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Cinéma
En attendant la réouverture des cinémas : il était une fois… Sergio Leone / première partie (1)
En attendant la réouverture des cinémas : il était une fois… Sergio Leone / première partie (1)

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En attendant la réouverture des cinémas : il était une fois… Sergio Leone / première partie (1)

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Le père et son fils : Vincenzo Leone (Roberto Roberti) et le jeune Sergio ©
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Ouverture

Florence (Italie) 27 août 1964. Dans un petit cinéma (suivant la légende) d’un faubourg de la cité toscane, un western est programmé : Per un pugno di dollari (Pour une poignée de dollars). Le réalisateur se nomme Bob Robertson, la musique surprenante est d’un certain Dan Savio. L’acteur principal, l’homme sans nom (Il magnifico straniero, titre du scénario non retenu), Clint Eastwood. C’est un western italien fauché de série B. D’ailleurs son exploitation a été réduite au seul cinéma excentré de Florence : les grands circuits nationaux n’en veulent pas. Le cinéma italien est en crise : de 800 millions d’entrées (années 1945/1960) il est tombé à 600 millions d’entrées et la chute s’accélère. Un étrange appareil électroménager qui s’est introduit dans les foyers italiens en est la cause principale : la télévision !

Après l’épuisement du cycle du Péplum, un nouveau cycle de production européenne de western (Espagne, Allemand et Italie) a démarré. Les westerns italiens tournés (en extérieur) dans le sud de l’Espagne sont poussifs, bâclés, de mauvaise qualité artistique a un tel degré que les réalisateurs transalpins adoptent des surnoms américains pour en masquer leurs origines : Bob Robertson se nomme en réalité Sergio Leone, il a 35 ans. Dan Savio est le musicien trompettiste et compositeur Ennio Morricone, il a 36 ans …

Sergio Leone : enfance et apprentissage (1929/1945)

Sergio Leone est né en 1929 à Rome. Il est le fils unique, tardif, (après 14 années de mariage), de Vincenzo Leone (1879/1959) dit Roberto Roberti, pionnier du cinéma italien (premier western italien muet en 1913, La Vampire indienne) et de l’actrice Edwige Valcarenghi (1886/1969) qui ,porte le nom de scène de Bice Waleran. Son père a été ostracisé par le régime fasciste (1922/1943) après son refus de réaliser un long métrage à partir d’un roman écrit par Benito Mussolini avant sa prise de pouvoir. Vincenzo Leone ne pourra réaliser son premier film parlant qu’en 1939. Enfant, Sergio fait ses études médiocres chez les Pères Salésiens. Comme tous les jeunes italiens il vit une adolescence difficile : de 11 ans à 15 ans il subit la guerre dans le dénuement. En 1945, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les films américains, interdits sous le régime fasciste, envahissent les écrans italiens. Il s’émerveille devant les aventures cinématographiques d’Errol Flynn (1909/1959), Gary Cooper (1901/1961), Clark Gable (1901/1960), James Stewart (1908/1997), etc. qu’il visionne dans les « cinéma della periferia » du quartier romain populaire et chaleureux du Trastevere.

A cela, s’ajoute son amour pour les ouvrages des grand auteurs américains, Ernest Hemingway (1889/1961), John dos Passos (1896/1970), John Steinbeck (1902/1968), etc. et sa passion pour les « fumetti » (bandes dessines italiennes), les « burattini » (théâtre de marionnettes). 

En 1945, Sergio a 16 ans. Son père réalise son dernier film et prend son fils comme assistant. C’est à la fois une cérémonie des adieux et un passage de témoin.

En 1947, à 18 ans, Sergio arrête ses études de droit pour entrer définitivement dans l’industrie cinématographique italienne qui redémarre dans une Italie dévastée par les 21 années de régime fasciste de Benito Mussolini et son cortège de guerres : invasions de l’Éthiopie et de l’Albanie, Guerre d’Espagne, Deuxième Guerre Mondiale.

Les Années de formation : assistant-réalisateur (1946/1959)

En 1946, sans être crédité au générique, Sergio Leone entame une carrière d’assistant réalisateur avec le célèbre réalisateur d’opéra filmé, genre alors très en vogue : Carmine Gallone (Rigoletto – 1946, Il Trovare – 1949-, La forza del destino – 1950, La leggenda di Faust – 1950). Dans le chef d’œuvre du néo-réalisme Le Voleur de bicyclette (1948) de Vittorio De Sica, il fait une brève apparition en séminariste. En 1951, dans les studios restaurés de Cinecittà dans la banlieue de Rome, il participe au premier grand Péplum américain tourné en Italie : Quo Vadis de Mervyn LeRoy au budget pharaonique (7 millions $) et au casting prestigieux : Robert Taylor (1911/1969), Deborah Kerr (1921/2007), Peter Ustinov (1921/2004), etc. Ce long métrage (120’) d’une major américaine, la Métro Goldwyn Mayer, enrichit l’industrie cinématographique italienne et inaugure la séquence des Péplums « made in Italia » dans les décors abandonnés par la production américaine. Sergio devenu assistant chevronné, travaille avec le réalisateur italien Mario Bonnard (1889/1965) grand ami de son père dans pas moins de 8 films depuis Il voto (1950) jusqu'aux Les Derniers Jours de Pompéi (1959) ou il termine le tournage car Mario Bonnard est tombé malade.

