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Tradition
De Jérusalem à Bethléem, les chrétiens persécutés et chassés de Terre Sainte
De Jérusalem à Bethléem, les chrétiens persécutés et chassés de Terre Sainte

| Alexandre de La Cerda 1123 mots

De Jérusalem à Bethléem, les chrétiens persécutés et chassés de Terre Sainte

Déjà l’année dernière, c’est un magazine israélien qui faisait état d’« une nette augmentation des attaques à caractère religieux de chrétiens à Bethléem par des musulmans palestiniens ». Et le média de citer quelques exemples : « Il y a un peu plus de deux semaines, un musulman a été accusé d’avoir harcelé de jeunes chrétiennes dans l’église orthodoxe des Beit Sahour, près de Bethléem. Peu après, l’église a été attaquée par une foule de Palestiniens qui ont caillassé le bâtiment tandis que les fidèles se terraient à l’intérieur. Plusieurs fidèles ont été blessés pendant l’attaque.
L’ Autorité palestinienne, responsable de la sécurité dans la zone, n’a pas levé le petit doigt.
Plus tard, des hommes armés non identifiés ont tiré à balles sur l’hôtel Bethléem appartenant à des chrétiens : aucune arrestation en lien avec la fusillade n’a été effectuée.
Et encore, un fort groupe d’hommes masqués avait attaqué à coups de bâtons et de barres de fer la ferme des frères chrétiens, Daoud et Daher Nassar, près de Bethléem. Les tribunaux palestiniens ont déployé tous leurs efforts pour confisquer la ferme qui est dans le patrimoine de la famille Nassar depuis l’Empire ottoman ».

La persécution des chrétiens palestiniens ne date pas d’hier affirme le rabbin Pesach Wolicki, directeur du Centre pour la compréhension et la coopération judéo-chrétienne : « Malheureusement, ces attaques d’églises n’ont rien de bien original. Les agressions de chrétiens existent à Bethléem depuis de très, très nombreuses années. Il y a eu des attentats à la bombe. Et les attaques physiques ont été constantes même après que l’Autorité palestinienne a pris le pouvoir ».

Kamal Tarazi, un chrétien qui a fui Gaza, affirme qu’au premier jour de leur prise de pouvoir en 2007, le Hamas, « a mis en place un régime de persécutions des chrétiens, ruinant nos églises et nous forçant à nous convertir à l’islam ». Avant de fuir Gaza, Tarazi a tenté de résister et a appelé les musulmans et les chrétiens à s’unir contre les islamistes du Hamas. Mais son unique résultat, « a été d’être emprisonné plusieurs fois. Savez-vous ce qu’est une prison du Hamas ? C’est de la pure torture ».

La démographie confirme les mauvais traitements infligés aux chrétiens dans les territoires sous contrôle de l’Autorité Palestinienne. En 1947, les chrétiens représentaient 85 % de la population, ce qui faisait de Bethléem un authentique bastion chrétien. En 2016, les chrétiens n’étaient plus que 16% de la population.

Persécutions anti-chrétiennes : les extrémistes juifs s’y mettent également

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Deux colons israéliens tentent d'attaquer l'église de Gethsémané à Jérusalem ©
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Au printemps dernier, c’est la cathédrale Sainte Mère de Dieu de Gethsémani, sous le contrôle conjoint des Églises orthodoxes arménienne et grecque, qui a été attaquée lors du culte dominical par deux juifs radicalisés : le Patriarche orthodoxe de Jérusalem Théophile III et la Confrérie du Saint-Sépulcre ont « condamné cet attentat terroriste et la tentative d'infliger des blessures physiques à Mgr Joachim, qui officiait, et l'attaque contre un des prêtres de l'église ».

Et selon le Patriarcat arménien de Jérusalem, des attaques par des radicaux provoqués contre des églises, des cimetières, des religieux et des bâtiments appartenant à des chrétiens se produisent en Terre Sainte « presque quotidiennement ». Malgré les appels des Églises chrétiennes, cette situation n'a pas provoqué de réponse ni adéquate au niveau local ni au niveau international, indique le communiqué.

Il s’agit en fait d’une des nombreuses attaques commises par des extrémistes juifs contre les lieux de culte chrétiens à Jérusalem : on cite par exemple la tentative de colons juifs d'escalader les murs du monastère arménien de Jérusalem et d'abaisser le drapeau du monastère, en griffonnant des insultes racistes en hébreu sur les murs du patriarcat arménien jurant « Vengeance et mort aux Arabes, Arméniens et chrétiens » et la profanation d'une trentaine de pierres tombales au cimetière protestant historique du mont Sion.

Un touriste juif américain a brisé une statue du Christ au couvent franciscain de la Flagellation, deuxième étape du chemin de croix en vieille ville de Jérusalem. Il a décroché la statue du Christ flagellé, qui s’est brisée sur le sol au niveau des pieds, avant de commencer à lui marteler le visage.

Devant ces « harcèlements », les patriarches et les responsables religieux chrétiens de Jérusalem avaient émis un communiqué conjoint mettant en garde de la même façon contre le danger représenté par des groupes radicaux qui, selon eux, veulent « réduire la présence chrétienne » en Terre Sainte. 
En effet, ces dernières années, les vies de nombreux chrétiens ont été rendues « insupportables » par la présence de « groupes radicaux aux idéologies extrémistes ».
« Il semble que leur objectif est de libérer la Vieille Ville de Jérusalem de la présence des chrétiens, même dans le quartier chrétien ».
Des lieux saints, notamment des églises, ont été profanés et vandalisés et des prêtres, des moines et des fidèles ont été pris pour cible par ces extrémistesUn centre communautaire maronite a également été saccagé à Ma’alot, dans le nord d’Israël, au début de l’année, 

Ces événements surviennent alors que la Terre Sainte connaît un regain de violence inédit depuis la deuxième intifada, qui se solde depuis le 1er janvier, par la mort de près de 40 Palestiniens et sept Israéliens.

Toutes les Églises font bloc face à ces méfaits qui les touchent avec une intensité et une régularité jamais observées auparavant, alors même que les actes anti-chrétiens sont une réalité depuis des années. 

« Ce n’est nullement une coïncidence si la légitimation de la discrimination et de la violence dans l’opinion publique et l’environnement politique israélien actuel se traduit aussi par des actes de haine et de violence contre la communauté chrétienne », a affirmé le custode de Terre Sainte, frère Francesco Patton dans un communiqué condamnant les derniers incidents et appelant le gouvernement israélien à garantir la sécurité des différentes communautés et minorités religieuses.

« Bienvenue dans le nouvel Israël qui hait les chrétiens, encouragé et soutenu par l’actuel gouvernement ! », a écrit sur Twitter le père Nikodemus Schnabel de l’abbaye de la Dormition, située juste en dehors des remparts de Jérusalem.

« Prises une à une, les dernières attaques ont des motivations distinctes, de la bêtise d’adolescents, à la radicalisation des consciences par des maîtres fanatiques, du seul désir de nuire à des non-juifs, à la volonté de préserver la sainteté juive de la terre.
Mais du point de vue de la communauté chrétienne, elles aboutissent aux mêmes effets : des actes anti-chrétiens. Et sa frustration grandit d’autant plus qu’elle n’ignore pas que des actes de même nature perpétrés dans le monde contre la communauté juive soulève – à raison et à chaque fois – des tollés, alors que quand cela les touche, le silence international se fait aussi assourdissant que celui des autorités israéliennes », écrivait Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef de Terre Sainte Magazine (citée par SOS Chrétiens d’Orient).

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Croix brisées au cimetière orthodoxe de Jerusalem ©
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