En début de semaine, l’icône lumineuse de Biarritz après la tempête Amélie était soumise à un ravalement qui avait débuté en 2017 et dont l'étanchéité de la lanterne et les maçonneries s'achèveront en 2021. Les derniers travaux avaient été réalisés de 2001 à 2005.
En France, c’est surtout à partir du XVIIème siècle que l’on édifia des phares, tant pour répondre au développement de la marine marchande que pour baliser les ports militaires. Colbert et Vauban jalonnèrent ainsi les côtes françaises de nouvelles tours à feux.
Depuis son éperon rocheux à 76 mètres au-dessus du niveau de la mer, le phare de Biarritz classé Monuments historiques depuis le 6 novembre 2009 rayonne au-dessus de la ville, des Pyrénées au Sud des Landes. Cette tour tronconique haute de ses 248 marches domine le bâtiment de service avec un soubassement en maçonnerie de 44m de hauteur totale. Elle fut érigée par l’ingénieur-physicien Augustin Fresnel (1788-1827). Fils de l’architecte Jacques Fresnel, cousin de l’académicien Prosper Mérimée, Augustin Fresnel sera le fondateur de l’optique moderne.
Successeur de la tour de la haille sur l’Atalaye où, depuis le moyen-âge, on faisait brûler de longues perches de bois afin d’avertir les pêcheurs biarrots que l’entrée du Port-Vieux était impraticable, la construction du phare de Biarritz débuta à la fin du règne de Charles X. Constitué en pierres de taille de grès bigarré provenant de la Rhune et de Bidache, les derniers moellons furent posés à la fin de l’année 1829. Le 1er février 1834, le phare de Biarritz s’alluma.
A ses pieds, la Chambre d’Amour, un endroit mythique - très visité par Napoléon Ier et Joséphine, Napoléon III, Edouard VII, et beaucoup d’autres célébrités – rappelle qu’au moyen-âge, d’après la légende romantique, deux jeunes amants basques s’étaient noyés dans la grotte pendant leur sommeil.
Ainsi, combien d’artistes-peintres, sculpteurs, photographes, musiciens, poètes, écrivains de Victor Hugo à Jean-Pierre Alaux et son dernier polar de l’été« Quand le diable dansait à Ilbarritz », se sont-ils inspirés dans leurs récits épiques du phare de Biarritz et de ses alentours! Dans son album « Le Phare dans tous ses états », le photographe contemporain basque Bastien Labadie montre avec magie cette icône lumineuse de la ville de Biarritz.
Et nombreux furent ceux qui à bord de vaisseaux durent leur salut aux phares!
« Qui peut dire combien d’hommes et de vaisseaux sauvent les phares »? Et l’historien Michelet de poursuivre: « La lumière, vue dans ces nuits horribles de confusion, où les plus vaillants se troublent, non seulement montre la route, mais elle soutient le courage, empêche l’esprit de s’égarer. Les anciens qui suivaient les côtes et les regardaient sans cesse, avaient, encore plus que nous, besoin de les éclairer. Les Étrusques, dit-on, commencèrent à entretenir les feux de nuit sur les pierres sacrées. Le phare était un autel, un temple, une colonne, une tour. Les Celtes en élevèrent aussi; de très-importants dolmens existent précisément aux points favorables d'où l'on peut le mieux voir des feux. L'empire romain avait illuminé, de promontoire en promontoire, toute la Méditerranée ».
Une lumière qui soutient le courage près du « labyrinthe inextricable de rochers, de chambres, d'arcades, de grottes et de cavernes, étranges architecture jeté pêle-mêle au milieu des flots » qu'admirait déjà Victor Hugo.