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La nature
Détour par la forêt en ce temps de décembre
Détour par la forêt en ce temps de décembre

| François-Xavier Esponde 1353 mots

Détour par la forêt en ce temps de décembre

Faire un tel détour forestier permet en ce temps de décembre de redécouvrir cette immensité vivante qui assure notre survie. En 1846 la création du Fonds forestier national visait à réparer la forêt dévastée par les guerres en France. A cette époque il était considéré comme un devoir national de reboiser. Aujourd'hui ce fonds étant supprimé depuis 25 ans, la surface boisée a augmenté de 30 % en métropole mais sa santé demeure en souffrance. Non par une guerre conventionnelle mais par les effets du dérèglement climatique de manque ou de trop plein d'eau, d'inondations ou de feux, de maladies les effets conjugués contre cet espace sont préoccupants, disent les ingénieurs forestiers. Les forêts jouent de moins en moins "leur rôle  de puits de carbone" sur les effets humains de gaz à effet de serre. Une occasion d'en prendre la mesure et la faire partager avec ceux qui entretiennent cette passion pour elle.

A - Visite des lieux. 

La forêt française a doublé en deux cents ans : 17,5 millions d'hectares, soit un tiers du territoire métropolitain. 

En France deux forêts d'importance occupent les surfaces. Les Landes voisines et un million d'hectares, soit la plus grande forêt artificielle d'Europe. Une propriété privée à 92 % de l'ensemble. 

La forêt d'Orléans et ses 35 000 hectares soit la plus grande forêt domaniale avec 72 % de feuillus, et 28 % de résineux. 

Cette forêt française serait la quatrième en Europe, après la Suède, la Finlande, et l'Espagne. 

Chacun apprécie la participation des forêts au bien-être humain et aux objectifs du développement durable par la production des produits/bois, le bois comme énergie verte, la fixation des sols en zone accidentée, la régulation du climat et l'accès aux produits alimentaires. 

En France, la forêt serait privée à 75 % et donc 25 % de forêts publiques. On dénombrer 3,3 % de propriétaires, dont 2,2 millions disposent de moins d'un hectare.Et dit-on 4 sur 10 des autochtones se rendent en forêt au moins une fois par mois ?

Le défi du temps est d'évidence celui des puits de carbone en baisse. qui sont divisés par trois en 20 ans. Et la mortalité des arbres multipliée par deux en 10 ans. On désigne parmi les essences les plus exposées, l'épicéa commun, le châtaignier et le frêne.

Alors doit-on rappeler la définition du puits de carbone et sa fonction aujourd'hui pour toute vie, de l'habitat de toute biodiversité, à propos de la purification de l'air et de l'eau, concernant l'apport à la santé physique et psychique des habitants, l'origine des médicaments, la beauté des paysages et les agréments de loisirs ?

Alors les agronomes définissent un puits de carbone comme tel. "Lors de la photosynthèse les arbres absorbent du CO 2 qu'ils stockent et qu'ils émettent à nouveau au moment de leur décomposition ou de leur combustion. C'est la différence entre la quantité de carbone relâchée et celle absorbée par les arbres en croissance qui détermine les niveaux des puits de carbone forestiers"!

En comparant l'exploitation des bois actuels, on note des usages très diversifiés. Sur 57 millions de m3 de bois récoltés en 2022, 36 % ont servi de bois d'oeuvre, 18 % pour l'industrie, et 46 % de bois énergie dont 35 % à des fins commerciales et 65 % à titre individuel.

On compte 454 700 emplois concernés par cette filière bois en France.

B - Côté Iraty

Dans nos terres transpyrénéennes, la forêt emprunte les deux versants tel Iraty navarrais ou souletin exposés sud et nord sur deux cotés différents et par leur morphologie et leur végétation. Les marcheurs du dimanche, vtt et autres mobiles en action profitant de l'énergie pédestre et de celle du véhicule tout terrain ont renoncé depuis des décennies à l'âne, la mule ou le cheval de marche en montagne.

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La forêt d'Iraty en Soule & Navarre ©
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Avec ses 17 194 hectares de forêts dont 2 310 en versant souletin français, et 14 884 en Navarre - nichée jusqu'à l'Ebre - où l'on atteint l'Atlantique à 60 km, disent les géographes, dans la pointe la plus profonde de la morphologie des Pyrénées, la nature fait une incartade en empruntant le cours des eaux, plus indocile que celui des morphologies terriennes du lieu. 

