Les traces cultuelles, culturelles et festives de l’ours brun, de la préhistoire à nos jours, ont encore laissé leur empreinte dans nos contrées. Lorsque réapparaissait de son sommeil hivernal ce roi du bestiaire et de la mythologie pyrénéenne, la nature semblait se réveiller et nos ancêtres voyaient en lui l'âme de la terre venant donner le signal du retour de la vie. Découvrant une petite tête d'ours sculptée au silex par un artiste préhistorique dans les grottes d'Isturitz, l’archéologue Passemard ne lui trouvait-il pas déjà « une expression presque humoristique » avec son « air à la fois bonasse et féroce d'un mangeur de miel qui ne devait pas dédaigner la viande fraîche » ? Et les montreurs d'ours ou les joyeux drilles qui excellaient à en revêtir la défroque aux réjouissances carnavalesques ne s’inscrivaient-ils pas dans le fil d’une tradition progressivement estompée comme le remarquait J.-D.-J. Sallaberry à propos de la mascarade souletine dans le recueil de la « Tradition Basque » publié en 1897 : « après le Cherrero, on ne voit plus dans nos mascarades ours, agneau ni berger, mais bien une cantinière agile qui, tout en dansant, présente la provende au Zamalzaïn » ? Or, seulement cinquante ans plus tôt, Augustin Chaho décrivait encore dans son « Voyage en Navarre », à la suite du « Cherrero » qui « ouvrait la danse avec son ballet de crin » - et qui a manifestement inspiré Ravel dans les premières notes de son « Concerto en Sol » -, le berger armé d’une grande hache et conduisant ses troupeaux, « derrière lesquels trottait l’ours »… Une tradition parvenue jusqu’à nos jours grâce au festival « Hartzaro » qui programme à Ustaritz des spectacles en rapport avec le réveil de l’ours (en basque, hartza) et à la « Journée de l’ours » inscrite ce samedi au calendrier du carnaval luzien.
Selon Thierry Truffaut, spécialiste de la question, ces allégories et ces symboles procéderaient même d'un vieux fond européen où l'on aurait pratiqué le culte d’un ours progressivement chargé de tous les maux et représentant l'élément sauvage de la fête. Notre anthropologue bayonnais a collecté d’innombrables informations sur les traditions hivernales et carnavalesques en Labourd avant de se fixer en pays auscitain et diriger un service d’animation culturel (son diplôme des Hautes Etudes en anthropologie sociale était consacré aux « Cloches de Zubieta » et son D.E.A. d’anthropologie et d’ethnologie au « Carnaval labourdin »). Auteur de nombreuses publications et conférences sur le sujet, Thierry Truffaut note « la forte présence de l’ours dans l’évangélisation de l’Archevêché d’Auch qui regroupe tous les diocèses de l’ancienne Novempopulanie, dont celui de Bayonne ». C'est précisément le souvenir de toutes ces légendes enfouies au tréfonds de notre âme, composantes authentiques de notre identité, que Thierry Truffaut fait ressurgir au gré de la passion de toute une vie : « je cours tout le Pays Basque afin de voir les fêtes en direct, les étudier, les comprendre »… Et mieux les faire connaître grâce à ses ouvrages sur ce sujet.
Jusqu’au 26 février : exposition Dantza Izpiak, Villa Ducontenia (mercredi au dimanche de 14h30 à 19h et le samedi de 10h à 12h30 et de 14h30 à 19h).
Samedi 11 février : Hartzaren eguna - Journée de l’ours
10h30 : départ du cortège de Ducontenia vers les halles
15h : départ du défilé de Ducontenia vers la rue Gambetta et la place Louis XIV
16h30 : danses place Uria Monzon
Lundi 13 février : 18h30 : Atelier Sorgin (danses et création de chapeau), grillerie du port
Mardi 14 février, soirée AEK, à 18h défilé de mode et vente de vêtements, grillerie du port
Mercredi 15 février : à partir de 14h30 : Journée des enfants, villa Ducontenia (ateliers de confection de masques de carnaval - à partir de 6 ans - en collaboration avec la médiathèque, sur réservations au tél. 05 59 51 61 65. A 20h, projection du film « A la hauteur de nos désirs » de Yannick Gallepie, grillerie du port.
Jeudi 16 février, à partir de 19h, soirée Bingo et repas, par le collectif Moï moï, grillerie du port
Vendredi 17 février à Ciboure : Sorgin Gaua / nuit des sorcières
20h : défilé dans les rues de Ciboure
21h – 21h15 : danses et mutxiko par le groupe Begiraleak, place de Ciboure
22h30 : concert de Polekeleke et Kiki and the Red kiketz sous chapiteau, place de Ciboure
Samedi 18 février
Ihauteri nagusi : grand carnaval : l’Amérique, le Nouveau monde
16h-17h30 : défilé au départ de la place de Ciboure (parcours : traversée pont Charles de Gaulle, avenue de Verdun, rue Gambetta, boulevard Thiers, boulevard Victor-Hugo et place Louis XIV
17h30 : procés de San Pantzar, danses place Louis XIV
19h : Apéritif, grillerie du port
21h : repas sous chapiteau (côté de la Grillerie du port) – 15 € - Animé par le duo Nat eta Watson
Réservation repas au 06 32 53 39 17 – places limitées.