Thibaut Desormeaux (Benjamin Lavernhe) est un jeune et brillant chef d’orchestre à la carrière internationale. Pour l’heure, en France, il fait répéter un orchestre symphonique. Chaque passage orchestral est travaillé avec soin. Les musiciens sont fascinés par sa direction d’orchestre précise. Mais au fil des répétions Thibaut Desormeaux semble souffrir de quelque mal.
Soudain, il s’écroule de son podium. Hospitalisé, les médecins diagnostiquent une leucémie foudroyante laquelle nécessite une greffe de moelle osseuse. La recherche d’un donneur potentiel se tourne naturellement vers sa famille en particulier sa sœur. Cependant, les test ADN révèlent qu’il n’est ni le fils de ses parents, ni le frère de sa sœur !
Abasourdie, sous le choc, sa mère lui révèle qu’il a été adopté peu de temps après sa naissance. Poursuivant ses investigations il découvre qu’il a un petit frère biologique. Lui aussi a été adopté et vit dans le nord de la France dans la ville natale de sa mère. Pour Thibaut ce frère constitue le meilleur espoir de donneur de moelle osseuse pour la greffe dont il tant besoin. Sans hésiter, il part à la découverte de ce frère inconnu : Jimmy Lecocq (Pierre Lottin). Ce dernier est un modeste employé de cantine scolaire et, par ailleurs, joueur de trombone dans l’harmonie municipale de sa commune.
Cette dernière est en crise avec le départ programmé de son chef d’orchestre pour raison professionnelle : l’usine qui l’emploie met en place un plan social : il va être embauché ailleurs. Déjà les machines-outils sont démontées et transportées en Pologne malgré les protestations, les manifestations, les piliers de grève devant l’usine. Presque tous les musiciens de la fanfare, ouvriers dans cet établissement, sont concernés par la fermeture. L’atmosphère sociale mais aussi musicale est tendue.
C’est dans cette ambiance délétère que le parisien Thibaut débarque et rencontre son frère stupéfait par cette apparition …
En fanfare est le quatrième long métrage d’Emmanuel Courcol (64 ans) acteur de nombreux films, et de pièces de théâtre. Durant une vingtaine d’années, il a joué dans le théâtre subventionné sous la direction de Roger Planchon (1931/2009), Didier Bezace (1946/2020), Robert Hossein (1927/2020), etc. Pour son dernier opus, il est également coscénariste avec Irène Muscari.
Le récit de la rencontre des deux frères que tout sépare socialement culturellement est narré d’une manière à la fois drôle et émouvante : choc de deux mondes qui ne se croisent pas, et en toute logique, n’auraient dû jamais se croiser. En fanfare qui aurait pu être un conte sentencieux, politiquement correct, à la manière des derniers films de l’anglais Ken Loach (2 Palmes d’or à Cannes !), basé sur une stricte lutte des classes devient, sans estomper les problèmes (désertification industrielle du nord de la France), une sorte de Feel-Good movie.
En fanfare est dans la même veine qu’Un Triomphe (2021) le précédent opus du réalisateur sur la réinsertion, par le théâtre, de détenus plus ou moins agités, mais aussi du film anglais de Peter Cattaneo The Full Monty (1997) et les Virtuoses de Mark Herman (1997) par son énergie positive : rien n’est jamais perdu surtout dans la musique ! Jimmy justifie son choix de jouer du trombone dans l’harmonie par cette remarque : « Ici, tu sais, c’est fanfare ou foot ! ».
Emmanuel Courcol annonce dans un interview ses intentions : « Si le film touche comme je l’espère, c’est grâce à l’émotion et à l’humanité des personnages dans lesquels on se retrouve ».
En fanfare serait un film français lambda si outre son ingénieux scénario, il ne bénéficiait pas du jeu, tout en finesse, des acteurs. Il faudrait les citer tous les professionnels comme les occasionnels. Benjamin Lavernhe (Thibaut Desormeaux) le chef, Pierre Lottin (Jimmy Lecocq) le Chti, son énergique compagne, Sarah Suco (Sabrina), Clémence Massart-Weit (Claudine, la mère adoptive), etc. La musique savante ou populaire est leur langue commune, celle qui rassemble.
En fanfare a été projeté au Festival de Cannes 2024 dans la section Cannes Première.