Le matin du 21 janvier 2019, jour du 226ème anniversaire de la mort du roi Louis XVI, Mgr le comte de Paris s'éteignit à Paris, à l'âge de 85 ans, alors qu'il s'apprêtait à se rendre à la messe commémorant le défunt roi en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois.
Son fils Jean, quelques instants auparavant, qui ne savait pas encore qu'il devenait le nouveau Chef de la Maison de France, portait une pensée émue pour le roi Louis XVI, "père de famille exemplaire, roi très chrétien, il aura été mal jugé de tout temps. On oublie malheureusement et trop souvent, pour laisser parler seulement la caricature, que ce descendant d’Henri IV et de Louis XIV fut un bourreau de travail, entouré de ministres talentueux, et que ses qualités politiques ont contribué à renforcer le prestige militaire et politique de la France avec la guerre d’indépendance américaine.
En rompant le lien personnel que la monarchie avait avec les Français, ce pacte fort et réel entre le roi et ses sujets, la révolution a précipité les Français dans l’ère des masses, a laissé l’homme seul sans défense face à l’État, a cassé la dynamique d’un pays en sapant avec brutalité ses fondations morales, culturelles et spirituelles aux prix de massacres comme le génocide vendéen.
Combien de réformes, modernes pour l’époque, que ce souverain a initiées, ont été malheureusement oubliées par notre Histoire nationale. Loin d’être ce personnage falot que l’on tente de nous présenter régulièrement, et même s'il fut parfois mal conseillé, Louis XVI fut un roi dévoué à son royaume et soucieux du bien-être des Français à chaque jour de son règne. C’est sa mémoire que j’honore aujourd’hui. Et si je n’exonère pas le vote du duc d’Orléans qui appartient désormais à l'Histoire, je porte avec fierté, en tant que dauphin de France, l’héritage d’une famille, d’un roi, d’un prince, d’un homme que le destin aura rendu à Dieu beaucoup trop tôt".
Feu Mgr le Comte de Paris, élevé en partie dans sa jeunesse au Pays Basque (Pampelune et collège de Lecaroz) était toujours resté très attaché à l'Euskal Herria où il avait coutume de faire de fréquents séjours, à Ascain et Saint-Pée.
Il avait également participé à une fête organisée pour les Basques de Paris par l'hebdomadaire régional au Trinquet du Quai Saint-Exupéry.
Mgr avait redonné vie à un vieil ordre de chevalerie créé par son ancêtre le roi Jean II le Bon et m'avait fait l'honneur de m'accepter au sein de l'Ordre de l'Etoile et du Mont Carmel.
Je l'avais déjà rencontré lorsque, collégien à Paris, je fréquentais le secrétariat de son père, rue de Constantine (près des Invalides), afin de participer à une œuvre en faveur des gens âgées : avec le prince Henri ou un de ses frères, nous allions déboucher une bouteille de champagne et passer quelque temps avec une personne que la fin de vie avait laissé isolée et solitaire... Bien plus tard, lors de mon retour sur la côte basque, j'avais assisté - avec Guy d'Arcangues, sur notre photo de couverture - au vernissage de l'exposition de ses aquarelles à la Gare du Midi, et en décembre 2006, le prince Henri et la princesse Micaëla avaient visité l'exposition « L’Impératrice Marie Fedorovna, images de la Russie éternelle » que j'avais organisée à l'Hôtel du Palais, moment privilégié qui avait été alors "saisi" par un confrère du journal "Sud Ouest" !
A la veille de leur mariage religieux à Arcangues, la présence des Princes avait conféré un éclat particulier à la commémoration du 350ème anniversaire du Traité des Pyrénées, lorsqu’une soixantaine de consuls en poste le long de la chaîne des Pyrénées et représentant près d’une trentaine de pays, en particulier le Cuerpo Consular de Bilbao, avaient répondu à mon invitation en tant que consul à Biarritz et délégué Sud-Ouest de l’Union des Consuls honoraires de France.
Ce véritable « sommet diplomatique » - une première dans les annales transfrontalières - s’était déroulé au château d’Urtubie qui avait reçu Louis XI en 1469 pour des négociations avec les souverains de Castille et d’Aragon à propos de la succession de Navarre. Nous y avions été excellement reçus par les maîtres des lieux, mon ami le comte Laurent de Coral et son épouse Odile, à l'époque maire d'Urrugne.
Le Comte de Paris avait alors joint sa signature à celles des représentants des corps consulaires de part et d’autre des Pyrénées, de Perpignan à Biarritz et Bilbao, au bas d’une charte d’amitié et d’action « au cœur de la diplomatie ».
Mgr le Comte de Paris aimait beaucoup les déjeuners que nous organisions en son honneur, avec en apéritif (comme toujours), de belles bouteilles du château de Fargues, nectar exquis de notre ami Alexandre de Lur-Saluces qui a désormais remplacé château Yquem au registre du meilleur sauternes, et où son fils cadet Eudes d’Orléans avait œuvré pendant plusieurs années... Accompagné, évidemment, de notre cru bordelais château Miller La Cerda, également très apprécié de nos augustes invités.
C'était à Béguios, dans cet ancien royaume de Basse-Navarre sur lequel régnait son ancêtre Henri III (devenu Henri IV de France), Mgr le Comte de Paris entouré de nos amis : la Ctesse de Coral, le marquis d'Arcangues, Cte et Ctesse Eric de Caupenne, Cte Charles-Antoine de Coux, le Général et Maritchu Zeisser (et les maîtres de maison). C'était le 16 juillet 2012 afin de commémorer le 8ème centenaire de la bataille de Las Navas de Tolosa remportée par les chrétiens sur les maures musulmans grâce à l'arrivée des renforts navarrais du roi Santxo Azkarra (Sanche VII « le Fort »).
Le 8 décembre 2015, Mgr le Comte de Paris avait tenu à assister, parmi la centaine d’invités dont le prince Sixte-Henri de Bourbon Parme, le duc de Montesquiou d’Artagnan, ancien sénateur du Gers, et beaucoup d’amis venus du Pays Basque et de tout le Sud-Ouest, à ma remise du Prix Renaissance des Arts et à l'hommage qui m'avait été rendu à l'Unesco.
Le Comte de Paris m'avait confié que « dans notre société totalement déstructurée, les pays de montagne comme le Pays Basque avaient gardé des structures ». Et d'ajouter : « Nous sommes dans le drame le plus absolu ; la France est malade de l'Europe et on détruit toutes les valeurs qui en ont fait le renom... Or, cette vieille civilisation nous permettrait de reconstruire ce que le mondialisme va détruire complètement ».
- Comment réagir ?
-« Il faut que des îlots comme le Pays Basque continuent d'exister et demeurent des références, où les valeurs soient conservées : c'est de là qu'il faudra repartir à la reconquête » !
Et de revenir, dans un autre entretien, sur « la préservation par leurs habitants de leurs coutumes et de leurs identités dans nos montagnes difficiles d’accès »… Car, me précisait encore Henri d’Orléans, si « les métropoles semblaient atteintes » en amorçant un tournant qui les menait vers « Sodome et Gomorrhe », dans nos montagnes basques, « les gens peuvent méditer, aller plus loin et se reconnaître ».