0
Patrimoine
Carnaval à Bayonne : Yves Ugalde en réveille les racines
Carnaval à Bayonne : Yves Ugalde en réveille les racines
© DR

| Yves Ugalde 584 mots

Carnaval à Bayonne : Yves Ugalde en réveille les racines

Parmi les remarquables articles dont Yves Ugalde parsème d’une plume aussi belle que sûre son site sur Facebook, nous reproduisons volontiers celui que l’adjoint à la culture consacre au Carnaval bayonnais qui se déroule en cette fin de semaine, les 17, 18 et 19 février prochains et dont il est une des pierres angulaires, pour ne pas dire le principal organisateur :
« Le Carnaval de Bayonne, la direction de l'événementiel et de l'animation de la Ville y travaille d'arrache-pied pour lui donner un relief perdu au fil des ans. Mais rien ne sera possible sans le relais des Bayonnaises et des Bayonnais qui ne doivent pas se contenter de conduire leurs enfants au procès de San Pançart. Comme si le carnaval était l'affaire des plus petits alors que les historiens, Thierry Truffaut en tête, sont là pour nous rappeler que ce moment de renaissance est tout sauf une bluette pour écoles maternelles.
Que les enfants bondissent dans leurs panoplies de fées ou de Robin des Bois, que Bat Man rempile, je n'y vois aucun inconvénient, bien au contraire, c'est le prix à payer à la mondialisation Disneyenne. Mais, pour autant, j'ai estimé que le temps était venu de réveiller nos racines, vieilles en l'occurrence de 800 ans sur le sujet.
L'ours va donc descendre de nos montagnes, les hommes sauvages courir dans les rues avec, à la main, des bâtons et autres attributs dont la symbolique phallique n'échappera qu'aux prudes et aux distraits. Ca va sentir le poil mouillé, des cornes vont pousser sur les têtes les plus rangées: le temps de l'irrévérence reviendra l'espace d'un samedi en ville.
Nos enfants ont depuis longtemps relevé le gant. Ils seront des centaines, déversés par une noria de 35 bus dans le centre historique de la ville. C'est aux adultes de ne plus jouer les spectateurs distants ou les sages accompagnateurs.
Je me souviens de cet année 2002 où j'avais convaincu une bonne partie du conseil municipal d'alors d'entrer dans la danse. Le maire actuel avait dit banco. Très vite et sans se faire prier. Il incarna un Sherlock Holmes plus vrai que nature. J'étais en mandarin chinois.L'adjoint à la sécurité en garde canadien. Le maire en maire, mais du 19 ème. C'était drôle et tellement rassurant sur la capacité de distance et de dérision dont le pouvoir, même local, a vitalement besoin.
En plongeant dans la mythologie basque et en extirpant l'ours de sa tanière, Bayonne, sans rien effacer de la tradition gasconne de San Pançart, va se montrer à la hauteur de sa longue histoire. Il faut que Bayonne dise aux nouvelles générations Halloweenisées comme aux plus anciennes inhibées par trop de conventions et de simagrées collectives, qu'il est urgent de se rafraîchir la mémoire.
Notre carnaval n'est pas celui des élégances androgynes de Venise, des cariocas torrides de Rio, du carton-pâte de Nice. Il est chahuteur, rural et primitif. Il dit le rut et la montée de sève. Il dit la vie.
Des sauvageons vont nous venir de San Juan, des bêtes étranges de Pampelune, des homme-cloches de chez nous. Ils viendront pour secouer une ville qui a le carnaval lymphatique et besogneux. Le temps est venu de vaincre les complexes dont on se départ si bien à l'orée du mois d'août. C'est une question de réglage et d'ajustement collectif. Je serai déguisé et de mauvais poil samedi. Méconnaissable et si différent... A moins qu'il ne s'agisse d'un pan trop longtemps réprimé de ma personnalité? Le carnaval permet aussi bien des catharsis »...
Yves Ugalde
 

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription