La résidence Arditeya de Cambo portait le nom de Dotezakenia à son origine, du nom du Maire de la cité entre 1896 et 1900.Elle fut construite en 1923 par le propriétaire de la villa Cyrano qui s’y établit jusqu’à sa mort en 1933 à 95 ans. Il avait deux filles qui préfèrent vendre la maison à sa mort et s’établir ailleurs dans un espace plus réduit près de l’église saint Laurent.
La maison Dotezania sera achetée par un prénommé Wendel, banquier d’origine allemande dont on connaît peu la raison de sa présence à Cambo les bains mais davantage ses relations privilégiées avec l’occupant allemand pendant la seconde guerre mondiale de 1945. Elles lui furent fatales.
Poursuivi à la Libération, cherchant à fuir en Espagne, il fut intercepté à Hendaye au cours de son évasion et subit la vindicte du temps: confiscation de ses biens personnels à Cambo et l’emprisonnement.
L’histoire mentionne peu de détails sur la suite de son existence.
La maison Dotezania-Wendel sera vendue aux enchères par les Domaines et racheté le 5 septembre 1944 par l’abbé Courtelarre, du moins par l’Association fondée pour l’insertion des anciens tuberculeux en quête de métiers, retrouvant une vie sociale après la maladie et les soins prodigués dans les sanatoria de la ville.
Il faut mentionner la quinzaine de ces unités sanitaires, de santé et de convalescence de la phtisie qui firent la réputation de la ville en ces années d’épidémie et de morts en nombre dans la cité..
Ces métiers sont connus : relieur, cordonnier, radio, aide-comptable ainsi que la couture.
La maison “Petite Thérèse” accueille les jeunes gens à Arditeya, et la villa "Argia” est louée aux jeunes femmes.
On présume la forte implication de l’abbé Courtelarre dans le secteur sanitaire de la cité, relayée par des bénévoles et des professionnels qui concourent à réaliser ses projets.
En 1948, une école d’infirmerie voit le jour, "Argia", qui fermera ses portes en 1971, et les éléments du lieu seront transférés à "Arditeya". De 1953 à 1955 c’est le temps de la construction de Artzaindeia, pavillon d’accueil des prêtres âgés ou en maladie.
L’abbé Courtelarre est toujours sur le pont. On lui prête encore la construction dans le domaine, de la Chapelle aux Icônes en 1960, inaugurée en 1964
Par le travail du peintre Albert Proux, originaire de Saint-Pée-sur-Nivelle, la chapelle s’enrichit d'icônes, ces peintures de la chrétienté orientale qui saisissent le regard dans l'écrin de verdure alentour. Pourtant, nous sommes bien à Cambo, mais dans un environnement lumineux, de visages qui rappellent les chapelles de l’orthodoxie davantage que ces illustrations conventionnelles de nos églises basques, de statuaires et de dévotions aux saints de la tradition romaine.
Dès 1961 le Centre de rééducation originel prend le nom d'"Arditeya", la Bergerie en basque.
Les Statuts de l’association prendront un relief renouvelé dans la terminologie en l’état.
Il s’agira désormais de fédérer “toute création en vue du fonctionnement et de l’entretien des oeuvres pour le soulagement des malades et des vieillards, avec une vocation de caractère social et médical.”
Depuis le 18 novembre 1962, date de l’obtention du premier agrément préfectoral en vue de ce nouveau projet d’envergure, la maison Arditeya prend de l’amplitude, et ajoute les pavillons aux plus anciens existants, entre 1964 et 1970, portant ces noms qui sentent le paysage alentour, Baigura, Ursuya, La Rhune, préférés aux prénoms de saints du royaume d’euskadi, pour un public de pensionnaires provenant de toutes origines, parmi lesquels on retrouve les prêtres retirés.
Pour mémoire, on peut citer la date du décès de l’abbé Courtelarre, le 1 janvier 1994, et son inhumation dans ladite Chapelle aux Icones qu’il fit construire comme un mausolée du souvenir, visitée quotidiennement par des convalescents, des curieux, des passants qui s’émerveillent d’une création si singulière dans le paysage "sanitaire" de la ville.
Plus récemment, le nom du Cardinal Roger Etchegaray, décédé en septembre 2019, et les curés, chanoines, archiprêtres, professeurs, qui vécurent les dernières années de leur vie à la Bergerie-Artzaindeia, de la cité.
La majorité des prêtres du diocèse prirent leur retraite dans la maison de Arditeya à Cambo les bains, où leur nom est conservé. Parmi les habitants du pays, gens de la terre, travailleurs de tous les métiers, dont le séjour du lieu demeure le temps crépusculaire du passage vers l’autre rive !
(à suivre)