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Conférence Saint Vincent de Paul : quand la fraternité ne souffre d’aucun écueil !
Conférence Saint Vincent de Paul : quand la fraternité ne souffre d’aucun écueil !

| Louis-Jean Nicolazo de Barmon 1126 mots

Conférence Saint Vincent de Paul : quand la fraternité ne souffre d’aucun écueil !

Lundi 23 mars, les bénévoles de la conférence Saint Vincent de Paul se sont donné rendez-vous dans leurs locaux hébergés par la maison diocésaine de Bayonne, afin, comme tous les quinze jours, de distribuer des colis en direction des plus démunis. 
En ces temps d’épidémie, certains catholiques téméraires n’hésitent pas à braver le virus quitte à en découdre plus tard avec lui. Il est 11 heures du matin, quand un petit groupe d’une dizaine d’individus se voit rassemblé devant une salle, où déjà un camion de la Banque Alimentaire vient de stopper, afin de décharger les invendus des supermarchés que l’association rachète à moindre coût1, ou perçoit en dons. Les colis sont réceptionnés par les bénévoles, tous équipés de masques et de gants afin pour l’occasion, de suivre attentivement les directives du gouvernement, et de l’instance principale de l’association la Maison Mère, l’Union Saint Vincent de Paul de Paris, qui relaye l’information et donne ses consignes aux comités départementaux.
Les produits frais sont directement rangés dans un congélateur afin de respecter la chaîne du froid, et ne seront sortis et donnés qu’au dernier moment. Les fruits et légumes sont conditionnés dans des sacs et mis à l’extérieur dans une zone ombragée. Le reste, les gâteaux, pâtes, farines, sont distribués dans des cageots en plastiques sur lesquels sont stipulés les noms de famille des récipiendaires, ainsi que le nombre de personnes à charge. En tout, se sont soixante-quinze familles-ce qui équivaut à cent cinquante personnes — qui bénéficient de ce service. 
Les petites mains s’agitent, tout ce met en place harmonieusement, les nouveaux bénévoles sont pris en charge par les plus anciens, là, c’est Caroline, six ans de bénévolat qui semble chez elle, ici un jeune couple prend ses quartiers avec la joie du service au cœur au côté d’une étudiante, plus loin, se sont plusieurs femmes d’une cinquantaine d’années qui défont les cartons sous l’œil bienveillant du père de Mesmay, Curé de son état, qui a ramené quelques paroissiens de Saint André, afin de porter main forte aux philanthropes habitués dans la bonne humeur, et qui ne manque jamais d’un brin d’humour afin de raviver la flamme du salut. 
L'antenne de Bayonne : une équipe dynamique
Toute cette coordination est menée d’une main de maître par Josie Apathie, présidente de l’antenne de Bayonne depuis trois ans, et qui possède à son actif plus de 10 ans d’ancienneté de bénévolats derrière elle, toujours au service des plus pauvres et sans jamais perdre un dynamisme qui lui semble naturel. 
Veuve depuis peu et mère, Josie m’avoue dans un langage concis et liminaire avoir reçu dans sa vie beaucoup de chance, celle-ci d’exprimer : « je me suis engagée auprès des personnes dans le besoin afin de redonner aux autres ce que la vie m’a offert, la vie m’a beaucoup donnée, je dois donner davantage », et de poursuivre : « nous avons des bénévoles réguliers, mais en ces temps de covid-19, nous avons beaucoup de bénévoles spontanés grâce à notre curé. Pour moi, l’épidémie est très anxiogène, c’est vrai, je dois le dire, mais voir ces bénévoles qui se dérangent en plein coronavirus pour aider les autres, c’est grandiose ! J’espère qu’avec l’aide de Dieu, nous allons tous sortir de ce mauvais pas, avec le moins de morts possible».
Il est bientôt 13h30, la pause café est terminée et l’accueil des nécessiteux se prépare, mais avant de servir l’Homme, il nous faut servir Dieu, bien que les deux soient inhérents, il nous faut nous en remettre à La Providence, c’est pourquoi l’Abbé de Mesmay nous invite à le rejoindre afin de nous confier à la Sainte Vierge Marie et au Sacré-Cœur. Devant un Crucifix et quelques images pieuses, nous prions une dizaine de « Je vous salue Marie », et prenons un temps de recueillement avant de nous mettre en formation. 
Les premières âmes timidement s’acheminent vers nous, un parcours a été créé afin d’indiquer aux personnes la marche à suivre, devant l’entrée de ce couloir matérialisé par des grilles, repose un chevalet de conférence sur lequel sont écrites quelques consignes sanitaires à suivre. À l’entrée de ce parcours, un bénévole, directeur d’un établissement scolaire catholique, procède au don de gel hydro-alcoolique afin que chacun s’en enduise les mains. 
Zora, la suppléante, assise à un bureau, recueille le nom de la personne bénéficiaire avec une grande aménité, sans jamais oublier d’adresser à son interlocuteur une phrase qui réconforte. À l’arrière on prépare les cageots remplis de denrées à destination de ceux pour qui ils ont été réalisés, personnes âgées, jeunes loqueteux, femmes enceintes, salariés ou famille précaires… 
Le manège se répète pendant deux ou trois heures, dans une ambiance bon enfant, le soleil égaille cette journée vouée aux autres, tous ces bénévoles, qu’ils soient religieux, célibataire, retraités, actif, pères, mère de famille ou étudiants, sont dans une même disposition de cœur. Nous touchons là à un terme qui semble dans notre société voué au naufrage, celui de la Fraternité, quand celui de la solidarité semble plus exploité, c’est à n’y rien comprendre. Rappelons-nous de la dernière allocution du 16 mars dernier d’Emmanuel Macron, nous exprimant l’état de guerre dans laquelle selon lui, la France se trouvait, n’a-t-il pas à plusieurs reprises employé le mot solidarité et ses déclinaisons, pourquoi ne pas utiliser le mot fraternité, celui-ci inscrit au frontispice de notre république ? Oui, la solidarité n’a pas de vocation éternelle, c’est un vocable creux, une coquille vide qui n’a de consistance qu’à travers une morale laïque. Bien plus grande, bien plus immense et infinie est celle du mot fraternité, car il est le symbole incarné de notre appartenance à une même famille, dont le Père est Celui de tous ! 

