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Histoire
Et Eugénie créa Biarritz, « Ville Impériale »...

| Anne de Miller-La Cerda 1468 mots

Et Eugénie créa Biarritz, « Ville Impériale »...

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L'impératrice Eugénie à Biarritz par E. Defonds ©
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L'impératrice et sa cour par Alexandre Denis Abel de Pujol ©
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L'Impératrice Eugénie par Winterhalter ©

A l’occasion du centenaire du décès de l’impératrice Eugénie le 11 juillet 1920, la ville de Biarritz rend hommage à celle qui fut à l’origine de la création de la station balnéaire. Une messe sera célébrée à la Chapelle Impériale ce samedi 11 juillet à 18h. Et au Musée Historique, à travers un parcours inédit (1854 à 1868), ponctué de rencontres et d’une galerie de portraits méconnus ou célèbres, les commissaires de l’exposition et collectionneurs Gilles Schmidt Lissarague et Bernadette Schmidt-Burn, spécialistes du Second Empire, mettent en lumière la dernière impératrice des Français.

Issues de la collection du couple Schmidt auxquels s’ajoutent celles du Musée Historique de Biarritz et du Musée d’Arenenberg (Suisse) ainsi que de prêts de particuliers, peintures, lithographies, gravures, bustes, portraits, épées de cérémonie, médailles, objets… et des pièces exceptionnelles telles que le prestigieux canapé du Wagon impérial (1860) ou encore des tissus très rares datant de l’époque du Second Empire, retracent la vie de l’impératrice Eugénie à Biarritz.

 En 1853, à l’âge de 26 ans, la jolie espagnole Eugenia Maria de Montijo de Guzman, comtesse de Teba, épousait Napoléon III à Notre-Dame-de-Paris et qui deviendra impératrice des Français.
Originaire d’Andalousie, elle naquit le 5 mai 1826 à Grenade. Son père Cipriano de Palafox y Portocarrero, comte de Téba, puis de Montijo (1784-1839), franc-maçon et « afrancesado », avait été écarté du pouvoir par le roi Ferdinand VII pour avoir soutenu et servi en tant que colonel Joseph Bonaparte lors de la guerre d’Indépendance (1808-1813) en Espagne. En 1817, il avait épousé la mère d’Eugénie, Maria Manuela Kirkpatrick de Closburn, elle-même fille d’un riche aristocrate négociant libéral écossais à Marbella. Sa sœur Catherine, tante d’Eugénie avait épousé le diplomate bayonnais Matthieu de Lesseps dont le fils Ferdinand sera le constructeur du canal de Suez. Les comtes de Teba eurent trois enfants ;
- Francisco Palafox Portocarrero et Kirkpatrick, mort jeune.
- María Francisca Palafox Portocarrero et Kirkpatrick, l’aînée, surnommée Paca, qui avait hérité d’une grande partie des titres de la famille : elle épousa le 15ème Duc d'Albe.
- María Eugenia Palafox Portocarrero et Kirkpatrick qui épousa Napoléon III sous l’influence de sa mère et de Prosper Mérimée.

Mérimée, historien et inspecteur général des monuments historiques, qui noua amitié avec la famille lors de son séjour en Espagne et se prit d’une réelle affection pour cette jeune adolescente, assez vive pour son âge, qu’il présenta plus tard au prince Louis-Napoléon.

A Biarritz, dans sa jeunesse...

Jeune fille, Eugénie avait failli se noyer à la plage du Port-Vieux lorsqu’elle descendait à l'hôtel des Princes avec sa mère à Biarritz. Villégiature encore peu fréquentée qu'elle avait découverte alors que Saint-Sébastien - où sa mère « camarera mayor »(première dame d'honneur à la Cour) accompagnait d'habitude la reine Isabel d'Espagne - était assiégée par les Carlistes. 
Un an seulement après le mariage impérial, le couple séjourna à Biarritz dans la Villa Gramont de Jules Labat (1819-1914), maire de Bayonne depuis 1852, conseiller général des Basses-Pyrénées et futur député bonapartiste (lié à la famille des comtes de Coral).
C’est dans ce premier écrin qu’avait germé le projet de construire une résidence impériale entourée d’un parc à l’anglaise. Un lieu idyllique qui porterait le nom d’Eugénie !

Dès le 7 août 1854, Hippolyte Durand (1801- 1882), architecte du département des Basses-Pyrénées, édifia  un premier corps de bâtiment pourvu de deux ailes à l’image d’un château à la française du XVIIème, mélangeant briques et pierres.
Entre 1854 et 1855, ce sont 14 terrains au total en bordure de la mer, qui furent acquis afin d’y établir la résidence impériale.
L’année suivante suite à des malformations et ses mésententes avec l'évêque, Durand fut remplacé. Lui succèderont Louis-Auguste-Léodar Couvrechef (1827-1858)  décédé prématurément, Gabriel-Auguste Ancelet (1829-1895) architecte en titre du château en 1864 puis Auguste Lafollye (1828-1891) architecte des châteaux de Biarritz, Pau et Arteaga.

Suite à la naissance du prince impérial en 1856, une seconde tranche de travaux fut envisagée. L’ architecte Ancelet ajouta une aile en rez-de-chaussée formant ainsi un « E » vue de dessus à la mémoire d’Eugénie. Une troisième étape surélèvera le bâtiment. Evoquant également le souvenir de l’impératrice, quatre médaillons en cartouches sur les murs de l’aile droite résument la généalogie d’Eugénie.

Autour de la demeure impériale, la promenade, qui enjambait le ruisseau, fut prolongée, suite à la réalisation des bains, jusqu’à l’extrémité de la plage sous sa forme actuelle. Ainsi fut créée la "plage de l’Impératrice", (rebaptisée "Grande Plage" sous la IIIe République) qui donna naissance à la villégiature de Biarritz.

