaudot pour son roman Suite française qui connut un succès mondial. Après avoir été oubliée, toute son œuvre, romans et nouvelles a été, depuis lors, rééditée.
Dès ses jeunes années, la future romancière avait des liens avec la côte basque, en particulier lors de divers séjours avant la révolution, et après, par exemple en juillet 1934 lorsqu’elle passera ses vacances en famille, à Urrugne, puis à Hendaye. Elle y rédigera « Vin de solitude ».
Mais concernant cette exposition, on pourrait s’interroger sur les liens entre l’artiste-peintre espagnole Elena Laura et l’écrivain Irène Némirovsky, fille d’un riche banquier de confession juive, fuyant la révolution bolchevique après s’être cachée à Saint-Pétersbourg puis à Moscou avant de franchir, avec ses parents, la frontière finlandaise, vêtue comme une simple et pauvre paysanne, pour redémarrer une nouvelle vie en France (contre l’avis de ses parents qui jugeaient le pays peu sûr et suggéraient plutôt les Etats-Unis comme terre d’accueil)...
Reprenant des études à la Sorbonne, elle demandera avec son mari – à plusieurs reprises, mais sans succès - l’acquisition de la nationalité française : ainsi en novembre 1935, de nouvelles démarches furent accomplies en vue d’obtenir la naturalisation française, avec l’appui de René Doumic, directeur de la Revue des Deux Mondes ; puis le 23 novembre 1938, les Epstein déposent une nouvelle demande de naturalisation auprès de la préfecture de police. Malgré des recommandations prestigieuses, cette demande n’aboutira pas ; et le 1er septembre 1939, alors que les troupes allemandes envahissent la Pologne, Jean Vignaud tente de relancer la procédure de naturalisation des époux Epstein, mais en vain...
Les écrits d’Irène, tantôt joyeux, tantôt sombres, chargés d’émotion et de couleurs que l’artiste native de Grenade a découverts et a souhaité exprimer par la peinture en s’inspirant de pages relatant les déplacements, les bons et les mauvais, de la vie de l’écrivaine.
Pour sa part, Elena Laura est artiste-peintre et graveuse. Elle a réalisé de nombreuses affiches pour des expositions, des congrès, des pièces de théâtre, des couvertures de livres. Créatrice et éditrice de livres de poésie pour tous les âges, elle a obtenu en 2018 le prix national de littérature infantile en Espagne. Plus d’une quarantaine d’expositions individuelles en Espagne (Grenade, Majorque, Cádiz, Madrid, Barcelone, Lleida, Tarragone, Marbella…) et en Allemagne, Danemark, France, Japon, New-York, Miami aux USA.
L’exposition visible à l’Espace Mendi Zolan a été retardée par la pandémie mais l’artiste souhaitait que le premier accrochage dans l’hexagone soit à Hendaye, ville synonyme de vacances heureuses pour Irène Némirovsky dans les années 1920. Le visiteur ne s’étonnera donc pas de la présence de deux toiles, une première représentant la villa néo-basque des temps heureux, une seconde « revisitée » de la Grande plage et des Deux Jumeaux.
« La Suite Némirovsky explore le contraste entre la vision festive de toutes les nuances qui nous entourent et l’expérience atroce de la méchanceté destructrice cohabitant sur cette même scène, le tout en même temps : la vie, l’écrasante et magnifique célébration de la lumière, ainsi que le regard meurtrier, aveugle et fou. Irène le savait ; avec une volonté exemplaire elle fixa son regard sur les couleurs du monde, aussi bien présentes dans les plus grandes joies que dans les tristes malheurs de l’être humain. Il y a une énergie qui fleurit dans la désolation. L’engagement d’Irène Némirovsky et d’autres intellectuels, écrivains et artistes ayant vécu à une époque barbare en témoignent : plus ils ressentent leur fin arriver, plus ils s’efforcent à créer des œuvres dont la beauté et l’intelligence font honneur à notre espèce ». (texte de présentation de l’exposition)
Confirmé par les couleurs des toiles et se faisant face, les temps heureux et les heures sombres.
Espace culturel Mendi Zolan, 119 boulevard de la Mer à Hendaye. Exposition ouverte jusqu’au 17 septembre, du mercredi au samedi (10 heures– 13 heures et 15 heures – 19 heures). Entrée libre.