En distinguant Guy Saigne, c'est l'anniversaire du grand peintre et collectionneur mécène Léon Bonnat que le jury du Prix des Trois Couronnes a voulu commémorer avec la parution cette année du deuxième tome de la somme remarquable qui lui a été consacrée par l’historien d’Art.
Débutant ainsi cette remise des prix, Alexandre de La Cerda n'a pas manqué de rappeler que l'auteur avait déjà été récompensé il y a un lustre (5 ans) par l’Académie française pour son ouvrage sur « Léon Bonnat, portraitiste de la IIIème République » publié aux Editions Mare et Martin Arts :
"Entre HEC dont vous avez été diplômé en 1967, et le groupe Havas où vous avez effectué l’essentiel de votre carrière professionnelle, vous vous êtes toujours intéressé à l’histoire de l’art, suivant des cours en auditeur libre à la Sorbonne tout en exerçant ses fonctions en entreprise. Cette disponibilité professionnelle vous a permis de concrétiser un rêve ancien : reprendre des études, universitaires cette fois, orientées vers l’art. obtenant une licence d’histoire de l’art à la Sorbonne, vous poursuivrez le parcours habituel en vous inscrivant en « master 1 » puis en « master 2 », pour travailler déjà sur Léon Bonnat et sur la réception critique de son œuvre. Pourquoi Bonnat ? Vous connaissiez le musée Bonnat et vous découvrez l’importance du peintre dans l’histoire de l’art en France entre 1870 et 1920, et l’absence quasi-totale de reconnaissance de son œuvre, l’absence de toute étude, de tout livre portant sur l’artiste.
Pendant des années, vous avez collecté des milliers de documents avant de soutenir brillamment en 2015 une thèse de Doctorat en Histoire de l’Art sur « Léon Bonnat portraitiste » et vous serez à l’initiative, en 2011, avec Mme Sophie Harent, directeur du musée Bonnat-Helleu et M. Jean-René Etchegaray, alors premier adjoint au maire de Bayonne en charge de la culture et du patrimoine, de la création de la Société des Amis du Musée Bonnat-Helleu.
Dans votre premier ouvrage de 700 pages, vous avez analysé avec rigueur et originalité le contexte politique de la IIIème République (1870 à 1940), entre monarchies constitutionnelles et républiques, dans lequel évoluait l’artiste collectionneur, en y joignant un catalogue raisonné dont chaque notice reproduit l’œuvre, en donne les caractéristiques techniques, présente la biographie du modèle, décrit les conditions de réalisation du portrait et résume enfin sa fortune critique.
Il portait donc principalement sur la période d’apprentissage à Madrid (1850-1853), à Paris dans l’atelier de Léon Cogniet et à l’Ecole des beaux-arts (1854-1857), en Italie (1858-1861), puis sur son début de carrière après son installation à Paris en 1861, il décrit les choix du jeune peintre et ses premiers succès dans la peinture religieuse, - qui appartient au « grand genre » dans lequel Bonnat, comme tout jeune artiste ambitieux, rêve de briller et d’être reconnu - , puis dans les scènes de genre italiennes, enfin dans la peinture orientaliste. La peinture religieuse est par ailleurs l’acte de foi d’un jeune homme profondément croyant.
Quant au second volume qui vient de paraître dans un magnifique coffret cartonné de grand format, il décrit la place importante et reconnue que Bonnat prendra dans la peinture religieuse, puis dans les grandes compositions décoratives commandées par l’Etat et destinées à la décoration des édifices publics avec, par exemple, la décoration de la cour d’assises nord du Palais de justice de Paris comprenant le fameux « Christ » (1874), impressionnant exemple de son choix du réalisme dans la peinture religieuse et décorative.
Le « Christ » et ses autres productions dans le grand genre contribueront à faire de lui le chef de file d’une peinture religieuse réaliste dans une fin de XIXe siècle encore très attachée à la tradition, en particulier dans la représentation divine. Même si le portrait est sa priorité après 1875, Bonnat continue à peindre, de sa propre initiative, des sujets religieux (« La Lutte de Jacob avec l’Ange », « Job », « La Jeunesse de Samson »), et à recevoir des commandes publiques de grandes compositions décoratives - par exemple pour le Panthéon, l’Hôtel de Ville et le Palais de justice de Paris - qu’il réalisera parallèlement à ses portraits. Mais ces œuvres du « grand genre » seront plus rares.
Dans ce second volume, c’est Bonnat adolescent, jeune adulte, avec ses ambitions, son courage, mais aussi ses doutes, ses moments de désespoir, c’est son attachement à sa famille, à son Pays basque natal, à ses amis, son obligation de faire face à une situation familiale et matérielle difficile, et la foi profonde qui le guidera dans ses jeunes années et l’accompagnera toute sa vie, que nous découvrons…, c’est donc Bonnat intime qui se révèle au lecteur.
Vous publiez également de nombreux articles dans diverses revues (Sciences Lettres art de Bayonne ou Bulletin du Musée Basque, et pour toutes ces raisons, nous sommes très heureux de vous remettre ce prix".