Note : la Conférence Saint-Vincent de Paul est née en 1830, à l’initiative du jeune étudiant à la Sorbonne Frédérique Ozanam, qui voulût pour contrer un sentiment antichrétien dans le milieu universitaire de l’époque, faire montre de charité. Nous lui devons cette maxime encore bien vivante pour tous chrétiens qui respecte la parole de Dieu : « Que la charité fasse, ce que la justice seule ne saurait faire ». Se mettant sous la protection de saint Vincent de Paul, primat de la charité par excellence, l’association ne cessera de croître et de répandre face à l’empathie la compassion, face à la solidarité la fraternité, face à l’indifférence l’enthousiasme de la mission. Aujourd’hui, l’association est présente dans 150 pays et regroupe plus de 800 000 bénévoles organisés autour d’une même règle édictée depuis sa création. Rappelons que Frédéric Ozanam fut le créateur d’une discipline universitaire, appelée littérature comparée et dirigea la chaire de littérature étrangère à partir de 1846 à la Sorbonne. Il fut déclaré bienheureux par le Pape saint Jean Paul II le 22 août 1997 à Notre Dame de Paris au cours des JMJ

Légende : Distribution de colis avec la conférence Saint Vincent de Paul  de Bayonne

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aphatie | 17/04/2020 14:56

Merci à votre "journal" d'avoir publié Louis-Jean. Cet article reflète exactement l'esprit qui nous anime et la joie commune que nous ressentons à chaque fois que nous nous retrouvons. Car au-delà des lundis de distribution, nous suivons l'enseignement d'Ozanam auprès de l''abbé François de MESMAY, une fois tous les mois. Nous tenons régulièrement des réunions de groupe ou de bureau afin que cette association, dirigée départementalement par M. Loïc ROUX, ne se perde pas simplement dans le don de nourriture. Nous accompagnons également des bénéficiaires dans diverses démarches administratives et autres. Merci pour ces lignes, pour toutes les photos qu'il a prises pour nous. Josie APHATIE

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