En plus de ces films italiens, Sergio est un assistant demandé, quoique rarement crédité, au générique de films américains à gros budget : Hélène de Troie (1956) de Robert Wise, Ben-Hur (1959) de William Wyler, et Sodome et Gomorrhe (1962) de Robert Aldrich. Sergio Leone a fait une brève incursion en France à « Hollywood sur Gironde » dans les studios de la Côte d’Argent (Bordeaux) d’Émile Couzinet (1896/1964) comme assistant d’une pochade produite par le maître des lieux à la fois scénariste, réalisateur et distributeur de ses films du « samedi soir » dont le slogan était : « On y rit, on ira ! ». Lors d’un tournage d’un vaudeville, Émile Couzinet exaspéré par la lenteur de la mise en place méticuleuse de son assistant italien éructa : « Roberto (prénom adopté en France par Sergio), vous ne ferez jamais rien dans le cinéma ! ». Grande prophétie …

Au total de 1946 à 1959, Sergio Leone a participé a pas moins de 31 longs métrages avec des réalisateurs de nationalités différentes (25 italiens, 5 américains, 1 français) dont des films a très gros budgets (6 au total).

En 1960, au sommet de la production italienne, il est un professionnel recherché pour son savoir-faire, ses connaissances, son implication dans le 7ème art.

Les Péplums … honnis (1959/1962)

Les Derniers Jours de Pompéi (1959)

En 1959, le réalisateur italien chevronné Mario Bonnard démarre, adossé à son premier assistant Sergio Leone, Les Derniers Jours de Pompéi (Gli ultimigiorni di Pompei – 100’). C’est une coproduction de plusieurs pays Allemagne, Espagne, Italie, et même Monaco ! Le scénario est élaboré, à la mode italienne, par cinq scénaristes dont Sergio Leone et deux futurs réalisateurs Sergio Corbucci (1927/1990) et Duccio Tessari (1926/1994). Chaque acteur parlant dans sa langue le film sera doublé en anglais et en italien. Glaucus (Steve Reeves, bodybuilder, ex-monsieur Univers) revient de son service militaire et découvre son père assassiné : tout accuse les chrétiens. Durant la persécution des chrétiens, en l’an 79 après J.C le Vésuve entre en éruption. Mario Bonnard âgé de 70 ans tombe gravement malade durant le tournage. Sergio Leone, premier assistant, termine le film dans de bonnes conditions. Les Derniers Jours de Pompéi sorti sur les écrans italiens, allemand (fin 1959), et français (début 1960) remporte un grand succès.

Le Colosse de Rhodes (1961)

Sergio Leone à 32 ans accède au statut envié de metteur en scène de cinéma. Une nouvelle proposition lui est offerte : diriger un nouveau Péplum Le Colosse de Rhodes (Il colosso di Rodi– 130’) pour un pool de producteurs italien, français et espagnol avec à nouveau une distribution internationale (Métro Goldwyn Mayer). En 280 avant J.C, Darios (Rory Calhoun) rend visite à son oncle à Rhodes. Cette ville vient d’achever la construction d’une énorme statue d’Apollon censée protéger le port des intrus. Darios s’éprend de la belle Diala (Léa Massari) fille de l’architecte de la statue … C’est sa première véritable œuvre que Sergio a aimé réaliser malgré des problèmes de production (construction – partielle - du Colosse sur le port de Laredo en Cantabrie, Espagne). 

Sodome et Gomorrhe (1962)

En 1962, le réalisateur américain Robert Aldrich (1918/1983) dirige une coproduction franco – italienne Sodome et Gomorrhe (Sodoma e Gomorra – 144’) dans le sud marocain. Le casting est international. Le producteur italien (Titanus Rome) demande à Sergio Leone de participer à la réalisation avec Robert Aldrich afin d’éviter un dérapage financier. Les Hébreux ont traversé le désert sous la conduite de Loth (Stewart Granger) et s’installent sur les rives du Jourdain, aux pieds de la ville de Sodome. La reine Berath (Anouk Aimée) gouverne la ville ainsi que celle de Gomorrhe. Sur le plateau, Sergio Leone ne s’entend pas avec le réalisateur américain qu’il considère comme peu motivé : il finit par démissionner. 

Sergio est sans travail. Il vient de s’unir avec Carla Ranalli, une amie d’enfance.

(suite de cette première partie dans le 2ème article « cinéma » ci-après)

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Sergio Leone et Ennio morricone, copains de collège ©
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zCinéma1 Ennio Morricone et Sergio Leone, 1974 c Monier.jpg
La vocation musicale d'Ennio Morricone grâce à Sergio Leone (1974, ©Monier) ©
zCinéma1 Ennio Morricone et Sergio Leone, 1974 c Monier.jpg

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