On désigne ce relief placé sur le versant méditerranéen et le sommet d'Orhy ou celui d'Okabe argumentent en ce sens.

De par le site, on serait donc à cheval entre la France et l'Espagne dans un tel paysage unique par ce fait. C'est la forêt européenne d'excellence des hêtres, des chênes pédonculés, et des frênes. On ne refuse jamais le plaisir de les contempler. 

On dit que jusqu'aux années 60, le chemin d'accès fut difficile. Voies pédestres peu carrossables, on cite le chantier économique et touristique largement mené par un député de nom reconnu de Garazi pour ouvrir cet horizon forestier aux bergers et pasteurs et pratiquer la coupe du bois, le vendre en Espagne ou ailleurs. Espace pastoral, de chasse et patrimonial, le lieu accueillait de plus en plus de visiteurs. 

On ne retirera jamais à un autochtone fils de ce territoire cette adhésion sentimentale à ces pârurages, leurs produits dérivés et ce culte au fromage local qui ces dernières années dépasse toutes coutumes traditionnelles en ressources commerciales reconnaissables sur les marchés.

Natura 2000 classera le site en zone protégée et financée par les ressources publiques comme en Haute Soule en 2006 ou la zone spéciale de conservation de 2014. Les gens du pays en savent le prix et les avantages !

L'histoire des aînés depuis 1140 rapporte l'existence de Montis Iraty ou celui d'Iraty xuria et d'Iradi gorria navarrais en 1274, mêlé à la couleur présumée d'un sol de fougeraies de saison qui colorie la terre et symboliquement, les eaux.

On dirait désormais Iraty blanc de lait et de fromage qui s'ajouterait à la perspective de l'eau et de la végétation in situ. Faute de vin en ce lieu, on cultive les agréments du bon manger et du bien se nourrir.

C - Du cerf ou d'effet de serre ?

C'est en ces termes succincts qu'Antoine d'Amécourt de Fransylva pose la question actuelle de l'avenir de la forêt. Deux prédations menacent la forêt, l'effet de serre et l'invasion de cerfs, de sangliers et d'espèces sur pied qui dévorent les pousses de végétation. Leur croissance incontrôlée nuit aujourd'hui à la régénération  des forêts.

L'ONF cite : "la surface de forêt domaniale en déséquilibre forêts-ongulés est passé de 39 % à 50 % de 2020 à 2022. Les sangliers, biches, cerfs, chevreuils  pullulent faute de prédateur et dévorent la nature.

Planter des arbres aujourd'hui dans ce décor rendrait impossible leur génération car par leur grand nombre ces animaux consomment en quantité les jeunes pousses d'arbres, compromettant le repeuplement des espèces, et appauvrissant la diversité des essences, notamment celles adaptées pour les nécessités du réchauffement climatique". Selon l'ONF.

Le recours à la chasse semble une réponse naturelle et écologique face à la menace encourue par les professionnels. On sait depuis 1978 que les plans de chasses sylvo-cynégétiques sont en cours pour permettre aux propriétaires des forêts de réguler les risques et entretenir leurs domaines.

Paradoxe du métier "les chasseurs n'ont point l'envie d'accroitre le profil de leurs battues ni réduire les chiffres des gibiers concernés". Sujet qui fâche et le propriétaire de la forêt, et le chasseur et le défenseur des espèces sauvages !

un Plan National d'adaptation au changement climatique a vu le jour qui prévoit en 2025 prochain, un comité technique national chargé de restaurer l'équilibre sylvo-cynégétique.

Français ou Allemands n'adoptent point les mêmes méthodes en matière de chasse des espèces. Une sélection par les chasseurs allemands des mâles pour limiter la reproduction, une sacrée et sainte culture de la chasse française allergique à la battue systématique de l'exercice !

Danger, seul le loup faisant la loi, les opinions se divisent entre elles et la forêt subit les désagréments des hommes et des animaux livrés à leurs facéties incontrôlées.

(*) Pour prolonger cette visite emprunter l'appli PlànetNet, Merlin Bird ID, Clés de forêt, ou Espéride, la forêt de demain pour connaitre les espèces d'arbres, la faune et la flore, en compagnie de l'INRAE, l'ONF, le Cirad, ou l'Inria !

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