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Histoire
François Mitterrand, un anniversaire quelque peu oublié
François Mitterrand, un anniversaire quelque peu oublié
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| Alexandre de La Cerda 789 mots

François Mitterrand, un anniversaire quelque peu oublié

Si à Soustons, une délégation de l’Association landaise des amis de François Mitterrand présidée par Jean-Yves Montus, en compagnie de Gilbert Mitterrand et d’élus landais, s’était rendue devant le mémorial afin d’y déposer une gerbe aux pieds de la statue de l’ancien Chef d’Etat représenté avec son fidèle labrador « Baltique », les hommages étaient plus rares ailleurs, dans la région.

Or, il y a 23 ans, le 8 janvier 1996, disparaissait François Mitterrand. L’avènement du premier président socialiste de la Ve République aura marqué l'histoire française et européenne, mais également celle de la nouvelle « grande » région aquitaine où il était né - à Jarnac en Charente – et où il avait trouvé un point d’ancrage familial et convivial pour se ressourcer – à Soustons, près de ce Pays Basque où il entraîna quelques grands dirigeants de la planète.

Il n’y a pas beaucoup de municipalités de gauche sur la Côte basque, mais entre l’avenue François Mitterrand à Ciboure (sans doute ainsi dénommée du temps du maire socialiste Albert Péry) et la Médiathèque François Mitterrand à Hendaye (sans oublier le pont Mitterrand de la Rocade bordelaise, sur la Garonne), il reste peu de témoignages de l’ancien Chef d’Etat qui fréquenta pourtant notre région pendant plusieurs décennies. Il effectua ses premiers séjours landais chez le maire de Moliets Michel Destouesse, un ami avec qui il avait été prisonnier pendant la seconde Guerre mondiale et qui lui recommandera plus tard ses futures acquisitions immobilières. D’abord à Hossegor, puis à Soustons où il établira son « jardin secret » parmi les livres et les arbres, sa nourriture essentielle (avec quelques bons produits du Sud-Ouest). Auparavant, une jeune fille le regardera jouer au golf de Moliets : Anne Pingeot !

Il ne s’agit pas ici de tirer un bilan exhaustif de quatorze années de pouvoir, avec ses zones d’ombre et de lumière, une situation économique désastreuse avec ses nationalisations et ses « 35 heures » controversées, des attaques – heureusement inabouties - contre la liberté de l’enseignement défendue par une manifestation gigantesque. Une politique extérieure qui retourna vite à ses poncifs euro-atlantiques autour de l’axe franco-allemand (il accueillit deux chanceliers allemands à Latche). Certes, il y eut l’abolition de la peine de mort, et tel Pied Noir ou fils de militaire lui sera reconnaissant « d'avoir fait promulguer une loi d'amnistie ayant permis d'effacer les dernières séquelles de la guerre d'Algérie en réintégrant des officiers dans leur dignité à titre de réconciliation nationale », tout comme il fit régulièrement déposer une gerbe sur la tombe du vainqueur de Verdun à l’île d’Yeu. En revanche, ce ne sont ni la fameuse « Francisque » obtenue à Vichy ni ses relations avec Bousquet mais bien le « département basque » qui avaient fâché les abertzales avec Mitterrand, malgré ses interventions de député en faveur des réfugiés basques – en 1971, contre l’expulsion de Monzon et Txillardegui – et, plus tard, la première convention avec les ikastolas de Seaska qu’il avait fait signer à son ministre de l’Education Lionel Jospin.

En effet, après avoir été cosignataire en 1980 de la proposition de loi du Parti Socialiste « portant création d’un département basque » devenue « proposition 54 » pour les présidentielles de 1’année suivante, le nouveau Chef d’Etat à peine élu enterra ce projet avec la mission Ravail avant de venir le confirmer – en personne – à la mairie de Bayonne, en octobre 1984 : « je ne laisserai pas décrier le tissu de la France » ! Au même moment, son premier ministre Laurent Fabius procédera aux premières extraditions de « réfugiés basques » vers l’Espagne. Si Jakes Abeberry, adjoint au maire de Biarritz à l’époque du décès de François Mitterrand, avait « salué à titre personnel son courage face à la maladie, en tant qu’abertzale, il conserverait le souvenir du parjure à la parole solennellement donnée » !

Reste également le souvenir de quelques drames ayant entaché les mandats présidentiels de Mitterrand – les « suicides » inexpliqués de son ami François de Grossouvre à l’Elysée et du premier ministre Pierre Bérégovoy un mois après avoir quitté Matignon – ainsi que divers scandales de corruption (écoutes, sang contaminé avec Laurent Fabius - déjà ! – navire dynamité en Nouvelle-Zélande), auxquels s’ajouta encore, entre 1993 et 2005, celui d’un groupe dit « de Latche », illustré entre autres par le député socialiste de la côte basque Jean-Pierre Destrade, qui avait littéralement « racketté » la grande distribution au profit de son parti et autres « dérivés ».

Mais nous avons plutôt choisi de rappeler quelques épisodes du séjour parmi nous, dans le Sud des Landes et sur la Côte basque, d’un homme qui engendra autant de haines farouches que de solides amitiés. A l’occasion de la tenue à Biarritz du futur G7 en août prochain, nous aurons l’occasion de revenir sur le Sommet Franco-Africain des Chefs d’Etat qui s’était déroulé au Casino Municipal biarrot en novembre 1994.

 

 

 

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