Pierre Ghigliazza est l’auteur de l’ouvrage Des basques au front, destins hendayais, sorti en mai dernier (Ed Kilika). Ancien employé de l’Insee, fameux institut spécialisé dans les statistiques, il prend la décision au moment de son départ en retraite de s’installer dans la commune d’Hendaye. Passionné d’histoire, Pierre s’intéresse tout particulièrement à la période 1914-1918. Il étudie le monument aux morts de la ville, relève les noms des basques « tombés pour la France » et rédige un petit fascicule intitulé « l’histoire du Monument aux morts d’Hendaye » qui traite notamment de la façon dont celui-ci a été réalisé. Le questionnement s’élargit, progressivement, et Pierre Ghigliazza en vient à s’interroger sur la façon dont les hendayais ont pris part à la guerre, mais aussi de quelle manière les populations civiles, bien qu’éloignées des zones les plus exposées aux ravages et destructions en tout genre, ont vécu ces quatre années en relation avec l’Espagne toute proche.
Fin 2015, la problématique évolue encore de façon significative avec cette fois une conférence proposée par Pierre sur les artistes – peintres, poètes, écrivains – dans la guerre de 14-18. Les noms de Gionot, Péguy, Fournié ont ainsi été évoqués et sur un plan plus local l’architecte Edmond Durandeau ou le compositeur Maurice Ravel. « Edmond Durandeau justement, a été à l’origine d’un premier projet de monument aux morts. C’est déjà un architecte reconnu avant son départ au front et l’on trouve certaines de ses réalisations portant les dates de 1902, 1903. A son retour Durandeau est évidemment affaibli –il a été gazé-, mais il continue son travail, de façon plus confidentielle. »
Deux régiments sont emblématiques de cette période, le 49ème R.I. de Bayonne et le 18ème R.I. de Pau, dans lesquels la plupart des basques enrôlés se sont retrouvés. Grâce au soutien de quelques familles hendayaises qui disposent encore de sources de l’époque, c’est l’itinéraire de ces deux corps que Pierre Ghigliazza s’est attaché à retracer dans son ouvrage. « On retrouve à travers les lettres le fait que les basques ont été au feu à Verdun, dans la Somme mais aussi sur des zones plus lointaines comme les Balkans explique Pierre Gigliazza. On a par exemple retrouvé un ancêtre de l’ancien maire d’Hendaye, M. Lassalette, qui était aviateur. Cela m’a permis de découvrir que les hommes réquisitionnés n’avaient pas intégré uniquement des régiments d’infanterie. On en trouve dans les airs et sur les mers puisque les noms de marins figurent sur le Monument aux morts. »
Du côté des populations civiles, et ce dès le début de la guerre, les basques s’illustrent en accueillant un nombre important de réfugiés venus du nord de la France et de la Belgique. De multiples bâtiments servent à l’accueil des blessés et des convalescents : Eskualduna, le casino (la ville de Biarritz avait à l’époque refusé que son propre casino soit transformé en maison de convalescence), la maison mauresque, la villa Marie…
On pense parfois, à tort, que le Pays basque est un espace replié sur lui-même, à l’écart des grands courants et bouleversements de ce monde. Il n’en est rien. Le peuple basque fait partie intégrante du monde européen même s’il en est à la marge, ce livre le rappelle de belle manière.
Bixente
Des basques au front, destins hendayais en 1914-1918, ed. Kilika