En relation avec l’exposition annuelle, le professeur d’histoire et organiste de l’église de Saint-André, Etienne Rousseau-Plotto d’origine franco-russe, s’est consacré à la biographie d’Igor Stravinsky enrichie de récits anecdotiques concernant la vie du compositeur russe à Biarritz.
Sur les conseils de Coco Chanel qui protégeait ses amis russes démunis, Stravinsky s’établit sur la Côte Basque et s’installa en 1921 au cottage de l’Argenté à la Chambre d’Amour à Anglet. Peu après, la famille Stravinsky - Igor Fiodorovitch(1) et son épouse Catherine Gavrilovna Nossenko (2) ainsi que leurs quatre enfants - louèrent avec l’aide de ses admirateurs la villa « Les Rochers », rue de la Frégate à Biarritz.
C’est à cette époque que le compositeur acheva dans ce beau cadre les scènes chorégraphiques musicales " Noces " ainsi que son unique Opéra « Mavra » composée d'après "La petite maison dans la forêt" de Pouchkine, l’Octuor à vents, le Concerto pour piano et vents, et transcrivit les trois mouvements du ballet « Pétrouchka » à la demande d’Arthur Rubinstein.
Entre les bulles de champagne et la vodka qui coulait à flot dans les verres du restaurant-boîte de nuit russe surnommé « le château basque » installé dans la villa Belza par son beau-frère Beliankine, Stravinsky rencontrait ses amis entre deux verres : Chanel, Cocteau, Rubinstein, Auric, Blaise Cendrars, le peintre franco-russe Alexandre Benois, qui batifolaient au rythme des vagues… Et Picasso, dont il avait fait la connaissance peu auparavant, à Rome, par l’intermédiaire de Diaguileff. De sa riche et prolifique amitié naîtront trois célèbres portraits de Stravinsky (l’un en 1917 et deux autres en 1920 (cliquez sur le premier visuel pour voir les deux autres dessins) réalisés par Picasso.
Participait également à ces joyeuses rencontres, la mécène basco-chilienne Eugénie Errazuriz qui avait invité en 1918 dans sa villa « la Mimoseraie » Picasso et sa première épouse Olga Khokhlova : cette grande dame de la société mondaine de Biarritz aimait à dire : « J'ai trois amours : mon peintre, Picasso, mon musicien, Stravinsky, et mon poète, Cendrars ».
Ainsi, en écho à l’exposition actuelle « 1918-2018 à Biarritz » présentée au Bellevue, la lecture du livre « Stravinsky à Biarritz, 1921-1924 » s’impose.
« Stravinsky à Biarritz, 1921-1924 » par Etienne Rousseau-Plotto, éditions Atlantica, 192 pp. 18 €.
(1) En Russie, on utilise toujours le patronyme, prénom du père Fédor
(2) Patronyme, prénom du père Gabriel
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Blaise Cendrars, Pablo Picasso et Igor Stravinsky chez Eugenia Errazuriz :
« La Mimoseraie » au cœur du monde...
« Je me promène sur le pont dans mon complet blanc acheté à Dakar
Aux pieds j'ai mes espadrilles achetées à Villa Garcia
Je tiens à la main mon bonnet basque rapporté de Biarritz »
(…)
« Je suis propre lavé frotté plus que le pont
Heureux comme un roi
Riche comme un milliardaire
Libre comme un homme »
Extrait du poème « Complet blanc » dans « Feuilles de route », recueil Formose,(Poésies Complètes de Blaise Cendrars, Éditions Denoël, 1944).