Lors du Festival Biarritz Amérique Latine qui se déroulera du 28 septembre au 4 octobre (voyez l’article de Manex Barace en rubrique « manifestation »), il conviendra de ne pas rater la projection de « Gaucho Basko », documentaire sur les Basques d’Argentine réalisé par l’Angloy Carlos Portella Nunes (scénario et image), et dont la première aura lieu ce mercredi 30 septembre à 19h30 au casino de Biarritz (pensez à réserver vos places). D’une durée de 52', ce film a été produit dans le cadre de l’appel à projets France 3 Nouvelle-Aquitaine / Festival Biarritz Amérique latine, avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine et en partenariat avec le CNC, accompagné par ALCA.
Diplômé de la Griffith University, Australie en Arts et Média, Carlos Portella Nunes est un surfeur et réalisateur brésilien. En 2008, il réalise « Descobrindo a Barra Sul », une série documentaire pour la chaîne de télévision brésilienne Rede Globo. En 2016, son documentaire « A tainha e a onda » est sélectionné à l’International Surf Film Festival d’Anglet où il habite depuis 2016.
A la rencontre des Basques
Ce garçon brésilien admet qu’« en arrivant ici, j'ai entendu quelques fois que les Basques étaient fermés, qu'ils n'aimaient pas les étrangers, que ce serait difficile, etc. Enfin, mon premier client, encore en 2015, était un Basque, et maintenant mon premier film pour la télévision en France concerne les Basques.
Un peuple spécial, mais qui sait aussi respecter et accueillir ceux qui arrivent avec de bonnes intentions. Un peuple que j'admire et respecte depuis 2005, quand j'étais ici pour la première fois et que je suis tombé amoureux de la région. Mon documentaire dépeint l'influence que les Basques ont laissé sur la culture des Gauchos en Argentine.
Cela fera onze ans cette année que j'ai quitté le Brésil en rêvant de voyager dans le monde pour dépeindre la culture des peuples côtiers et apprendre d'eux. Au début, je ne rêvais que des documentaires de surf, mais la réalité exige des adaptations », conclut Carlos Portella Nunes...
Sa rencontre avec Kepa Etchandy lui fera parcourir l’Argentine avec le photographe souletin, sur les traces des Basques. Un itinéraire surgi d’une vieille malle dans laquelle reposaient une lettre de son grand-oncle datée de 1927 et accompagnée de la photo de « sa famille avec une ribambelle d’enfants ». Ce sera l’élément déclencheur : « Jusqu’alors, mon père avait cherché en Uruguay les traces de sa famille émigrée en Amérique du Sud », expliquait Kepa Etchandy, « mais cette lettre venant de Miramar en Argentine, j’avais aussitôt écrit au consulat de ce pays qui m’avait fourni les adresses de tous les Etchandy recensés dans les annuaires - c’était en 1999, Internet en était encore à ses balbutiements - et je leur ai adressé une lettre-type de demande de renseignements concernant ma famille ». Au bout de deux mois, notre photographe établi à Bayonne reçut une réponse avec des copies de photos où il reconnut le mariage de son grand-père : « Je suis allé voir ma parenté en 2003 et ainsi vint l’idée d’un reportage sur les Basques d’Argentine. D’autant plus », ajoute Kepa, « que ce voyage coïncidait avec la Semana nacional Vasco-Argentina, sorte de gigantesque Herri Urrats (la fête des ikastolas à Saint-Pée, ndlr) réunissant sur un week-end prolongé les membres de 91 Centres Basques d’Argentine, présents dans toutes les villes ! ».
Or, ce sont précisément ces centres qui maintiennent les liens au sein de la diaspora et font vivre la culture basque par l’apprentissage et la pratique de l’euskara, des conférences, leurs bibliothèques, groupes de danses, chorales, trinquets, tournois de mus et restaurants basques, celui de Buenos-Aires étant réputé comme une des meilleures tables de la capitale.
D’ailleurs, le gouvernement basque ne s’y était pas trompé, son président de l’époque, Juan José Ibarretxe, ayant inauguré en personne la délégation d’Euskadi en Argentine (située au Puerto Madero à Buenos-Aires) avant d’être fait docteur honoris causa des universités de Córdoba, de Rosario et de La Plata. Puis, de signer en 2008, lors d’un déplacement ultérieur, un « accord d’assistance mutuelle » avec le gouvernement argentin, visant à faciliter le séjour des Basques résidant en Argentine et celui des Argentin en Euskadi.
C’est cette réalité que Carlos Portella Nunes a voulu montrer dans « Gaucho Basko » : le film commence au Pays Basque avec Kepa qu’on suit ultérieurement dans les rues de Buenos Aires, puis à la fête des gauchos, pour s’achever dans la ferme d’un de ses amis.
Pour en revenir à Kepa Etchandy dont la famille est originaire de Moncayolle en Soule, ce passionné de photo qui avait créé en 1979 à Bayonne sa propre entreprise « Ibaifoto » - à l’origine un « labo-photo » très performant - se trouve maintenant en possession d’une extraordinaire banque d’images riche de dizaines de milliers de clichés sur toutes les facettes du Pays Basque qu’il fournit régulièrement à l’édition et à la presse magazine. On peut en mesurer la qualité à l’aune des photos exposées encore cette fin de semaine au DIDAM à Bayonne.