Peu de musiciens de Jazz ont eu la chance de connaitre de longues carrières, celle de Billy Taylor a duré plus d’une soixantaine d’années, aussi bien comme pianiste et compositeur de renom que dans le domaine de l’éducation et des médias grâce à ses fréquentes apparitions dans les programmes de télévision et de radio où il fit connaître le Jazz à des millions de personnes, un véritable ambassadeur du Jazz et un remarquable pédagogue.
Il est né à Greenville, North Carolina, le 24 juillet 1921 dans une famille de la classe moyenne où la musique tenait une place importante et qui s’installe à Washington DC en 1926.
Il est l’élève du professeur Henry GRANT qui enseigna le jeune Duke ELLINGTON une génération plus tôt.
Il fait ses études au Virginia State College où il obtient un diplôme de sociologie en 1942, mais se tourne rapidement vers la musique sous la solide direction de Undine SMITH MOORE, pianiste, compositrice et pédagogue de grand renom.
Il commence sa carrière à New York en 1944 avec le saxophoniste Ben WEBSTER au club Three Deuces, joue avec les violonistes Stuff SMITH et Eddie SOUTH, rencontre le pianiste Art TATUM qui l’influence profondément, et s’intéresse à la musique latino-américaine sous l’influence du percussioniste cubain MACHITO, pionnier du Afro-Cuban Jazz.
En 1945 il enregistre ses premières faces sous son nom pour le label Savoy.
Après s’être produit au Minton’s Playhouse à Harlem, un club fondé en 1938 fréquenté par la jeune génération des futurs boppers, Charlie PARKER, Thelonious MONK, Dizzy GILLESPIE, etc, il fait une tournée en Europe en 1946 dans l’orchestre de Don REDMAN, le premier à se produire sur le vieux continent après le Seconde Guerre Mondiale, et enregistre avec cette formation à Genève et Copenhague,
Il s’établit à Paris pendant plusieurs mois et accompagne le saxophoniste Don BYAS sur plusieurs faces.
De retour à New York, il joue régulièrement au Birdland Jazz Club jusqu’en 1949 avec Charlie PARKER, Dizzy GILLESPIE, Miles DAVIS, Art BLAKEY, Stan GETZ, J. J. JOHNSON, Miles DAVIS, et autres boppers.
Il forme en 1950 son propre trio avec Earl MAY à la contrebasse et Percy BRICE à la batterie (remplacé par Ed THIGPEN en 1957), avec lequel il enregistre une série d’albums qui vont asseoir sa réputation : The Billy Taylor Trio (1953), The Billy Taylor Trio With Candido (1954), The Billy Taylor Trio at Town Hall (1955), A Touch of Taylor (1955).
En 1952 il compose I wish I knew how it would be to be free qui deviendra un hymne des droits civiques repris par de nombreux musiciens.
Il continue d’enregistrer de nombreux disques dans des contextes très variés : Billy Taylor Trio (1957), My Fair Lady Loves Jazz (1957) avec des arrangements de Quincy JONES, Billy Taylor With Four Flutes (1959), The New Billy Taylor Trio (1959), Custom Taylored (1959), Uptown (1960), Warming Up (1960), Interlude (1961), Kwamina (1961), Impromptu (1962), Right Here Right Now (1962), Midnight Piano (1965), Easy Life (1966), I Wish I knew How It Would Be to Be Free (1968), OK Billy (1970), Jazz Live (1977), With Joe Kennedy (1981), etc…
En 1958 il est nommé directeur musical de la NBC pour l’émission The Subject is Jazz, la première consacrée entièrement au Jazz à la télévision.
Parallèlement, il anime des programmes radiophoniques, et organise des concerts publics et gratuits dans des quartiers défavorisés sous le nom de « The New York Jazzmobile » (1964), qui permettra la diffusion du Jazz dans les milieux populaires.
En 1974 il est nommé directeur artistique du John F. Kennedy for the Performing Arts.
En 1975 il soutient une thèse de doctorat : « The History of Developement of Jazz Piano : a New Perspective for Educators ».
Il poursuit inlassablement ses activités de pédagogue sur la National Public Radio en créant des programmes très populaires.
En 1985 il fonde son propre label « Taylor Made » avec lequel il enregistre une nouvelle série de disques : White Nights (1991), You Tempt Me (1992), Solo (1992), Jazzmobile All Stars (1992), Dr T with Gerry Mulligan (1992), The Music Keeps Us Young (1997), etc ...
En 1990 il reçoit une commande pour un quatuor à cordes et Jazz ensemble qui rend hommage à ses aînés, le disque sera publié en 1994 sous le titre Homage.
Récipiendaire de nombreux prix et diplômes, il reçoit en 1992 la prestigieuse US Medal of Arts .
Victime d’un infarctus en 2002, date de son dernier enregistrement, Billy TAYLOR resta malgré sa santé défaillante, actif jusqu’à sa mort huit ans plus tard.
Solidement ancré dans la tradition du Jazz « classique » et du blues, grand connaisseur de la musique et des musiciens swing des années 1930, mais résolument moderne dans le stytle bop qu’il avait parfaitement intégré, auteur de plus de 300 pièces de musique, Billy TAYLOR, par son érudition, son sens du partage et de la communication, ses qualités de pédagogue et de vulgarisateur, a joué un rôle fondamental pour faire connaître ce qu’il considérait à juste titre comme « la musique classique des Etats-Unis d’Amérique » et qu’il a contribué à faire rayonner dans le monde entier.