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Histoire
Ephémérides : la naissance d’Henri de Navarre, futur Henri IV de France
Ephémérides : la naissance d’Henri de Navarre, futur Henri IV de France
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| Alexandre de La Cerda 970 mots

Ephémérides : la naissance d’Henri de Navarre, futur Henri IV de France

Dans notre beau royaume de Navarre, on se souviendra volontiers du 464ème anniversaire de la naissance de son futur souverain Henri III (qui deviendra Henri IV de France) : le 13 décembre 1553, le prince Henri de Navarre naissait au château de Pau, fils d'Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, et de Jeanne d'Albret. Bien que farouche calviniste, la reine de Navarre, dans les douleurs de l'enfantement, entonnait d'une voix forte le cantique Notre Dame du Bout du Pont (Pont qui donnait l'accès au château de Pau) :

Nouste Daume deu cap deu pount

Ajudatz-me a d'aquesta òra !

Pregatz au Diu deu ceù

Que'm volha vier desliurar lèu.

D'un mainat que'm hàcia lo don

Tot, dincau haut deus monts, l'implòra.

Nouste Daume deu cap deu pount

Ajudatz-me a d'aquesta òra !

(Notre-Dame du bout du pont / Aidez-moi à cette heure ! Priez le Dieu du ciel / Qu'il veuille venir me délivrer bientôt / D'un garçon qu'il me fasse don / Tout, jusqu'en haut des monts, l'implore / Notre-Dame du bout du pont / Aidez-moi à cette heure !).

L’ancien cantique béarnais se rapportait à un oratoire situé au pied du château de Pau - « au bout du pont » - dédié à la secourable « Nouste Dame » qui était invoquée avec constance par les bergers afin de traverser le Gave sans incident, et par les femmes durant leur grossesse.

On pouvait lire aussi cette inscription : « Le pont est périlleux, Et il y a tant des loups-garous, Que le pont ne peut passer nulle âme, Si ne l’aide Notre Dame ».

Si la chapelle a été déplacée au cours des temps, elle garde toujours la statue mariale de Nouste Dama deu cap deu pount (XIIIe siècle) : la Vierge assise, l'Enfant sur son genou gauche, est coiffée d'une couronne en métal et porte un manteau à l'élégant col à « la Médicis ».

La mélodie de l’ancien cantique béarnais sera, plus tard, empruntée pour le chant de tradition des parachutistes : « Saint Michel, patron des paras / Trempe nos cœurs de hardiesse / Conduis nos pas joyeux… ».

Quant au futur Henri III de Navarre – Henri IV de France -, né ainsi au chant d'un cantique de la Sainte Vierge, il sera baptisé et élevé dans la religion catholique jusqu'à l'âge de 9 ans, et ce n'est qu'après la mort de son père, que sa mère lui fait embrasser la Réforme. Une anecdote rapporte même qu'à la bataille de Jarnac, ses compagnons protestants furent stupéfaits de voir que leur chef portait un scapulaire à l'effigie de Notre Dame. Jeanne d’Albret, interrogée sur ce point lors de sa venue au camp militaire protestant, aurait répondu : « C'est par mon ordre que mon fils porte le scapulaire et voici comment il m'a été donné. J'avais eu la douleur de perdre un fils. Le second, tombé malade, paraissait dans un état désespéré, lorsqu'une fille d'honneur catholique, à mon service, passa furtivement un scapulaire au cou du malade : je l'arrachai. Hélas ! Mon enfant mourut le lendemain et, pour la seconde fois, j'eus à pleurer un berceau vide. Dieu eut pitié de ma douleur, et bientôt je reconnus que je ne tarderais pas à devenir mère pour une troisième fois. Au milieu de toutes mes inquiétudes, par une inspiration que je combattis longtemps, mais à laquelle je ne pus me défendre de céder, je plaçai sur moi le scapulaire de ma fille d'honneur, et je ne le quittai plus jusqu'à la naissance de mon enfant ; à ce moment, je l'attachai à son cou et je ne lui laissai plus quitter depuis ».

On disait encore que ce scapulaire avait sauvé au moins une fois la vie du futur Roi, quand attaqué par une patrouille catholique, un soir, il eut ses vêtements déchirés. A la vue du scapulaire, les agresseurs laissèrent en paix leur victime.

D’ailleurs, à propos des guerres de religion qui avaient embrasé en partie Soule et Basse-Navarre depuis que sa mère Jeanne d’Albret avait embrassé ostensiblement la religion réformée en tentant de l’imposer de force à ses sujets, il convient de rappeler que la situation religieuse avait été considérablement« assainie » à la mort de Jeanne d’Albret grâce à l’esprit tolérant de son fils…

Il y eut encore le sinistre épisode des procès de sorcellerie en Labourd « instrumentés » par une lettre d’Henri IV de janvier 1609 nommant le conseiller au Parlement de Bordeaux Pierre de Rostéguy de Lancre à la tête de la commission d’enquête. Période correspondant également à la floraison des Lettres basques : depuis la traduction de la Bible en basque par le pasteur protestant Joannes Leizarraga de Briscous jusqu’aux travaux de Jean de Sponde, homme politique protestant et agent d’Henri III de Navarre dont il suivit l’exemple en se convertissant au catholicisme…

Plus tard, notre souverain s’escrima envers et contre tous à maintenir les derniers éclats du royaume de Navarre en maintenant son administration indépendante de celle de la France sur laquelle il régnait désormais.

Dans un autre domaine, notre souverain navarrais fut un remarquable propagateur de la cuisine et de nos meilleurs crus régionaux : une anecdote célèbre le décrit recevant à Paris le mari de sa nourrice béarnaise. Et le père nourricier, contemplant les poutres où ne pendait aucun jambon, de s'inquiéter paternellement : « Tu n'as donc pas pu "te" tuer le cochon cette année » ? Puis, après avoir, en consolation, tiré de sa musette du lard et des « miques » dont le souverain était friand, il aurait ajouté : « Henri, mon ami, tu dois souffrir de la faim ; je t'enverrai, moi, quelques-uns de ceux-là ». Devenu Roi de France, Henri IV resta gourmand et gourmet à la fois, en gardant le goût des choses du pays natal, les faisant venir tant dans ses camps de soldat qu'à Paris : il a fait de sa table un puissant moyen de promotion des produits régionaux !

Alexandre de La Cerda

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