Un lieu de culte  sur la propriété et plus proche que l’église Saint Martin s’imposa. En gage de futurs succès de l’armée française au Mexique, l’impératrice émit le vœu d’élever une chapelle dédiée à la Sainte Patronne du Mexique.

Eugénie de Montijo, conseillée par Mérimée, avait choisi de faire appel à l’architecte Emile Boeswillwald, disciple de Viollet-le-Duc afin de l’édifier dans le style romano-byzantin aux accents andalous. Comme pour la villa Eugénie, à droite sur la façade principale de la chapelle, fut sculpté le blason des Guzman et Palafox, comtes de Teba y Montijo, à l’origine de la famille d’Eugénie (et en mémoire de Santo Domingo de Guzman). Inaugurée - une dizaine d’années après le Palais -,  cette chapelle privée entourée d’un parc était reliée directement à la Villa Eugénie par un pont en bois au-dessus du cours d’eau qui, plus tard, sera recouvert pour donner naissance à l’avenue de la reine Victoria.

Eugénie et les arts

Imaginative et artiste, Eugénie faisait entrer la nature dans les intérieurs superposant les plantes vertes sur des plateaux de fer forgé en forme pyramidale, qui trônaient au cœur des pièces entourées de fauteuils capitonnés de velours ou de damas et de mobilier d’ébène néo Boule ou estampillés aux marqueteries  de bois de précieux - violette, amarante, incrustations d’émail ou de nacre aux montures de bronze doré, sur lesquels étaient disposés des vases bleu violacé de Sèvres accueillant ainsi les personnalités politiques, l’aristocratie, les artistes, les amis proches ...

A l’image de Marie-Antoinette, l’impératrice Eugénie avait favorisé les arts de son temps et la mode vestimentaire. Si elle n’était pas coiffée à la pouffe (coiffure pyramidale à la mode sous Marie-Antoinette), la belle Eugénie, imitée par toutes  les mondaines, portait le soir des bals, des capelines sur des robes à crinoline ornées de dentelles, diadèmes et tourbillon de perles et diamants. C’est ainsi qu’ à Biarritz, les couturiers et les couturières en vogue vinrent y chercher leurs inspirations, les modes du lendemain.

Dans les salons d’apparat trônaient les célèbres portraits en pied du couple signé de leur peintre préféré Franz-Xaver Winterhalter.
Eugénie avait su déceler certains talents artistiques dont elle favorisera la vocation. Ainsi, celle du portraitiste bayonnais Léon Bonnat par l’achat de ses tableaux dès 1864, contribuera à « lancer » l’artiste.
Artiste elle-même, une miniature représentant une ferme du pays, dessinée au crayon par Eugénie, témoigne de sa vocation artistique.

A la mort le 9 janvier 1873 de Napoléon III réfugié en Angleterre, à Chislehurst, suite à la défaite de Sedan (1870), la villa Eugénie revint au prince impérial en tant que son seul et unique héritier. Eugénie ne disposait que de l’usufruit. Elle n’en devint propriétaire qu’au décès le 1er juin 1879 de son fils, massacré par les zoulous en Afrique du Sud. La dernière souveraine des Français se séparera d’un domaine trop chargé de souvenirs alors qu’elle ne disposait plus d’aucune résidence en France. Bien plus tard, l’impératrice quitta l’Angleterre pour s’installer auprès de ses neveux les ducs d'Albe au palais de Liria à Madrid où elle s’ éteignit à l’âge de 94 ans.

Musée Historique de Biarritz :
Exposition unique et exceptionnelle : Et Eugénie créa Biarritz, Ville Impériale…
Du 11/07/2020 au 11/10/2020 – Ouvert tous les jours, dimanches et jours fériés de 10h à 13h 
et de 14h30 à 18h30. Fermé le mardi.
PLANNING VISITES GUIDEES par l’Historien d’Art et conférencier Jean Loup Ménochet
Tarif : 6 € - 3 € pour les adhérents – Inscriptions  05 59 24 86 28 (30 personnes par groupe maximum - date annulée si moins de 12 personnes)
VISITES GUIDEES DE L’EXPO EUGENIE + EXPO PERMANENTE (durée : 1h30) :
- Jeudi 16 juillet à 11h
- Mercredi 26 août à 11h
- Jeudi 10 septembre à 11h

La Chapelle Impériale :
Ouverte en Juin/Juillet/Août/Septembre : mardi, jeudi et samedi de 14h à 18h, 1er dimanche du mois de 10h à 13h – Horaires autres périodes sur www.tourisme.biarritz.fr
- Tarif : A partir de 16 ans : 3€ TTC par personne
Visite guidée de la Chapelle Impériale et de son jardin à travers les premiers pas d’Eugénie de Montijo à Biarritz en 1834. Du domaine impérial jusqu’aux styles hispano-mauresque et romano-byzantin, cet édifice d’architecture unique dans la région dévoile ses secrets.Toute l'année sauf janvier/février, le 2ème samedi du mois de 11h à 12h - Tarif : à partir de 16 ans : 6€ TTC par personne.

Légendes : 
L'impératrice Eugénie à Biarritz par E. Defonds (domaine de Compiègne) :
L'impératrice et sa cour à Biarritz par Alexandre Denis Abel de Pujol
L'impératrice Eugénie par Winterhalter

Répondre à () :

GORAND | 21/09/2020 12:13

Bonjour, Pourriez-vous, s'il vous plait, me faire savoir si un catalogue de l'exposition est édité et dans l'affirmative, comment je pourrais me le procurer ? Avec mes remerciements anticipés. Bien cordialement. Olivier GORAND

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