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Portrait
Germain Lafitte, écologiste avant l’heure
Germain Lafitte, écologiste avant l’heure

| François-Xavier Esponde 803 mots

Germain Lafitte, écologiste avant l’heure

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Catalogue Germain Lafitte ©
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Isabelle Betbeder ©
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Le livre sur le chataigner de Germain Lafitte ©
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Germain Lafitte naquit à Mendionde - Gréciette et fut le fondateur des Pépinières G. Lafitte portant son nom depuis 1930.
Il accorda un entretien à « Mézulari », bulletin paroissial pour la province du Labourd édité à Cambo, désormais disparu des rayonnages d’édition.
Il évoqua l’origine de son entreprise et la passion qui l’habitait pour introduire le châtaignier au Pays Basque.
Une réussite si l’on en juge par les dizaines de milliers de pieds plantés à travers la France et particulièrement des deux côtés des Pyrénées. Et de publier en 1946 un livret de 72 pages sur le châtaignier japonais en Pays basque.

Ce furent deux missionnaires des Missions Etrangères de Paris en mission au Japon qui dès 1907 envoyèrent des châtaignes aux Aldudes, le villlage natal de ces deux Basques, pour tenter l’implantation du châtaignier sur les versants pyrénéens.
Le résultat fut probant : sur de vieilles photos, on peut observer les paquets en toile de jute venus par bateau garnis de châtaignes japonaises qui font le bonheur des collectionneurs de ces photos anciennes de valeur inestimable.

Un succès qui donna à Germain Lafitte le désir de cultiver à son tour à Mendionde Gréciette ce châtaignier dont il avait noté la résistance à la maladie de l’encre, la bonne adaptation au climat du pays, la fructification rapide, et les perspectives alimentaires de la châtaigne tant pour les hommes que pour les animaux.

Il réalisa de nombreux semis de l’espèce « castanea crenata japonaise » et sélectionna trois variétés intéressantes pour la qualité de leurs fruits non cloisonnés, de gros calibre, leur précocité, et leur résistance à la maladie de l’encre, qu’il baptisa « Ipharra », « Ederra » et « Marki ».
Il utilisa également l’espèce japonaise « Castanea crenata » pour greffer des variétés de l’espèce européenne (« castanea sativa ») et sauvegarder ainsi de nombreuses variétés anciennes menacées par la maladie de l’encre qui décimait à l’époque les châtaigneraies européennes.

Germain Lafitte travailla également avec l’INRA de Bordeaux sur des programmes d’hybridation de châtaigniers, pour lesquels sa variété « Ipharra » fut utilisée comme pollinisateur.
La production de châtaigniers marque des étapes successives, du semis de châtaignes pour l’obtention de porte-greffes, puis du repiquage, greffage, du rabattage des porte- greffes à la fin de l’hiver, tuteurage et à la fin de l’élevage, l’arrachage ; un processus long, continu, attentionné que le jeune pépiniériste des années 1930 accomplit avec le succès que l’on sait.
Les pépinières Lafitte cultivent désormais vingt-sept variétés de châtaignier du Japon et d’Europe, dont les châtaigniers de Germain Lafitte font partie, classés dans le Catalogne officiel  des variétés fruitières.

Or, les débuts, dans les années 1930, constituèrent une véritable aventure. Germain et ses fidèles pionniers sillonnaient les marchés des environs pour vendre des plants forestiers et favoriser le reboisement.
En 1958 une opportunité nouvelle se présenta à Germain Lafitte avec la découverte du gisement de gaz à Lacq en Béarn. Le maire de la ville fit appel au pépiniériste pour verdir et habiller sa cité nouvelle d’espaces de végétation.
André Labarrère, maire de Pau, fera de même et se liera au pépiniériste pour habiller la capitale béarnaise d’une flore originale. On connaissait les goûts du maire et appréciait ses projets.

Le pépiniériste travailla en Béarn avec de nouvelles équipes recrutées sur place.
Ses deux filles, Marie Andrée Arbelbide et le couple Faizon, diplômés tous trois de l’Ecole Supérieure d’Horticulture de Versailles, apportèrent le savoir scientifique et les méthodes de travail pour développer les serres et produire de nouvelles espèces de châtaigniers à travers la France parmi d’autres essences toujours disponibles dans les pépinières. Et le catalogne illustré produit par l’entreprise vit le jour, tiré à 40 000 exemplaires.

Et la nouvelle génération à l’œuvre de développer l’information auprès de tous les publics, une clientèle attirée par les pépinières.
en Haute-Navarre, côté espagnol.
En 1989 les pépinières s’établissent également à Bayonne-Maignon, puis à Labastide-Clairence en 1993.

Depuis 2002-03, l’entretien des stades, des pelouses pour les sportifs, et des espaces attenants, entre dans le cahier des charges de l’entreprise qui devient « Lafitte-Paysage », dénomination montrant l’évolution du métier.
Et pour continuer encore dans le sens de l’évolution, depuis 2004, l’animalerie de Maignon développe un vivier pour différentes espèces d’oiseaux et d’animaux domestiques (entre autres un salon de toilettage) qui font le bonheur des visiteurs et des clients de ce site.
A l’heure de « l’écologie triomphante », l’entreprise de Germain Lafitte, dirigée aujourd’hui par la troisième génération, voit ses équipes poursuivre un projet inédit qui a pris racine et n’a cessé de se développer dans la région et bien au-delà.
Mais on regrettera que jusqu’à ce jour, le nom de Germain Lafitte n’ait pas encore été attribué à quelque établissement de formation horticole pour honorer à ce pionnier « vert », comme le firent en Amikuze les amis de Jean Errécart qui avaient donné son nom au Lycée de Saint-Palais.
L’histoire n’a sans doute pas dit son dernier mot à ce sujet bien présent dans le regain d’écologie ambiante qui traverse les attentes de la population d’aujourd’hui.

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