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Histoire
Congrès de la Fédération des Académies de Gascogne au château de Caumale : Toussaint Louverture et sa famille
Congrès de la Fédération des Académies de Gascogne au château de Caumale : Toussaint Louverture et sa famille

| Jacques de Cauna 664 mots

Congrès de la Fédération des Académies de Gascogne au château de Caumale : Toussaint Louverture et sa famille

Depuis une dizaine d’années, aux alentours de la journée du Patrimoine, le château de Caumale à Escalans est le site du Congrès annuel de la Fédération des Académies de Gascogne où se tient son siège. 

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Les congressistes à Caumale ©
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Aux confins du Marsan et du Gabardan, dans le Bas-Armagnac landais, en plein cœur de la Gascogne historique, l’antique défense avancée de l’Aquitaine anglaise des Plantagenets face aux entreprises pro-françaises des Armagnacs, était devenue à la Renaissance demeure de plaisance des Grenier de Caumale puis des Boyrie de Perquie. 

Le vieux manoir gascon avait atteint son dernier point de résistance aux méfaits du temps avant ruine totale lorsqu’il échut enfin entre les mains de Geneviève et Pierre Fabre qui en entreprirent avec succès le sauvetage en lui redonnant vie d’abord matériellement par la réfection des toitures puis, surtout, en l’habitant, au sens fort du terme, d’un nouvel élan spirituel, intellectuel et culturel. 

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La conférence de Jacques de Cauna à Caumale ©
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Une riche histoire séculaire, d’Arnaud de Marsan à Henri de Navarre, en est le cœur. La mémoire, religieusement entretenue aujourd’hui, en fait l’âme. Caumale est un rare exemple – unique ? – de château gascon créole depuis l’acquisition qu’en fit en 1830 Joseph Bernard Delisle, alias José Delisle, planteur caféier de Saint-Domingue puis de Cuba, natif de La Bastide d’Armagnac.

Il n’en fallait pas davantage pour que le congrès annuel qui s’est tenu le samedi 16 septembre en présence d’une assistance de choix soit consacré à l’événement marquant du 220e anniversaire de la mort du grand précurseur de la liberté des Noirs, Toussaint Louverture, auquel le président de la République a rendu un hommage marqué au fort de Joux, lieu de sa mort. Et pour que le conférencier du jour, le professeur Jacques de Cauna, présente le héros noir créole dans ses multiples rapports, historiques et mémoriels, avec l’Aquitaine où sa famille avait été déportée. Sa femme, ses enfants et ses proches arrivèrent d’abord à Bayonne où on les installa au Château-Vieux, puis à Agen, d’où, après la mort de la mère et du plus jeune de ses fils, l’aîné et le cadet, Placide et Isaac, se séparèrent pour vivre respectivement à Astaffort et à Bordeaux, où Isaac et son épouse et cousine, nièce de Toussaint, vécurent longtemps avant d’être inhumés à la Chartreuse. Les descendants de Placide vécurent ensuite dans le Gers et le Périgord, et existent encore finalement aujourd’hui à Paris et Marseille où ils ont été retrouvés.

En dehors des actions mémorielles déjà entreprises en Nouvelle-Aquitaine et Gascogne depuis des années, et particulièrement en 2023, l’importance de cette dernière manifestation nationale de l’année Toussaint Louverture à Caumale tient à la présentation qui a été faite d’objets mémoriels inédits : les portraits récemment découverts à Bordeaux et Agen d’Isaac et Placide Louverture qui entouraient le conférencier. Ensuite, des documents d’archives du château signés de Toussaint Louverture et de son administration relatifs à la levée du séquestre des biens de Madame Duverger-Delisle à Saint-Domingue. Et enfin un document inédit retrouvé dans une loge maçonnique haïtienne, le tableau de la loge écossaise La Réunion Désirée, véritable catalogue de l’élite du régime louverturien, dans lequel le Frère maçon Joseph Delisle figure aux côtés du général Paul Louverture, frère de Toussaint, et du général Charles Bélair, son neveu et héritier présomptif. On sait par ailleurs que le courrier du successeur du grand maître théurge Martinès de Pasqually, fondateur de l’Ordre des Chevaliers-maçons Elus Coëns de l’Univers, mort à Saint-Domingue où la plus importante loge de Port-au-Prince porte encore son nom, était adressé aux bons soins de Joseph Delisle.

Il fut rappelé enfin, parmi les nombreux événements locaux qui lient Toussaint Louverture et les siens à notre région, que sa famille fut particulièrement bien accueillie à Bayonne où elle avait beaucoup d’amis, au point que les autorités napoléoniennes jugèrent plus prudent de la transférer en résidence surveillée à l’intérieur des terres pour parer à toute éventualité d’évasion et de retour aux Îles par le port ou ceux de l’Espagne voisine. 

Dans le fracas médiatique actuel, il est important que l’on s’en souvienne.

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